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Ce livre est celui des illusions perdues et des ambitions refoulées. C'est un roman noir et désespéré qui raconte la vie de Tania victime d'une société détruite par la guerre et par la révolution socialiste. Ces évènements terribles ont écrasés bien des destins prometteurs et des vies qui s'annonçaient belles. Après un exile au japon et un veuvage, elle qui rêvait d'une vie oisive et superficielle auprès d'un homme aisé se retrouve à Paris au milieu d'autres immigrés russes miséreux qui s'accrochent comme ils peuvent pour survivre. Incapable de travailler, constamment dans l'illusion d'une vie meilleure, elle va donner aux hommes ce qu'ils recherchent pour assurer sa subsistance. le temps passant las et au bord de la rupture elle acceptera d'épouser un maitre d'hôtel ancien cavalier dans la garde du tsar en espérant accrocher un peu de l'existence brillante qu'elle espérait plus jeune. Mais pour tous ces déracinés, comte, duc ou militaire, le passé n'est plus qu'un leurre et le présent une réalité bien peu reluisante. Ce mariage entre cet homme laborieux et cette femme immature tournera au drame, l'amour de l'un ne pouvant combler les manques de l'autre. Ce livre écrit en 1937 a été redécouvert dans les années 80 quand Nina Berberova fut enfin reconnue et célébrée comme une des grandes auteures de la littérature Soviétique. Il faudra le lire pour comprendre à qu'elle point l'immigration russe en France fut pour beaucoup un crève-coeur et un renoncement...
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Nina Berberova aborde ici le thème de l'émigration des russes, elle nous parle de la précarité de ces exilés.
Tania notre anti héroïne a quitté son pays et elle est à la quête du bonheur et pour cela elle s'en remet aux autres en particulier aux hommes. Tania fuit de ville en ville à la recherche d'amants et du bonheur. Mais ce bonheur nous apparaît très vite inconsistant et Tania nous devient antipathique, elle est égocentrique et capricieuse, elle nous agace et n'éveille pas notre compassion.
L'écriture de Nina Berberova est tout en finesse sa plume par petites touches nous ballade dans les villes où Tania la putain n'est pas acteur de sa vie mais se laisse balloter, elle se débat dans sa désespérante solitude et vit un quotidien misérable. Il semble n'y avoir aucune issue pour ces émigrés Nina Berberova nous paraît sans compassion pour Tania qui se laisse ballotter et ne prend pas son destin en main.

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Encore un petit texte de Nina Berberova que j'ai eu plaisir à découvrir. C'est une auteure qui m'émerveille par la justesse de ses mots. En quelques pages, elle vous brosse le portrait d'une femme qui n'a pas la force de ses ambitions médiocres et se noie dans la vacuité de sa vie.

L'ambitieuse Tania a tout pour mener une vie heureuse, un mari, des amants, aucun souci du lendemain, mais rien ni personne jamais, ne la satisfait. Alors, elle cherche plus loin, ailleurs, le bonheur. Parce qu'il est bien connu que l'herbe est plus verte chez le voisin. Mais les années avancent, le temps passe et il lui faut bien vivre...

Un texte dur, difficile, sans pitié aucune pour cette femme vaniteuse, envieuse, qui ne pense qu'à elle et se sert des hommes pour assouvir ses besoins, même les plus précaires. Tania n'est pas à proprement parler une putain, elle est plutôt victime de son époque au cours de laquelle une femme pour se sentir « libre » n'avait que pour seule échappatoire le mariage. Aussi prend-elle des amants dès que son mari décède. de plus, la perte de ses repères dus à l'exil ne favorisent pas son adaptation à la réalité quotidienne. Quant au laquais, voilà un terme bien sévère pour désigner le dernier amant de Tania, serveur dans une grande brasserie parisienne et exilé comme elle. On peut se demander quelle mouche a piqué Nina Berberova pour mépriser ainsi ses personnages et les rabaisser. Mais sans doute est-ce une tournure volontaire pour ne pas s'apitoyer sur le sort des Russes ayant dû fuir la révolution...

