Alexandre Bergamini se consume dans une perte, dans une une absence : un frère qui n'est plus...
Cette béance incommensurable qui ne peut être comblée d'aucune façon.
Pour l'engloutir, ne serait-ce qu'un peu, il traverse les mers, s'ouvre à d'autres Cultures, multiplie les visages croisés, les possibilités de rencontres, il pérégrine sans relâche.
Cargo Mélancolie raconte le visage de ces fuites en avant...
Il s'éloigne pour oublier l'absence de paroles d'un père, pour quitter le silence qui se fait ténèbres. Il quitte tout parce que toute perte additionnelle devient désormais l'enclume qui l'entraîne vers le fond, parce que le chagrin qui s'est multiplié se dilate au point de le submerger. Tout mépris, toute parole qui ne s'enveloppe pas de douceur, pèsent trop lourd pour être supportés…
"Voyager c'est apprendre à disparaître."
Au cours de ce voyage, au départ de la Pologne vers la Mer Rouge, d'escale en escale, de port en port et de traversée d'étendues calmes ou plus agitées, au fil des côtes longées, ceux croisés, aperçus qui fuient un pays, une terre, deviennent siens, eux dont l'embarcation ou ce qui en tient lieu leur fait risquer la vie dans une traversée guidée par "une étoile qui a cessé de briller" vers un ailleurs supposé d'accueil qui se révèle exclusion, eux qu'on a ramenés souvent entravés vers le point de départ pour retrouver les mêmes privations, la même misère quand la mort ne les a pas fauchés au cours de leur fuite.
Et puis, plus tard, il y a un second périple, une seconde échappée parce que le calme n'est toujours pas, alors, autant repartir. Vers le Nord, le Pôle, la banquise, cette fois. le silence des terres sans âme humaine, le cri des sternes, le regard des animaux sauvages croisés.
El le noeud qui s'ouvre, soudain, une forme d'acceptation, une compassion accordée à soi-même…
"La quête est close. Elle l'est par un sentiment intérieur précis. La fin d'une errance. Je ne cherche plus. Mais rien ne résout son absence.Rien ne la comble."
Un texte qui s'offre entre prose et poésie.
"La poésie est la dernière chose à vivre quand on ne possède plus rien, quand la vie est impossible. Quand on meurt, il reste la poésie des choses que le coeur contient."
Dans les phrases aux rythmes multiples, les mots d'
Alexandre Bergamini chaloupent comme les déferlantes qui font tanguer le cargo sur lequel il a embarqué, chahutent l'âme comme le serait une plume posée sur la mer en furie.
Un texte qui fait crépiter les émotions, qui m'est argile que je mêle aux larmes pour combler un vide infini, un texte comme un refuge, mes éloignements sont moins lointains mais je partage ces fuites jamais expliquées, jamais justifiées pour ce qu'elles sont, ces silences, ces éloignements dont on demande seulement aux autres de les accepter pour ce qu'ils disent d'un désir de solitude. Une solitude qui signifie la recherche d'un apaisement si infime et si insuffisant soit-il.
Il existe des livres que l'on fait siens comme une évidence, comme une main sur l'épaule. Celui-ci...