AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782742701575
68 pages
Actes Sud (25/01/1994)
3.85/5   102 notes
Résumé :
La guerre, en septembre 1939, sépare ces amants. Lui, Einar, part pour Stockholm. Elle reste à Paris, afin de s'occuper d'un vieux savant que les Allemands finiront par arrêter. La paix revenue, elle écrit à Einar, en Suède, des lettres qui reviennent : destinataire inconnu. Jusqu'au jour où, allant là-bas, elle découvre...
Tel est l'irrésistible talent de Berberova : en quelques traits elle vous campe les personnages dans leur vérité, puis vous précipite à l... >Voir plus
Que lire après Le roseau révoltéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 102 notes
5
2 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Un court roman délicat et profond, presqu'une nouvelle, qui m'a permis de découvrir le talent de Nina BERBEROVA et surtout sa musique intérieure.
Toute l'intrigue s'articule autour de sa notion de no man's land, espace privé propre à chacun qu'elle défend envers et contre tout et qui m'a particulièrement plu ( voir la citation ). L'histoire illustre que, même au prix de souffrances, il faut rester maître de son destin, ne laisser personne organiser votre vie à votre place sous peine de devenir prisonnier.
Tel un roseau qui ploie sous les contraintes mais ne rompt pas, elle nous donne à apprécier la fragilité robuste et la liberté contrainte certes mais choisie par son héroïne qui me semble être très proche d'elle-même. En 70 pages, le récit est clair, incisif, mais aussi poétique. de très belles évocations de Stockholm et de Venise !
Commenter  J’apprécie          460
Paru aux éditions Actes Sud en 1988, ce court roman commence par un très beau titre sous forme d'oxymore imagée. « le roseau révolté » de Nina Berberova évoque la souplesse du roseau qui peut être la métaphore de la soumission et la révolte, la réaction. Et puis, il fait écho au roseau pensant de Pascal qui considère que l'être humain est un être vivant dont toute la dignité consiste en la pensée.
Ce livre m'a surprise de façon très agréable.
D'abord, il est très bien écrit avec de longues et belles phrases. Les propos sont profonds sans jamais verser dans la sensiblerie.
Ensuite parce que l'histoire qui peut sembler banale m'a passionnée en créant un suspense inattendu. La narratrice est une femme russe exilée à Paris. Elle est très amoureuse d'un suédois, Einar, mais en 1939, ils vont être séparés. Einar va retourner à Stokholm avant que la seconde guerre mondiale éclate. Elle va rester à Paris travailler chez un scientifique et vivra les épreuves de la guerre auprès de lui, jusqu'à sa mort. le temps va passer et son amour restera intact. Il sera peut-être idéalisé parce qu'elle reste sans nouvelle d'Einar.
A la mort de son protecteur, elle va être invitée par un éditeur suédois à Stokholm et va saisir l'occasion de retrouver l'amour perdu après sept ans de séparation. Elle va rapidement comprendre pourquoi il n'a jamais répondu à ses lettres et le sens de leur destin va se révéler.
Elle choisira de ne pas se soumettre à son amour pour Einar mais au contraire de se libérer d'une dépendance amoureuse. C'est la révolte intérieure d'une femme abandonnée qui n'est pas prête à payer n'importe quel prix pour reconquérir l'être aimé.

Nina Berberova explique le choix de son héroïne par le besoin de préserver son espace de liberté et de mystère, de silence et de solitude, cet espace inhérent à la condition humaine qu'elle appelle no man's land. La notion de no man's land est associée à l'image du roseau pensant de Pascal mais c'est à Fédor Tioutchev, poète russe du 19ème siècle, que Nina Berberova se réfère : dans son poème il y a une mélodie dans les vagues de la mer, le roseau pensant « murmure sa révolte ».


Commenter  J’apprécie          110
La douce musique de Nina Berberova, qui sait raconter l'amour et la séparation, le manque d'amour à travers l'histoire de deux amants que la guerre sépare et qui se retrouveront plus tard.
C'est beau , c'est sensible et bien écrit. le roman est court, on peut en travailler le biographique et les descriptions de Paris occupé. C'est aussi une histoire féminine, une belle leçon de vie. A découvrir.
Commenter  J’apprécie          140
J'adore ce titre. (A plus d'un titre.)
Le contenu est lui léché, une écriture sans âge qu'on pourrait dater de 1850 comme de 1988 (date officielle). A ce titre, on peut féliciter la traductrice, Luba Jurgenson.
Je n'arrive pas à savoir si ce "contenu" est parfaitement fini et (donc) non imaginable dans notre monde actuel ou si cela peut inspirer encore l'une ou l'autre des plus récentes circonvolutions féministes. Aucune idée.
Je n'ai aucune idée, cela dit. Et ce n'est pas ou plus à moi d'en avoir.
Bref, pour moi ce livre est une petite sucrerie, heureusement pas mièvre, mais qui a eu le don de me toucher (intimement) pendant quelques phrases, pendant quelque temps.
Je pensais que j'allais (à moitié sans le vouloir) parsemer ma critique du mot "titre". Finalement, non.

