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Critique de Kirzy


Kirzy
07 décembre 2019
Difficile de ne pas être emporté par l'écriture fougueuse de Claire Berest comme un hommage vibrant à la flamboyante personnalité de Frida Kahlo qui rend parfaitement compte de son exceptionnelle personnalité. Sa plume est souvent brillante, toujours colorée, sensuelle, une belle sensibilité à fleur de mots. le lecteur est comme plongé dans le tourbillon Frida, une « bombe avec un ruban » comme la décrivait André Breton, au coeur même de l'oeil du cyclone, sa passion dévorante pour Diego Rivera, l'autre grand peintre mexicain. Frida peint son journal intime pour soulager ses souffrances, physique depuis son terrible accident de tramway, et amoureuses tant sa relation avec Diego est tumultueuse. Des souffrances à vie dans les deux cas.

Reste que je ressors très mitigée de cette lecture qui a pourtant conquis le plus grand nombre. Peut-être que j'aime trop Frida, que sa peinture me fait vibrer depuis toujours, que j'ai trop lu d'elle et sur elle. Peut-être aussi que l'angle choisi par Claire Berest n'était pas celui qui me convenait. Dans ce roman, j'ai surtout vu une femme en proie à la passion, avant d'y trouver la peintre majeure qu'elle fut, la femme engagée dans l'émancipation des femmes, la militante communiste ( pour laquelle sa conviction politique ne se confinait pas à coucher avec Trotski ). Je me suis lassée des litanies des tromperies de Diego et des soirées dépravées. Le récit tourne en rond sur le dernier quart.

Après réflexion, je me dis que ce roman impressionniste et expressionniste, qui nomme joliment chaque partie par une couleur et chaque chapitre par une nuance ) complète bien la monumentale biographie écrite par Hayden Herrera, une mine pour comprendre de A à Z Frida. Et si peu de tableaux sont évoqués, il donne une envie furieuse de découvrir l'oeuvre incomparable de Frida.

Moi, j'ai eu surtout envie de relire les fabuleuses lettres écrites par Frida Kahlo, parues chez Christian Bourgois puis Point. Claire Berest s'est en visiblement largement inspirée ( beaucoup trop d'ailleurs, par moment, ça m'a semblé frôler le plagiat ... ). Elles sont d'une beauté folle, tour à tour poétiques, audacieuses, déchirantes, authentiquement Frida.

« Diego,
Rien ne ressemble à tes mains, rien ne ressemble non plus à l'or vert de tes yeux. Tu remplis mon corps, jour après jour. Tu es le miroir de la nuit. La lumière violette de l'éclair. L'humidité de la Terre. La béance de tes aisselles est mon refuge. Ma joie entière est de sentir la vie jaillir de ta source-fleur que la mienne garde pour remplir tous les chemins de mes nerfs qui t'appartiennent, tes yeux, épées vertes dans ma chair, onde entre nos mains. Toi seul dans l'espace empli de sons. Dans la lumière et dans l'ombre, t'appellera auxochrome, celui qui capte la couleur. Moi, chromophore, celle qui donne la couleur. Tu es toute la combinaison de ces chiffres. La vie. Mon désir : en comprendre la ligne, la forme, le mouvement. Tu remplis et je reçois. Ta parole occupe tout l'espace et atteint mes cellules, qui sont mes astres et retourne aux tiennes qui sont ma lumière. »

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle 2020, catégorie roman.

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