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Luba Jurgenson (Traducteur)
EAN : 9782742754786
427 pages
Actes Sud (03/03/2005)
3.47/5   18 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Actes Sud, un endroit ou aller - 11/2002)


Pourtant, l'unique chose que je désire dans la vie, c'est le bonheur. Pas le calme, ni la liberté, mais le bonheur. Et je ne veux pas que ce soit un instant dont je doive m'emparer pour y penser ensuite : je cherche un état de bonheur stable, pérenne. Une plénitude absolue et perpétuelle. Un bonheur totalitaire, pour ainsi dire. Et ma tâche, mon objectif, to... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Mys bour
Traduction : Luba Jurgenson.

... et je l'ai achevé hier au soir. Pour une première lecture d'un auteur que je ne connaissais que de nom, j'ai été favorablement impressionnée. Berberova avait une capacité de réflexion digne des plus grands. J'ai relevé beucoup de passages qui m'ont plu à un point tel que je compte en mettre quelques uns dans le "Dictionnaire ...
Tout commence lors de la guerre civile qui oppose les Russes blancs aux bolcheviques. Ces derniers entrent par force chez la mère de Dacha, qui s'est séparée du père de l'enfant pour vivre pleinement sa passion avec Alexis Boïko. La petite parvient justement à s'enfuir chez Boïko, leur voisin et, quand ils reviennent sur les lieux - entretemps, les troupes blanches ont repris la ville - ils tombent sur le cadavre violé et mutilé de la pauvre femme.
Tiaguine, le père de la fillette, se charge alors d'elle. Mais comme lui-même se bat avec les Blancs, il est obligé de quitter la Russie pour s'installer à Paris avec toute sa famille. A la suite d'un concours de circonstances un peu compliqué à expliquer en détails, il laisse en garde à Boiko Elisabeth, Zaï, la fille qu'il a eue d'une liaison avec Lise Dumontel, une actrice française en tournée à Moscou.
Au début des années vingt, Boïko se rend compte qu'il risque de se faire arrêter - on arrêtait tant de gens, à cette époque, dans la Russie soviétique toute neuve ... - et de laisser l'enfant sans ressources. Il décide donc de l'envoyer à son père, à Paris. Et, après un long voyage, Zaï débarque dans la capitale française où elle retrouve ses deux demi-soeurs, Dacha, que le lecteur connaît déjà et Sonia, la fille que Tiaguine a eue de sa dernière épouse, Lioubov Ivanovna.
L'essentiel du roman rend compte de leur jeunesse à toutes trois, dans cet "entre-deux-guerres" où l'insouciance cède peu à peu le pas à l'angoisse devant la montée des régimes totalitaires. (Le livre se clôt à l'annonce de la signature du pacte germano-soviétique entre Hitler et Staline.)
Dacha, l'aînée, est une rêveuse qui a soif d'harmonie. Elle finira par faire un beau mariage - son second d'ailleurs - et par aller vivre dans l'Algérie coloniale. Elisabeth, la plus artiste, compose des poèmes, se lance dans le théâtre-amateur, puis se prend d'une telle passion pour la lecture qu'elle nous apparaît, plus que ses soeurs, comme un double de l'auteur. Sonia enfin, la plus déconcertante, est une désespérée chronique qui cache son inappétence à l'existence sous des dehors cyniques - elle cherche par exemple à séduire systématiquement les amoureux de ses soeurs ...
Bien que, comme je viens de l'écrire, Zaï paraisse la plus proche de Nina Berberova, les réflexions de Dacha comme le journal de Sonia nous laissent à penser que les soeurs de Zaï constituent d'autres doubles de l'auteur. le phénomène dépasse ici la tradition qui veut que, dans un roman, le romancier existe dans chaque personnage qu'il invente. Mais il est assez difficile d'en rendre compte car l'atmosphère du "Cap des Tempêtes" autant que le style, très intériorisé, de Barberova, sont tout à fait exceptionnels. Si on n'a pas lu le livre, à mon avis, on ne saurait s'en faire une idée vraiment exacte.
"Le Cape des Tempêtes" fait partie des oeuvres que Nina Berberova entendait ne publier qu'après sa mort. le titre lui fut inspiré par le cap de Bonne-Espérance qui, avant que Vasco de Gama ne parvînt à le doubler, en 1497, avait été nommé "cap des Tempêtes" par Bartolomeu Dias, son découvreur. Ce paradoxe apparent, cette ambiguïté pour désigner un seul et même phénomène résume l'attitude des trois soeurs Tiaguine dans leur conception de l'existence. ;o)
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Trois jeunes femmes d'origine russe (soeurs de trois mères différentes), tourmentées par leur passé et celui de leurs proches, ont des difficultés à vivre et ainsi à évoluer dans le monde qui les entoure.
Tous les personnages du livre sont en souffrance.
La belle écriture de Nina Berberova nous emporte dans ces vies chaotiques malgré une empathie minimisée que nous pouvons avoir pour les personnages qui sont néanmoins bien attachants.
A découvrir !
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Publié à l'origine en 1951 sous forme de feuilleton dans la principale revue littéraire de la Russie soviétique, le roman épique de Berberova est une petite soeur de Karamazov.
Trois demi-soeurs, chacune ayant émigré d'Union soviétique en France pour vivre avec leur père Tiagin, un ancien colonel de l'armée russe, décrivent à tour de rôle leur vie à Paris dans les derniers temps avant la Seconde Guerre mondiale. Dasha, qui, petite fille, a vu sa mère brutalement assassinée par les bolcheviks, coupe court à un destin potentiellement mystique en épousant un banquier ennuyeux.
