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Critique de Marti94


Paru aux éditions Actes Sud en 1988, ce court roman commence par un très beau titre sous forme d'oxymore imagée. « le roseau révolté » de Nina Berberova évoque la souplesse du roseau qui peut être la métaphore de la soumission et la révolte, la réaction. Et puis, il fait écho au roseau pensant de Pascal qui considère que l'être humain est un être vivant dont toute la dignité consiste en la pensée.
Ce livre m'a surprise de façon très agréable.
D'abord, il est très bien écrit avec de longues et belles phrases. Les propos sont profonds sans jamais verser dans la sensiblerie.
Ensuite parce que l'histoire qui peut sembler banale m'a passionnée en créant un suspense inattendu. La narratrice est une femme russe exilée à Paris. Elle est très amoureuse d'un suédois, Einar, mais en 1939, ils vont être séparés. Einar va retourner à Stokholm avant que la seconde guerre mondiale éclate. Elle va rester à Paris travailler chez un scientifique et vivra les épreuves de la guerre auprès de lui, jusqu'à sa mort. le temps va passer et son amour restera intact. Il sera peut-être idéalisé parce qu'elle reste sans nouvelle d'Einar.
A la mort de son protecteur, elle va être invitée par un éditeur suédois à Stokholm et va saisir l'occasion de retrouver l'amour perdu après sept ans de séparation. Elle va rapidement comprendre pourquoi il n'a jamais répondu à ses lettres et le sens de leur destin va se révéler.
Elle choisira de ne pas se soumettre à son amour pour Einar mais au contraire de se libérer d'une dépendance amoureuse. C'est la révolte intérieure d'une femme abandonnée qui n'est pas prête à payer n'importe quel prix pour reconquérir l'être aimé.

Nina Berberova explique le choix de son héroïne par le besoin de préserver son espace de liberté et de mystère, de silence et de solitude, cet espace inhérent à la condition humaine qu'elle appelle no man's land. La notion de no man's land est associée à l'image du roseau pensant de Pascal mais c'est à Fédor Tioutchev, poète russe du 19ème siècle, que Nina Berberova se réfère : dans son poème il y a une mélodie dans les vagues de la mer, le roseau pensant « murmure sa révolte ».


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