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EAN : 9781095360552
512 pages
L'Antilope (04/01/2018)
4.04/5   13 notes
Résumé :
Bnaya et Yoav ont grandi dans la même colonie juive de Cisjordanie. Devenu adulte, Bnaya l’habite toujours au moment où le gouvernement israélien ordonne son démantèlement. Yoav l’a quittée après avoir vécu un drame pendant son service militaire. Il mène une existence laïque à Tel-Aviv. Les deux amis peuvent-ils se retrouver ?
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est dans une Implantation juive en Cisjordanie, sur les pentes arides qui descendent jusqu'à la mer Morte au sud et jusqu'à l'Agglomération arabe au nord, qu'ont grandi Bnaya et Yoav. Une de ces implantations illégales, de surcroît religieuse, sur des territoires palestiniens, conquis et occupés par Israel depuis 1967, la guerre des six jours. Un sujet brûlant d'actualité.
Bnaya, marié, deux enfants, religieux fanatique, y vit toujours. Alors que Yoav, célibataire, l'a quittée suite à un incident durant son service militaire, et cherche un équilibre dans un pays où la religion et la morale civile ne sont malheureusement ni repère, ni soutien, au contraire, source de haine et d'irréversible isolement (....mais à présent la distance qui les séparait était immense. Immense.). Pourtant dans leur conscience, les deux amis ne sont pas si loin l'un de l'autre.
L'implantation risque d'être démantelée. Les habitants sont dans la "crainte d'être déraciné", ironie du sort, qui déracine qui ? Or même dans une implantation de religieux fanatiques se trouvent des êtres humains qui ont une conscience, qui dans leurs propres sociétés mêmes, sont en danger ( une pensée pour Ytzahk Rabin abattu par un israélien, religieux fanatique, alors qu'il oeuvrait pour la paix entre les deux peuples ).....

A ce propos, si le sujet vous intéresse, je conseillerais le film documentaire du cinéaste israélien Amos Gitai, “À l'Ouest du Jourdain “sorti en salle en octobre 2017, qui pointe si bien, sur le faites que nous sommes tous pareilles, avec nos joies, nos malheurs, nos peurs...quelque soit nos origines ethniques ou religieuses. C'est dans nos têtes que nous créons un ennemi, qui au départ n'existe pas, développé grâce à "nos qualités humaines", l'ignorance, la cupidité, l'égoïsme, et nos préjugés, dont le résultat est un cercle infernal résumé dans le livre par les paroles mêmes d'un des personnage, Gaby, “c'est que nous, et personne d'autre, avons détruit, de nos propres mains, toutes les chances de dialogue.”
Ce rêve d'un pays, Eretz-Israel, cadeau empoisonné des britanniques, qui ont donné à un peuple ce qui appartenait à un autre, n'a finalement aboutit ni à la paix, ni aux bonheur, valable autant pour les israéliens que les palestiniens, bien que les premiers y sont nettement plus avantagés. L'un vit dans la peur constante, l'autre, de ceux qu'il en reste sur le territoire, est dans la misère totale, barricadé de partout ....et les États-Unis grâce à son lobby juif enfonce le clou. Ces auteurs israéliens, Berg, Oz, Yehoshua, Grossman, Keret, Shalev, Gavron....munis de conscience et d'humanité sont des bouffées d'air dans cette Histoire incandescente. de ce livre ressort encore une fois, l'image d'une société juive qui se veut fermée à toute ouverture, toute compréhension, toute indulgence envers un tiers; un tiers qu'ils ont pourtant chassé de leur terre, les condamnant à des enclaves, des camps de réfugiés ou carrément à l'exil. Dans ce cas si on ne tend pas la main à l'autre, aucune issue de secours.

Un auteur israélien que je viens de découvrir, une belle plume, un esprit critique et ouvert, une forme chronologique qui me plait, alternant l'histoire des deux amis, bref une histoire passionnante sur la fragilité des équilibres de la Vie, que dire de plus !

"J'ai besoin de cinq minutes de calme,....Donne-moi encore cinq minutes."
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Yonatan Berg brosse le portrait de deux trentenaires juifs israéliens , Bnaya et Yoav. Ils sont amis depuis l'enfance mais leurs chemins se sont séparés depuis plusieurs années.

