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EAN : 9782843044427
94 pages
Zulma (13/03/2008)
3/5   9 notes
Résumé :
Deux voyages en cargos : l’un en solitaire, de la Pologne aux Comores (en passant par la Lituanie, la Lettonie et les ports de la mer Rouge). L’autre, en compagnie d’une jeune photographe, pour une remontée vers le Spitzberg et le Cap Nord.
Dans l’un on assiste à une cocasse descente aux enfers, entre cuites à la vodka, tempêtes épouvantables, escales aventureuses, désirs triviaux ou sublimes des hommes d’équipage… Dans l’autre à une même quête identitaire, m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Alexandre Bergamini se consume dans une perte, dans une une absence : un frère qui n'est plus...
Cette béance incommensurable qui ne peut être comblée d'aucune façon.

Pour l'engloutir, ne serait-ce qu'un peu, il traverse les mers, s'ouvre à d'autres Cultures, multiplie les visages croisés, les possibilités de rencontres, il pérégrine sans relâche.

Cargo Mélancolie raconte le visage de ces fuites en avant...


Il s'éloigne pour oublier l'absence de paroles d'un père, pour quitter le silence qui se fait ténèbres. Il quitte tout parce que toute perte additionnelle devient désormais l'enclume qui l'entraîne vers le fond, parce que le chagrin qui s'est multiplié se dilate au point de le submerger. Tout mépris, toute parole qui ne s'enveloppe pas de douceur, pèsent trop lourd pour être supportés…

"Voyager c'est apprendre à disparaître."
Au cours de ce voyage, au départ de la Pologne vers la Mer Rouge, d'escale en escale, de port en port et de traversée d'étendues calmes ou plus agitées, au fil des côtes longées, ceux croisés, aperçus qui fuient un pays, une terre, deviennent siens, eux dont l'embarcation ou ce qui en tient lieu leur fait risquer la vie dans une traversée guidée par "une étoile qui a cessé de briller" vers un ailleurs supposé d'accueil qui se révèle exclusion, eux qu'on a ramenés souvent entravés vers le point de départ pour retrouver les mêmes privations, la même misère quand la mort ne les a pas fauchés au cours de leur fuite.

Et puis, plus tard, il y a un second périple, une seconde échappée parce que le calme n'est toujours pas, alors, autant repartir. Vers le Nord, le Pôle, la banquise, cette fois. le silence des terres sans âme humaine, le cri des sternes, le regard des animaux sauvages croisés.
El le noeud qui s'ouvre, soudain, une forme d'acceptation, une compassion accordée à soi-même…
"La quête est close. Elle l'est par un sentiment intérieur précis. La fin d'une errance. Je ne cherche plus. Mais rien ne résout son absence.Rien ne la comble."


Un texte qui s'offre entre prose et poésie.
"La poésie est la dernière chose à vivre quand on ne possède plus rien, quand la vie est impossible. Quand on meurt, il reste la poésie des choses que le coeur contient."
Dans les phrases aux rythmes multiples, les mots d'Alexandre Bergamini chaloupent comme les déferlantes qui font tanguer le cargo sur lequel il a embarqué, chahutent l'âme comme le serait une plume posée sur la mer en furie.


Un texte qui fait crépiter les émotions, qui m'est argile que je mêle aux larmes pour combler un vide infini, un texte comme un refuge, mes éloignements sont moins lointains mais je partage ces fuites jamais expliquées, jamais justifiées pour ce qu'elles sont, ces silences, ces éloignements dont on demande seulement aux autres de les accepter pour ce qu'ils disent d'un désir de solitude. Une solitude qui signifie la recherche d'un apaisement si infime et si insuffisant soit-il.