Un livre court pour découvrir la vie désespérée de Tania, et surtout pour découvrir l'écriture si particulière de Nina Berberova.



Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Cette petite écervelée -Tania- est laide, dans son coeur dans son corps.
Nous la suivons. A chaque étape de sa vie. Et elle ne grandit pas.
L'écriture de Berberova est tranchante, percutante.
La juxtaposition de phrase longues et courtes donne le ton et révèle autant les caractères des protagonistes que le sens des mots.
Je remarque qu'une fois encore (La souveraine), la mère est absente (décédée alors que Tania avait 15 ans).Tania n'aura pas d'enfant. Je ne chercherais pas d'explication ni même d'excuse à son comportement (il doit bien y en avoir en cherchant du côté de son "moi" ou de son "sur-moi" -je n'y connais rien et je dirais peu importe) car cela ne me correspond pas. Et c'est la magie de Berberova, nous laisser libres. Libres de voir la noirceur ici. Elle pose le constat. Et chacun avec sa pensée lira ce roman selon ses ressentis, sa propre histoire et sa sensibilité. Je vous recommande ces 120 pages de pure délectation.
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A Saint-Pétersbourg au début du XXe siècle, la famille de Tania était plutôt aisée. Mais ils durent fuir au Japon après la Révolution Russe. Devenue veuve, Tania émigre pour la France. Las ! la jeune femme découvre que la vie n'est pas rose à Paris. Elle y retrouve de temps en temps deux-trois amies, reste sans le sou, survit de petits ouvrages manuels tout en cherchant des hommes à peine moins pauvres qu'elle, susceptibles de lui assurer le gîte et le couvert - alors qu'elle rêve de beaucoup plus...

Comme ce court roman est sombre ! On pense à Zola pour le désespoir, la misère des petits logements crasseux, les trois sous gagnés en se brûlant les yeux sur des broderies. La plume, l'art de raconter un destin à la fois vide et tragique rappellent Maupassant - deux fois évoqué dans l'ouvrage, d'ailleurs.

Jalousie, convoitise, déchéance, pauvreté, dépression, folie... soixante-dix pages suffisent largement pour imprégner le lecteur de cette ambiance sordide…

Bof, si le reste de l'oeuvre est aussi gris-noir, j'attendrai sans peine pour découvrir d'autres écrits.
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Un petit bijou, ce petit roman. On parcourt toute une vie, celle de Tania et on arrive à la question qu'est-ce qu'une ambition? et qu'est-ce qu'une illusion?
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Je poursuis ma relecture de quelques romans de Nina Berberova.
Celui-ci oscille entre tragique et sordide. Il relate la lente déchéance de Tania, exilée de Russie après la révolution d'Octobre en 1917.

A Saint-Pétersbourg, la jeune Tania a vécu plutôt librement des jours heureux avec Lila sa soeur aînée, sous l'égide d'une vieille gouvernante incapable de maîtriser leur penchant pour l'oisiveté. Mais après la révolution, la famille doit fuir les bolcheviks et part à Nagasaki. Là-bas, Tania réalise qu'elle fait tourner la tête aux hommes et elle s'offre à l'un d'eux pour éviter qu'il ne lui préfère sa soeur. S'ensuivent 9 années de mariage dans un confort relatif au Japon et un nouvel exil pour Paris où Tania et son mari espèrent trouver le bonheur. Mais le mari de Tania ne trouve pas de travail et meurt après avoir sombré dans la folie, la laissant sans le sou. Commence une longue errance pour Tania qui n'a jamais travaillé, n'a même pas l'envie d'essayer. Vivotant au jour le jour, mendiant auprès de ses amies, elle se lance dans la quête d'un homme qui l'entretiendra quelques mois, quelques années, peu importe pourvu qu'elle ait le sentiment d'être aimée. Mais ce qui viendra ensuite ne sera jamais qu'un ersatz de bonheur...