Oh. Tiens : Comment peut-on appeler un livre dont le titre est si exceptionnel qu'il en devient sa meilleure partie ?
Commenter  J’apprécie          70
Roman sombre d'un amour si proche et pourtant inatteignable ou roman plus optimiste qui s'ouvre sur un avenir de liberté où on ne négocie pas une part de son petit périmètre d'espace intime individuel contre un échantillon de bonheur ou de plaisir. Des portraits parfaitement tracés, une histoire forte écrite sur quelques dizaines de pages. Une femme dévouée et amoureuse qui d'un sursaut salvateur refuse l'enfermement quel qu'en soit le confort.
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Depuis ma prime jeunesse, je pensais que chacun, en ce monde, a son no mans land, où il est son propre maître. Il y a l'existence apparente, et puis l'autre, inconnue de tous, qui nous appartient sans réserve. Cela ne veut pas dire que l'une est morale et l'autre pas, ou l'une permise, l'autre interdite. Simplement chaque homme, de temps à autre, échappe à tout contrôle, vit dans la liberté et le mystère, seul ou avec quelqu'un, une heure par jour, ou un soir par semaine, ou un jour par mois. [...]
De telles heures ajoutent quelque chose à son existence visible. À moins qu'elles n'aient leur signification propre. Elles peuvent être joie, nécessité ou habitude, en tout cas elles servent à garder une ligne générale. Qui n'a pas usé de ce droit, ou en a été privé par les circonstances, découvrira un jour avec surprise qu'il ne s'est jamais rencontré avec lui-même.
Commenter  J’apprécie          240
Quand le vaporetto descendit le Grand Canal, et qu'à gauche et à droite s'offrit à mon regard la dentelle en pierre des palais, noircie par le temps, je me sentis projetée dans une autre dimension où tout était léger, dentelé, aérien, où l'on ne pouvait, ni d'ailleurs ne voulait plus appliquer à la vie et à soi-même les mesures habituelles, où rien n'était comme avant, l'impossible devenait possible,la lourdeur s'allégeait, le désespoir n'était plus qu'un mélange de tristesse et de joie
Commenter  J’apprécie          70
Quand le vaporetto descendit le Grand Canal, et qu'à gauche et à droite s'offrit à mon regard la dentelle en pierre des palais, noircie par le temps, je me sentis projetée dans une autre dimension où tout était léger, dentelé, aérien, où l'on ne pouvait, ni d'ailleurs ne voulait plus appliquer à la vie et à soi-même les mesures habituelles, où rien n'était comme avant, l'impossible devenait possible,la lourdeur s'allégeait, le désespoir n'était plus qu'un mélange de tristesse et de joie
Commenter  J’apprécie          50
Maintenant, quand une porte s’ouvre ou qu’une fenêtre se relève, les larmes de gratitude ne m’étouffent plus, non ! Je ne profite pas de toutes les occasions, je ne m’incline pas devant toutes les permissions. Après ce que j’ai vu, je n’ai pas envie d’être, en quoi que ce soit, l’animal que l’on met au pas, que l’on dresse, que l’on envoie quelque part, que l’on gave ou que l’on fait mourir de faim, que l’on punit ou que l’on congratule pour avoir bien obéi à la baguette.
Commenter  J’apprécie          50
Je me souvenais du temps où je regardais Paris avec distance, parfois même avec détachement. Que d'Histoire dans cette ville! me disais-je. Ou: Que de beauté! Ou même: Tant de nature, de ciel, d'oiseaux, de fleurs. Ou encore: Que de monuments et de livres, de tombeaux et de plaques commémoratives. Maintenant je regardais défiler les arbres du quai, me disant cette fois : Combien de souffrances il y eut et combien y en aura-t-il encore, de souffrance russe en particulier, et la mienne!
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Nina Berberova (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nina Berberova
Nina BERBEROVA – Documentaire ultime (France 3, 1992) Un documentaire en deux parties, intitulées "Le passeport rouge" et "Allègement du destin", réalisé par Dominique Rabourdin. Présence : Jean-José Marchand et Marie-Armelle Deguy.
Dans la catégorie : Littérature russeVoir plus
>Littérature des autres langues>Littératures indo-européennes>Littérature russe (472)
autres livres classés : littérature russeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (255) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}