AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LaBiblidOnee


Vous savez que je préfère toujours vous faire mes propres résumés des livres que je présente ici. Mais une fois n'est pas coutume, je trouve que la 4ème de couverture de ce roman reflète tellement exactement le contenu et l'esprit de ce roman que je vous la livre car je n'aurais pas fait mieux :


« Ça peut arriver à chacun d'entre nous. Tous les jours. Partout. Il suffit d'un malheureux hasard. Et notre vie n'est plus jamais la même. Nous passons brusquement d'un monde garant de la démocratie aux zones troubles du non-droit où seules prévalent les règles de la plus sale des guerres.
À Hambourg, les préparatifs du sommet international contre l'armement et pour le climat battent leur plein. Les services secrets ont reçu les premières menaces terroristes. Au même moment, l'avocate Valérie Weymann est arrêtée à l'aéroport. Au terme d'interrogatoires interminables, elle comprend que les agents de la CIA et du BNB la suspectent d'être liée à Al-Qaïda.
Et puis une bombe explose dans la gare de Dammtor. Vingt-quatre heures plus tard, Valérie, sur qui pèsent de graves soupçons, est conduite dans une prison secrète d'Europe de l'Est.
Un thriller qui ne vous lâche pas, un personnage féminin magnifiquement campé. »


*****

« Déclaration universelle des Droits de l'Homme Article 11, paragraphe 1:
Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. »


Ayant toujours été intéressée par ces zones de non-droit quand j'étais à l'université, j'ai mis ce roman dans ma PAL dès sa sortie, attendant le bon moment pour le lire. Quand l'état d'urgence a été déclaré en France au mois de novembre 2015, je me suis dit que ce moment était venu.


« Dans les États occidentaux industrialisés, les hommes politiques tentent de protéger la liberté en l'abrogeant. »


Après les derniers attentats, je pense que d‘une manière générale la population (et moi la première) a été plutôt rassurée d'entendre le Président déclarer l'état d'urgence, sachant que cela signifiait avoir plus de moyen pour mettre les terroristes hors d'état de nuire – les présents, comme les éventuels futurs. Et lorsque l'on n'a rien à se reprocher, il est encore plus facile d'accepter certaines restrictions de liberté et certaines possibilités de bafouer nos vies privées, puisqu'on pense n'être pas vraiment concerné, et que le jeu en vaut la chandelle.


« Il était intéressant de voir comment les gens s'accommodent de la restriction de leur liberté. Mayer avait pu le constater plusieurs fois au cours des dernières années. Tout d'abord il y a des protestations, pacifiques ou violentes selon les régions, mais au bout d'un moment, la restriction s'installe dans le quotidien, elle fait partie intégrante de la vie et ne dérange plus personne. »


Ce roman rappelle pourtant combien il peut être facile de basculer dans l'abus sans s'en rendre compte, de bafouer les limites que l'on s'était fixées ou que l'on pensait infranchissables de manière évidente : Lorsque l'héroïne est arrêtée et que ces premiers droits sont bafoués (d'avoir un avocat, de prévenir sa famille, de connaître les charges qui pèsent contre elle, etc…), elle est certes en colère, mais confiante. Avocate, elle croit en l'état de droit dans lequel elle habite et pratique, et dans lequel sont toujours bien présents les souvenirs des dérives des années 1940. Elle est certaine que les policiers vont se rendre compte de leur erreur rapidement, et qu'elle pourra rentrer fêter Noël chez elle.


Mais (l'auteur était visionnaire) les attentats précédents et le sommet sur le climat arrivant très vite, regroupant tous les plus grands chefs d'Etat en Allemagne, la police et tous les services de renseignements de tous les Etats sont sur les dents ; Ils sont présents à Hambourg où est arrêtée Valérie. Dans le duo principal qui l'interroge, le policier allemand cherche vraiment à connaître les liens véritables de Valérie avec d'éventuels terroristes pour stopper un éventuel attentat ; le policier américain en revanche, qui a perdu sa famille dans le World Trade Center en 2001, est plus affirmatif et n'a qu'une idée en tête : L'envoyer dans une des prisons secrètes où la torture a raison de tous, et qu'une seule obsession : Obtenir des aveux de culpabilité à tout prix.


Même au détriment de la vérité ? C'est la question qui se pose au cours de ce thriller, celle de la dérive des moyens spéciaux ou exceptionnels que l'on peut mettre en oeuvre au nom de la sauvegarde de la démocratie et des libertés. Car si l'on souhaite des moyens importants pour arrêter les coupables, on comprend assez vite qu'il est contre-productif de se servir de la torture pour entendre le prisonnier « avouer » des choses fausses. Sur place, l'espoir du lecteur qui pénètre avec Valérie dans ces prisons clandestines, ces « Zones de non-droit » puisqu'aucun droit n'est applicable ni accordé au prisonnier, est que le policier américain se heurte à un pro de la torture – ce qui est étrangement et paradoxalement, le seul espoir des prisonniers puisqu'il sait reconnaître un aveu véritable d'un faux. Valérie pourra-t-elle être sauvée ? Saura-t-on protéger le sommet sur le climat ?


Je vous souhaite une très bonne lecture pour le savoir, car j'ai beaucoup aimé ce roman et son ambiance : Un véritable Thriller où, comme Valérie qui est à leur merci, on s'attache à certain « ravisseurs » policiers pour en craindre d'autres ; Mais c'est également un livre-réflexion sur l'Etat de droits, la démocratie, ses moyens de lutte contre ce fléau qui la gangrène de nos jours. Il me reste une seule incertitude sur un personnage, mais je ne peux en dire plus ici sans spoiler alors je serai ravie d'en parler par mail avec ceux d'entre vous qui l'on déjà lu –ou le liront !

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}