Il existe des livres que l'on fait siens comme une évidence, comme une main sur l'épaule. Celui-ci...
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Cargo mélancolie est un journal de bord poétique en deux voyages :
Hanté par la mort de son frère, le narrateur embarque sur un vieux cargo russe pour une traversée de la Mer Baltique aux Tropiques en passant par le Canal de Suez et la Mer Rouge :
« un billet-aller
pas de retour
retrouver l'ailleurs
un paysage que je porte… »
Un voyage chaotique d'un homme à la dérive où ses tourments intérieurs liés aux variations brutales de lumière et de température dans un paysage en perpétuelle mouvance imprègnent ses écrits d'une poésie sauvage d'une grande beauté.
Dans les flots parfois déchaînés, seule l'errance des oiseaux de toute espèce, des pélicans du Yemen aux fous de Bassan de l'Océan Indien, est familière.
Les êtres rencontrés lors des brèves escales dans des terres souvent en guerre souffrent de la pauvreté mais emprunts d'une grande humanité alors que le narrateur se sent « misérable ».

Le deuxième voyage au Cap Nord est celui de l'éblouissement dans les couleurs et l'acceptation de la perte « Aucun lien n'est rompu ».
La force de ce court roman tient dans la poésie rageuse des mots et dans le vocabulaire emprunté au langage du corps pour une traversée maritime intérieure.
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"Cargo mélancolie" c'est le journal d'un voyage, d'une errance sur un cargo polonais qui emmène le narrateur de la Pologne jusqu'au Spitzberg en passant par la Mer Rouge. Un voyage qui entremêlent les temporalités et les tonalités jusqu'à faire perdre au lecteur toute amarre hormis celle qui en lancinant motif revient hanter les mots et les sensations du narrateur : la mort d'un frère, l'apprentissage de l'éternité de l'absence.
Cet itinéraire devient alors quête de soi-même et recherche de sens, un sens qui peu à peu s'esquisse sans qu'il demeure pour autant saisissable ou acceptable. Alexandre Bergamini inscrit les morts dans des paysages-palimpsestes, dans des rencontres de sable et d'argile rouge et dans l'évocation tremblée de souvenirs brassés, remués par une écriture où le trivial épouse le sublime dans des noces somptueuses.
Et nous voyageons à ses côtés, entre fébrilité et émerveillement , entre joie, souffrance et refus. le cargo, comme la barque de Charon, nous fait traverser les déserts intérieurs habités de fantômes et d'ombres découpées au scalpel du soleil. Où vont les morts si ce n'est dans la conscience des vivants ? Une conscience qui accepte sans se résigner, qui intègre sans se fissurer, qui englobe sans dissoudre. Un voyage aux confins de ce qu'est la vie enfin réchauffée de ce qui reste des épousailles de la joie et de la mélancolie.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je descends au hameau, remonte la colline qui surplombe la vallée du Rhône. La chapelle romane perchée au-delà des brumes des anciens marais. Le cimetière du village que le soleil illumine. Je rejoins la tombe insignifiante. 1962-1980. Une vie dans les tirets.
L'ordinaire transformé pour toujours par un frère.
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Je n'ai pas d'autre visage
que l'ombre du tien.
Ton visage blanc à venir.
L'orageuse lumière de ton visage.
Toi que je vois quand je m'imagine.
Mon visage envouté par le tien.
Ton regard contient juste assez d'oubli
pour m'inventer.

Cadavre, tu restais mon frère.
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La forêt de bouleaux tachetés, de peupliers, terre de mousses touffues et humides, d'une herbe courte, verte, vive. La senteur des lichens, des écorces. Le ciel, la brise dans les cimes, les feuillages, le chant des coucous, les piverts, les écureuils. Enveloppe d'une étrange douceur. Le corps d'une forêt en paix. Je m'allonge dans un rayon, m'endors contre l'écorce d'un peuplier, dans l'humus. L'enfance retrouvée. p 26
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Ce que l'on écrit arrive. Ecrire emporte tout sur son passage. L'écriture est marquée du sceau de la perte.
(...) Ma gorge se noue. Des larmes sur mes mains glissent sur le sol. Mes premières larmes depuis quinze ans. Elles relient des aqueducs souterrains. La possibilité de retrouver un mort dans un vivant. La vie dans l'absence. La vie dans la perte.
Voyager c'est apprendre à disparaître. p 56
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Vidéo de Alexandre Bergamini
Gay-Marseille a réalisé l'interview de Alexandre Bergamini écrivain de plusieurs romans : Cargo mélancolie, Retourner l'infâme, et le dernier livre Sang Damné. Alexandre Bergamini a voulu partager sa vie Avant et après avoir eu le Sida.
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