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EAN : 9791096373574
La Déviation (01/09/2023)
3.94/5   17 notes
Résumé :
Le vieillard vit seul, depuis la mort de sa femme, dans une maison où il reçoit seulement son fils et sa fille mariés, lorsqu’ils passent le voir. C’est pour lui l’occasion d’évoquer son lent déclin. Mais derrière les mots, l’unique réalité restée présente est vieille de plus d’un demi-siècle.
Elle porte un nom, Charles, ce petit garçon, ce fils disparu à l’âge de cinq ans, dont le souvenir, déjà réduit à l’état de bribes, s’efface peu à peu, inexorablement, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Charles était depuis bien longtemps dans ma bibliothèque. J'ignore comment il est arrivé là. C'est un livre des Éditions de Minuit au format poche. Au dos, le prix est indiqué en francs : 49 F. Je ne pense pas l'avoir acheté moi-même en librairie. Il n'a pas de tatouage du type bookcrossing ou livre-voyageur. Quelqu'un me l'aurait-il prêté ? Plus vraisemblablement, je l'ai acheté chez un bouquiniste ou bien je l'ai trouvé dans une boîte à livres. Il n'y a aucune trace d'appartenance à un autre lecteur. Je n'en connais pas l'auteur qui d'ailleurs n'a pas de page sur Wikipédia. le site des Éditions de Minuit mentionne trois livres de cet auteur : outre Charles, publié en 1993, on y trouve Lumière cendrée, en 1986 et Les Fugues de Joseph Conti en 1998, tous deux publiés chez d'autres éditeurs. le site indique que Jean-Michel Béquié est né à La Tronche, près de Grenoble (Isère), en 1958. Cette "bio" minimaliste est accompagnée d'une photo de l'auteur qui, visiblement, n'est pas récente. Je m'interroge : l'auteur, qui aurait soixante ans cette année est-il encore en vie ? A-t-il cessé d'écrire ou simplement ne cherche-t-il plus à être édité ? A-t-il ainsi rejoint la confrérie des Bartleby de la littérature (*) ? Il a quasiment le même âge que moi et nous avons ce prénom, Jean-Michel, en commun. Cela crée un lien, aussi ténu soit-il.

Le livre porte en épigraphe une phrase empruntée à la Passion selon Saint-Jean de JS Bach : "Reposez en paix et amenez-moi aussi vers le repos". Cette phrase donne bien la tonalité du roman où la mort est très présente. Disant cela je prends le risque de détourner les lecteurs de ce livre c'est pourquoi je m'empresse d'ajouter que c'est un livre magnifique, comme le sont l'oeuvre de JS Bach citée en exergue ou bien le quatuor de Schubert "La jeune fille et la mort". le narrateur est un vieil homme qui sent la mort approcher. Encore plus vivement qu'il n'a pu le faire durant toute sa vie, il se souvient de son fils Charles qui est mort à l'âge de cinq ans, emporté par une tumeur au cerveau. Lise, la mère de Charles, est morte il y a quelques années et le narrateur n'a plus que des rapports assez distants avec Gabrielle et Frédéric, ses deux autres enfants qui parfois passent le voir. le monde se réduit peu à peu autour de lui et Charles occupe maintenant la plus grande part de ses pensées. Comment faire un livre lumineux avec un thème aussi sombre ? C'est là un des secrets de ce livre que j'ai trouvé admirable.

Qui est donc ce Jean-Michel Béquié qui n'aurait plus publié d'autres romans chez Minuit alors qu'il avait toutes les qualités des auteurs de cette prestigieuse maison ? Je m'interroge.

(*) cf. Bartleby et Compagnie d'Enrique Vila-Matas
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique. Quelle n'a pas été ma surprise de découvrir que ce livre était réédité aux Editions la Déviation, petite maison d'édition située à la Villedieu, minuscule village du plateau des Millevache que je connais bien ! L'auteur avait initialement été publié aux prestigieuses éditions de Minuit en 1993, puis en poche chez Points en 2007. Et puis, pff, il a disparu de la circulation... Il revient en 2023 avec un nouveau roman "Trous de mémoire" que j'ai bien envie de découvrir.

J'ai été très touchée par cette histoire, celle d'un vieux monsieur arrivé au crépuscule de sa vie, isolé dans sa maison depuis que sa femme est décédée. Il ne reçoit que la visite de ses enfants auxquels il n'est pas spécialement attaché. Cela ne le rend pas particulièrement sympathique. On apprend que la mort de son fils aîné, décédé d'une tumeur au cerveau à l'âge de 5 ans, a bouleversé sa vie, au point qu'il est devenu indifférent à ses autres enfants qui en souffrent encore. le livre revient sur les circonstances de ce drame.
Je suis étonnée que cette fiction ait été écrite par l'auteur qui ne devait avoir qu'une trentaine d'années à l'époque. C'est une histoire très triste, qui m'a mise profondément mal à l'aise, car je n'ai eu que très peu d'empathie pour le personnage. J'ai aimé l'écriture que j'ai trouvée magnifique. C'est elle qui m'a portée jusqu'à la fin du livre.

