Peut-être que l'art et les morts nous posent, d'une certaine manière, la même question. Une question ouverte, sans forme fixe, et bien sûr sans réponse. Pourquoi la vie est-elle si compliquée, alors que de toute évidence, elle est simple comme bonjour ? Pourquoi, lorsqu'on nous la raconte, une histoire peut nous faire pleurer, alors que nulle larme ne coule, lorsque cette même histoire se déroule sous nos yeux ? Pourquoi aime-t-on les fleurs et pourquoi seule la solitude nous est commune ? Pourquoi je dis pourquoi ?
L'activité du paysan est manuelle, sa portée est humaine.
La question du choix pour un paysan est une question de composition. Il est partie du paysage.
Pour dire : "Je suis en vie", il dit : "J'ai du pain sur la planche".
L'été passé, quelqu'un m'a fait remarquer que sur mes souliers de travail, il était écrit "ART". On m'a même dit que c'était une bonne marque - chère en tout cas. Je n'en défais jamais les lacets : pour les attacher, je les passe simplement derrière les crochets. J'aime leur poids, bien que pendant les jours chauds de l'été on est mieux dans une paire plus légère. Je les ai achetées à Emmaüs. Peut-être huit euros, en tout cas moins de dix. Une bonne affaire pour un peintre qui passe son temps dehors, très loin du monde de l'art.
Rêve
Les vagues, si nous les savions les lire, nous n'aurions peut-être pas eu besoin d'écrire la Genèse, ni de nous demander qui nous sommes devant le miroir.
Louées soient les parenthèses, toutes les parenthèses qui nous portent hors de notre temps, hors de nos lieux.
Marc dit que quand il monte un mur de pierres, il y a certaines heures du jour où les pierres se laissent plus facilement choisir. Elles trouvent leur place plus naturellement. En dehors de ces moments-là, il doit en essayer beaucoup avant de voir quelle est la bonne.
Surprise toujours renouvelée devant les innombrables formes que prennent nos vies. Minuscules et vastes en même temps, toutes répondent sans fin à la question : comment vivre ? Et leurs réponses restent des énigmes.