Croit-on à la force de l’esprit ? Les chrétiens y croient-ils ? Quelle question troublante, particulièrement inquiétante en nos jours où règne le culte de la force ! Il faut dire la vérité : l’écrasante majorité des hommes, et parmi eux les chrétiens, sont des matérialistes. Non pas matérialistes dans leur doctrine, mais dans leur vie. Ils ne croient qu’à la force matérielle, militaire, économique, celle des armes et celle de l’argent. Ceux qui croient trop en une force spirituelle font figure de sots. On se rit d’eux.
Les immenses progrès de la science, qui ont abouti à des découvertes vertigineuses, ne sont plus seulement considérés comme un heureux accroissement de la puissance de l’homme, mais aussi comme un danger qui le mène à sa perte. Il en est ainsi des expériences sur la décomposition de l’atome, de la découverte de la bombe atomique et des possibilités d’inventions plus mortelles encore. Ce ne sont plus seulement les âmes [6] humaines qui se désagrègent, mais le cosmos lui-même, où l’homme a pénétré plus profondément que naguère. La civilisation à son faîte est parvenue à la barbarie ; l’homme sauvage reparaît.
Afin de saisir et de juger à sa juste valeur ce qui se passe, il faut approfondir les destinées historiques, et non les juger du point de vue des principes abstraits. Dans les destinées historiques agissent des principes irrationnels qui, en soi, ne constituent pas le mal, mais peuvent pourtant l’engendrer. Il est impossible de lutter contre ce mal au moyen des seuls principes rationnels, car ils ont perdu toute force.
On ne peut lutter que par la foi qui, elle, est supra-rationnelle.
La dignité de l'homme présuppose l'existence de Dieu. C'est l'essence même de toute dialectique vitale de l'humanisme. L'homme n'est une personne que s'il est un libre esprit reflétant l'Être suprême.
« Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père », déclare le Christ dans l'évangile de Jean. Si les différentes Églises chrétiennes ont fondé des traditions dissemblables, leur dessein est cependant de s'unir en Dieu.
Retraçant l'aventure oecuménique à travers ses grandes figures, dates et étapes, Antoine Arjakovsky montre comment, par-delà la réunion des baptisés, elle permet d'envisager et d'appréhender la nécessaire convergence entre les croyants du monde entier. Prenant appui sur Nicolas Berdiaev, John Milbank, mais aussi Emmanuel Levinas ou Abdennour Bidar, reprenant l'esprit de rapprochement entre les Églises chrétiennes initié en Europe au XXe siècle et de la rencontre interconfessionnelle d'Assise en 1986, il dessine une voie de conciliation entre chrétiens, juifs, musulmans mais aussi hindouistes et bouddhistes, afin de dégager une conception de l'oecuménisme plus juste, plus vraie, plus paisible et plus respectueuse de l'environnement à l'échelle planétaire. Il y parvient en proposant une science nouvelle fondée sur une métaphysique résolument oecuménique.
Une profession de foi en l'espérance.
Fondateur en 2004 à Lviv, en Ukraine, du premier Institut d'études oecuméniques en ex-URSS, directeur de recherche au Collège des Bernardins, enseignant de science oecuménique à l'Institut chrétiens d'Orient et président de l'Association des philosophes chrétiens, Antoine Arjakovsky est l'auteur, entre autres, de Qu'est-ce que l'orthodoxie ?
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