"Et tandis que les photos de Charles se flétrissent dans leur cadre, je garde entières les nuances de sa chevelure, le mouvement de ses boucles. de toutes les infirmités que m'impose la vieillesse, avec le constat quotidien de mes échecs et de mes défaites, par un crépuscule où le pourpre décliant se fond dans l'obscurité triomphante, comme dans un long cocktail horizontal où les couleurs se superposent sans se confondre, du rose au bleu, et du bleu au noir, par-dessus les cimes défeuillées des arbres de l'hiver, l'oubli, comme une lente dépression, m'est la plus odieuses des épreuves."
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Un récit magnifique sur la perte d'un enfant et son deuil impossible.

L'écriture est emplie d'émotions, avec de très beaux passages au style recherché.

Le père du petit garçon, à présent vieillard proche de la mort, ne s'est jamais remis du drame. Ce dernier a malheureusement eu un impact sur ses relations avec ses autres enfants dont il n'a jamais su être proche.

Ce court roman, mêlant souvenirs et regrets, est d'une tristesse infinie où seule la mort sera libératrice d'une vie entière de souffrance.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions La Seviation pour cet ouvrage reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique de septembre.

Cette réédition est la bienvenue pour faire redecouvrir cet auteur à l'écriture intimiste et bouleversante.

"Charles" est le récit d'une blessure jamais cicatrisée que la vieillesse ravive. le temps qui passe ne guérit jamais certaines pertes et pas celle d'un enfant.

C'est un livre empreint de mélancolie et de tristesse où un père va retrouver son fils trop tôt parti.
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Un roman sous le signe du souvenir et du passé. Jean-Michel Bequié évoque, à travers les réminiscences floues d'un vieillard isolé, la mort d'un fils de cinq ans, Charles ; et le malheur ressenti. Roman profondément triste mais écrit dans un style magnifique.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Chaque souvenir qui me ramène à la maladie conserve sa douloureuse acuité. Mais d'autres me restent de ces derniers mois avec Charles qui, tout diminué qu'il fût, m'apportent encore du bonheur. Toutes les semaines qe nous passâmes ensemble chez nous conjuguèrent la souffrance et l'émerveillement. Je me souviens des couleurs, du grain et de la douceur de la peau, des intonations exactes des rires et de la voix. De crainte de voir un jour cela disparaître, j'ai fixé ardemment dans ma mémoire beaucoup de ces moments. Mais la puissance de l'oubli est terrifiante. Comme un torrent il emporte avec lui notre passé vers de rapides qui l'engloutissent et le broient. On n'a guère le temps de sauver que quelques objets, sans faire le tri, de les traîner sur la berge à l'abri. Ce qui est épargné est intact, ou presque, et, si l'image jaunit, elle conserve toute sa netteté. Mais l'ampleur de ce qui a disparu est si énorme qu'il n'est pas possible d'en faire le compte. Au bas de la chute, les eaux bouillonnent et grondent, avant de s'apaiser définitivement. [...] Si l'on retourne les yeux vers la lagune, les ténèbres arrêtent le regard à la surface de l'eau tandis qu'au loin les échos de la chute continuent de marteler notre échec.
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Frédéric parle, me donne des nouvelles de ses enfants – mes petits-enfants – mais cela l'ennuie, il le fait pour meubler le silence, atteindre l'heure à laquelle il a décidé de partir. Je le regarde extraire une cigarette de son paquet. Ses mains sont à l'image de ce qu'il est devenu ; on y trouve la fermeté sans la brutalité. La gentillesse également. Plus que de la fermeté il montre principalement de l'assurance, cette assurance dont il témoigne maintenant pour allumer sa cigarette : le briquet bien au creux de la main, le pouce soulevant le capuchon avant de tourner la molette. Frédéric est de ces hommes, dont je ne fais pas partie, qui correspondent bien à l'image que les enfants se font des adultes. [...] Je sens chez Gabrielle, derrière le mur qu'elle m'oppose, plus d'incertitude, et c'est ce qui me touche encore en elle.
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Ce sont des chevaux dans le désert, des oiseaux dans les sous-bois, les feuilles des fougères dans le vent. Des bruits épars, des voix qui s'élèvent, des fleurs qui se fanent. Les souvenirs s'estompent et les couleurs s'effacent, dans le cadre de bois verni le gris se mêle au rose comme si du cœur même de ce qui fut naissait le tropisme de l'oubli.
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– Tu me trouves dure parce que je ne me prête pas à ton jeu. Ne comprends-tu pas que, si les couleurs se sont ternies, comme tu aimes à le dire, c'est que tes yeux sont fatigués ? Le voile ne recouvre pas les choses mais ton propre regard.

Je n'ai jamais parlé de la couleur des choses et sa phrase me blesse. Ou alors suis-je sénile au point de penser tout haut, de parler en dormant ? Gabrielle trouve toujours précisément la faille et coupe court à toute possibilité de justification.
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Avec l'âge, ma pensée refuse les lignes droites. J'ai de plus en plus de mal à la mener d'un point à un autre. Je la perds au détour d'un mot, je la retrouve parfois plus loin.
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