A lire ces lignes d'une tristesse absolue, d'une noirceur accablante, j'ai pensé à Zola bien sûr : la dégradation morale et physique de Tania évoque celle de Gervaise mais sans la sympathie naturelle qui nous porte vers la pauvre blanchisseuse de Zola, car il est impossible d'éprouver la moindre empathie pour l'héroïne de Nina Berberova. Trop orgueilleuse, trop vicieuse par nature, trop incapable... Au mieux, on peut avoir pitié d'elle. La fin de son premier mari rappelle également celle de Coupeau, lui aussi devenu fou avant de mourir à l'hôpital. Il y a beaucoup de similitudes qui pourraient laisser penser que Nina Berberova s'est inspirée de L'Assommoir.
Enfin la dernière liaison de Tania m'a rappelé le couple maudit de Thérèse Raquin, bien que la passion ne soit pas présente dans celui de Tania avec son serveur russe.

L'écrivaine excelle à décrire la misère sordide dans laquelle vivent ses personnages, la petitesse de leurs actes et de leurs espoirs, et surtout le dégoût qui saisit tour à tour Tania et ses amants, qu'elle contamine par son désespoir latent, par sa faim dévorante d'un bonheur inatteignable et sa peur de l'avenir.

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Alors qu'elle a passé sa jeunesse à Saint-Pétersbourg Nina Berberova a quitté la Russie après la Révolution, pour l'Europe puis pour les États-Unis. Elle écrira donc beaucoup sur la vie des émigrés russes et l'exil pour l'avoir vécu.
C'est le cas avec "Le laquais et la putain", court roman qui raconte l'histoire de Tania au portrait antipathique et au destin tragique.
Le texte est construit en deux parties sur le thème de la recherche du bonheur avec dans un premier temps la réussite sociale de Tania (à quel prix !) puis sa déchéance.
La famille de Tania se réfugie au Japon pour fuir la Russie soviétique lorsqu'elle est adolescente. Jeune fille, elle ne va pas supporter que les hommes préfèrent sa soeur aînée. Jalouse, elle va séduire son prétendant en s'offrant à lui. Heureuse d'avoir un bon mari et de l'avoir volé à sa soeur, elle va trouver un certain confort social mais pas le bonheur. C'est à Paris qu'elle va le chercher.
Après plusieurs années de tranquillité ils vont partir vivre pour la capitale Française où Tania va vite se retrouver veuve. Mais elle ne désespère pas de trouver un homme riche pour satisfaire ses envies. La dure réalité va pourtant l'entraîner vers le drame quand elle n'a d'autre choix que de se mettre en ménage avec le serveur du restaurant dans lequel elle pensait pouvoir séduire.
Voilà une façon peu commune de présenter l'exil de russes désabusés.
Même si le texte manque parfois un peu d'étoffe, c'est avec un certain talent que Nina Berberova dresse un portrait sans pitié d'une femme qui ne désir qu'une vie faite de futilités.


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LE LAQUAIS ET LA PUTAIN de NINA BERBEROVA
Elle n'est pas vraiment putain, il n'est pas plus laquais. Elle est surtout paumée, victime d'un déracinement auquel son éducation ne l'a pas préparée. Lui vient de l'armée et sert dans un restaurant. Deux victimes qui vont se trouver, mal assortis. Histoire sordide de bien des exilés russes après la révolution d'octobre. Grande sobriété dans le style de BERBEROVA qui rend le recit encore plus glauque. C'est une nouvelliste magnifique.
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Tania ado russe insouciante fuit la Révolution d'octobre avec son mari (qu'elle a volé à sa soeur vexée que pour une fois celle-ci soit préférée à elle-même) .Elle passe par le Japon et Paris. Veuve, elle peine à d'adapter, vit au milieu d'exilés russes qui vivent dans le passé. Inadaptée au monde réél, oisive, dépressive, déracinée, pessimiste, elle se donne aux hommes pour subsister ("la putain") et plus particulièrement à un serveur Bologvski ("le laquais").
Récit sur l'exil, le mal de vivre, l'inadaptation au monde.
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