La belle Sonia s'enterre vivante avec cynisme et mépris. Zai, le plus jeune, est le plus optimiste du groupe, hésitant confusément entre les passions pour les petits amis, les membres de la famille, la poésie et le théâtre. Comme expliqué dans l'épigraphe du livre, le titre fait référence au Cap de Bonne-Espérance, découvert en 1486 par Bartholomeus Dias ; Dias l'a appelé le Cap des Tempêtes parce qu'il n'a pas réussi à le contourner. de même, les soeurs ne parviennent jamais à réaliser ni même à articuler pleinement leurs rêves respectifs.
Berberova, elle-même une migrante surtout connue de son vivant pour ses mémoires et ses critiques et reconnue surtout à titre posthume , excelle à basculer entre les voix et les humeurs. La personnalité de chaque femme est savamment distinguée, les odes existentielles à la solitude relevées de doses d'humour pointu.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Magnifique roman, d'une puissance rare qui va bien au-delà du simple récit des immigrés russes arrivant à Paris pour fuir le communisme. Trois soeurs, trois visions du monde, trois tentatives de trouver sa place dans la vie. L'ainée, qui croit au miracle, la donneuse de vie. La seconde, esprit libre, la raison qui s'égare. La troisième, fragile mais créatrice, sans doute le double de l'auteur. Et tout autour une galerie de personnages attachants, parents, amis, relations qui défilent et recréent avec réalisme le milieu des exiles qui entoure ces trois figures de femmes. L'intelligence de Beberova au sommet, son roman le plus humain et le plus attachant aussi.
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Ce roman m'évoque, en outre, l'incommunicabilité des êtres, pourtant si proches physiquement, mais tellement éloignés mentalement. Chacun joue son rôle dans cette famille mais personne  ne se comprend et ne prend soin vraiment d'échanger sincèrement. Les dialogues présentent questions et réponses, qui sont soigneusement pensés, préparés, étudiés, pesés. La spontanéité est très peu présente, chacune des soeurs tient à son petit huis clos d'intimité, qu'elles préservent à tout prix, en prenant soin de ne pas trop en dévoiler. Car finalement, une sorte de méfiance est de mise entre elles.
           Ce qui m'a beaucoup plu, c'est la description de la vie que mène cette famille russe déracinée au sein du Paris de l'entre deux guerres des années 1920 et 1930: on ressent profondément ce sentiment de l'exilé qui, déphasé et arraché à son pays natal, doit s'adapter, se familiariser à un nouveau pays, une nouvelle langue, d'autres moeurs. J'ai aimé lire le récit de cette immersion au sein de la vie française, ce mélange de deux cultures si éloignées l'une de l'autre. D'autre part, il est aussi question de l'identité et du destin russe car Sonia l'inadaptée, la plus russe des trois soeurs, voit son destin prendre brusquement une autre direction: la violence, qui semple révéler le côté sombre du caractère russe, clôt tragiquement le récit comme elle l'a ouvert.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quel bonheur que de savoir que le monde est solide, éternel, que le lustre brille de soir en soir pendant des années, des siècles, des millénaires, et qu’invariablement, une femme est assise dessous, le regard rivé sur le ciel de plus en plus sombre de la ville. Quel bonheur que de savoir que jamais personne ne viendra troubler cette attente. Et heureusement, elle ne saura jamais rien de moi.
A l’angle, au premier étage d’un grand immeuble neuf, des enfants sont rassemblés autour d’une table: deux garçons et deux filles. Ils sont occupés. Ils font leurs devoirs, ou ils jouent, ou bien ils dessinent…C’est difficile à savoir.  Mais ils vivent, ils grandissent. Ils vivront longtemps, éternellement, sans fin. Dans cent ans, ils se pencheront comme aujourd’hui au-dessus de la table en faisant des gestes rapides et une femme leur apportera quatre verres de lait et quatre petits pains…Oh, ce monde solide, inamovible ou je suis tombée! Tu ne me connais pas, j’apprends à ne pas avoir peur de toi. Je viens d’un monde qui s’est effondré, qui s’est fêlé, s’est brisé, me laissant une peur qui ne passera jamais. C’est un secret. Un mystère. Pas un mot à personne.
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Pas de grandes joies, ni de grandes souffrances. J'en suis incapable, se dit-elle. Comme une balance faite uniquement pour peser certains poids précis, et pas d'autres. Une balance. Qui ne doit ni monter ni descendre trop. A l'intérieur de moi, c'est la paix (...) qu'on n'a pas à chercher (...) au bout du monde.
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Sur le quai, debout sous le lampadaire, il agita son chapeau tandis qu'elle fixait le noir de la nuit, écartant le rideau. Elle eut envie d'écrire un poème d'amour. Elle se demanda ce qui serait arrive si elle était descendue avec lui, si elle s'était installée avec lui, quelle aurait été leur vie...Puis les pensées affluèrent en désordre, remuant au rythme du train. Soudain, quelque chose lui transperça le cœur : Paris. Son père. Ses sœurs. La femme de son père. Une ville inconnue. Un pays inconnu. La patrie de sa mère où son nom français se retrouverait chez lui.
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Tant pis s'il ne reste rien après la mort, du moment qu'on a parcouru ce chemin merveilleux, du moment qu'on est sorti de cette vie en étant libre.
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Vidéo de Nina Berberova
Nina BERBEROVA – Documentaire ultime (France 3, 1992) Un documentaire en deux parties, intitulées "Le passeport rouge" et "Allègement du destin", réalisé par Dominique Rabourdin. Présence : Jean-José Marchand et Marie-Armelle Deguy.
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