Bnaya est un homme très pieux qui n'a jamais quitté la colonie où il est né. Il a suivi la route toute tracée qui s'offrait à lui en fondant une famille et en devenant enseignant dans une yeshiva. Il mène une vie routinière mais sa relative tranquillité d'esprit est mise à mal par l'imminence du démantèlement de son village implanté en territoire occupé. Faut-il s'opposer à la décision du gouvernement ou tout simplement accepter de se laisser déraciner pour s'installer ailleurs ? Au sein de la communauté les esprits s'échauffent et sous l'impulsion de jeunes ultra-nationalistes la violence éclate, obligeant Bnaya à remettre en cause ses certitudes.

Yoav, lui, a tourné le dos à la colonie et à la religion. Après son service militaire, il a pris deux années sabbatiques pour voyager en Inde et en Amérique du Sud où il a pris l'habitude de s'immerger dans la musique, les fêtes, l'alcool et la drogue. Puis il s'est installé à Tel-Aviv, suit des cours en fac et vit de petits boulots. Il se sent seul, déprimé mais refuse de "voir quelqu'un ". Un jour où il s'est bien défoncé pendant une rave, il revit un événement traumatisant survenu lors d'une arrestation qui a très mal tourné pendant son service militaire. Il ressent alors le besoin impérieux de retourner dans le village palestinien où ça s'est passé, là où il a laissé une partie de lui-même, une partie qu’il doit récupérer pour pouvoir se débarrasser du sentiment de culpabilité qui le hante et le détruit à petit feu.

Si Bnaya et Yoav ont emprunté des voies opposés, tous deux sont arrivés à un tournant de leur vie où ils comprennent qu'ils ne peuvent plus continuer sur leur route familière. Il est temps pour eux de s’extirper de la zone d’ombre où ils sont restés coincés depuis trop longtemps.

Avec pour toile de fond le problème brûlant de l'implantation de la population juive en territoire palestinien, le portrait croisé de ces deux hommes, dessine celui d'une réalité israélienne contrastée où tout comme le laïc et le religieux, les juifs et les palestiniens s'ignorent, se côtoient, s'opposent, se mélangent..
Dans ce premier roman porté par une belle écriture, parfois très poétique, Yonatan Berg ne prend pas parti, ne dénonce rien ouvertement mais restitue avec finesse et objectivé toutes les nuances de ce tableau complexe, riche en couleurs dissonantes.
Ce qui est tout particulièrement intéressant c'est qu'il a grandi près de Ramallah, dans une de ces colonies religieuses qu'il connaît donc bien, et dont il nous fait découvrir le quotidien.
Je peux me tromper mais j'imagine que l'on retrouve beaucoup de Yoan Berg dans ses deux personnages. Comme Yoav, il a tourné le dos à la religion et quitté la colonie quand il était adolescent. Bnaya doit probablement incarner celui qu'il serait devenu s'il n'était pas parti.
Le roman fait 500 pages, c'est parfois un peu long dans la description minutieuse de certaines scènes, comme celles d'un mariage ou d'une réunion du conseil local qui m'ont parues interminables. Malgré tout et contrairement à mon habitude, j'ai lu nuit et jour, délaissant même les repas, pour avancer dans ma lecture tant j'ai été passionnée par cette histoire qui sort des sentiers battus.
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Découverte d'un écrivain israélien pour un premier roman se déroulant dans une implantation  religieuse. Né dans une colonie, Yonatan Berg livre un point de vue tout à fait nouveau pour moi . Il appartient  à une nouvelle génération d'écrivains.

Yonatan Berg arrive à  vaincre mes réticences en racontant parallèlement deux histoires : celles de  deux amis d'enfance Bnaya et Yoav qui ont choisi deux voies opposées.

Yoav a quitté la colonie très jeune (comme l'auteur) , il a couru le monde à la recherche d'expériences. Il mène une vie laïque à Tel Aviv plutôt vaine, entre soirées arrosées et rave parties où circulent toutes sortes de substances. Pendant une rave, un très mauvais trip lui rappelle un drame passé à l'armée, une opération qui a mal tourné et s'est soldée par la mort du terroriste qu'ils poursuivaient dans son village, mais aussi celle de Segal, l'officier. Ce souvenir le poursuit jusqu'à l'obsession longtemps après que l'effet des drogues se soit  estompé.

