J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique. Quelle n'a pas été ma surprise de découvrir que ce livre était réédité aux Editions la Déviation, petite maison d'édition située à la Villedieu, minuscule village du plateau des Millevache que je connais bien ! L'auteur avait initialement été publié aux prestigieuses éditions de Minuit en 1993, puis en poche chez Points en 2007. Et puis, pff, il a disparu de la circulation... Il revient en 2023 avec un nouveau roman "
Trous de mémoire" que j'ai bien envie de découvrir.
J'ai été très touchée par cette histoire, celle d'un vieux monsieur arrivé au crépuscule de sa vie, isolé dans sa maison depuis que sa femme est décédée. Il ne reçoit que la visite de ses enfants auxquels il n'est pas spécialement attaché. Cela ne le rend pas particulièrement sympathique. On apprend que la mort de son fils aîné, décédé d'une tumeur au cerveau à l'âge de 5 ans, a bouleversé sa vie, au point qu'il est devenu indifférent à ses autres enfants qui en souffrent encore. le livre revient sur les circonstances de ce drame.
Je suis étonnée que cette fiction ait été écrite par l'auteur qui ne devait avoir qu'une trentaine d'années à l'époque. C'est une histoire très triste, qui m'a mise profondément mal à l'aise, car je n'ai eu que très peu d'empathie pour le personnage. J'ai aimé l'écriture que j'ai trouvée magnifique. C'est elle qui m'a portée jusqu'à la fin du livre.
"Et tandis que les photos de
Charles se flétrissent dans leur cadre, je garde entières les nuances de sa chevelure, le mouvement de ses boucles. de toutes les infirmités que m'impose la vieillesse, avec le constat quotidien de mes échecs et de mes défaites, par un crépuscule où le pourpre décliant se fond dans l'obscurité triomphante, comme dans un long cocktail horizontal où les couleurs se superposent sans se confondre, du rose au bleu, et du bleu au noir, par-dessus les cimes défeuillées des arbres de l'hiver, l'oubli, comme une lente dépression, m'est la plus odieuses des épreuves."