Bnaya semble plus équilibré dans la vie toute tracée d'un juif religieux, marié, père de famille, enseignant. Ses journées sont rythmées par les prières, l'étude, la vie communautaire de l'implantation, sa femme et ses enfants. Rien ne viendrait troubler cet équilibre si l'Implantation n'était pas menacée d'évacuation.
Par hasard, il découvre la violence d'un groupe de jeunes qui refusent l'expulsion et ne sont prêts à aucun compromis. Mélange de sérénité d'un shabbat qui commence, et de  violence cachée. Prise de conscience d'une menace et d'une remise en question de ce mode de vie. d'une faille  entre une "bande d'excités unis par un secret et le sentiment d'être le fer de lance de leur communauté" et ceux qui sont prêts à quitter l'implantation. Bnaya est rempli de doutes, il hésite à se confier à sa femme, il affronte sans l'avoir cherché, les extrémistes, dans sa communauté mais aussi dans le lycée où il enseigne.

Bnaya comme Yoav vivent un trouble intense.

Alors que les discours monolithiques des religieux semblent exclure le doute, Bnaya voit se creuse un fossé entre son ancienne vie et la crise qui se profile. Yoav cherche à expier une faute.  Seule la réparation lui rendrait son équilibre psychique. mais réparer quoi? auprès de qui? du père de Ségal? du père du Palestinien abattu?

Yonatan Berg raconte la vie de ces deux jeunes gens déchirés sans prendre parti, sans donner de solution. Pour cet auteur qui a vécu la vie de ses héros, on peut imaginer qu'il a donné beaucoup de lui-même dans chacun des deux.

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Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Est-ce que les deux héros de « Donne-moi encore cinq minutes », Bnaya et Yoav, ne sont pas un seul et même homme : l'auteur de ce livre ?
N'est-ce pas lui qui se sens tiraillé entre deux visions d'Israël, entre le monde traditionnel et le moderne, dans ce pays scindé en deux ?
Que de questions pose ce roman !
On voit aujourd'hui encore qu'il est très difficile de répondre à toutes ces questions et malheureusement l'incompréhension demeure…
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critiques presse (1)
LeMonde
16 février 2018
Dans « Donne-moi encore cinq minutes », son premier roman, l’Israélien aborde le sujet des implantations juives de Cisjordanie avec audace et empathie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Aucune main ne s’était levée ni aucune bouche ouverte pour dire, par exemple, combien il était difficile de se dominer aux petites heures de la nuit, quand les filles du quartier s’arrêtaient au snack juste devant la yeshiva, des filles en débardeur et en short qui ne cachaient rien de leurs courbes ni de leur peau bronzée, ou pour expliquer combien ils avaient du mal à s’habituer à la dureté des bancs, aux prières ennuyeuses et à la nourriture insipide. Bnaya avait été le seul à oser demander s’il était impossible de sanctifier l’acte physique : venant, comme toute chose, d’une source supérieure, pourquoi cet acte-là justement devrait-il inspirer une telle crainte ? Hors de lui, le rabbin lui avait intimé l’ordre de se rasseoir, avait déclaré qu’il faisait exactement allusion à cela en leur demandant de respecter la tradition et qu’à partir de maintenant, il ne répondrait plus à ceux qui ne savaient pas se dominer. Bnaya s’était dirigé vers la sortie et avant de s’en aller, il avait lancé : « Vous n’auriez pas pu me faire une réponse plus complète, rabbi. »
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L’être humain choisit à chaque instant où il se positionne et surtout, il choisit ses actes. Appuyer sur la détente, c’est appuyer sur la détente. Fouiller un bébé à un check-point, c’est fouiller un bébé. Même si tu as dix-huit ans, tu peux refuser, tu as une tête pour penser et, le plus important, tu peux décider de rester un être humain ! Te mettre un instant à la place de celui qui vient te demander de le laisser passer parce qu’il doit travailler, à la place de celui qui va voir sa mère ou sa femme.
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Un visage que tu n’as pas vu depuis des années suffit, une saveur, une odeur, les premières gouttes de pluie ou une journée d’été particulièrement chaude, oui, rien que ça te projette dans le tunnel de la mémoire et te renvoie à celui que tu étais.
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Tout était net, clair, évident, la musique avait effleuré sa peau comme les doigts d’une main.
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À l'occasion de la publication de "Quitter Psagot", rencontre avec Yonatan Berg en direct de Jérusalem
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