AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782879292113
233 pages
Editions de l'Olivier (14/08/1999)
3.11/5   9 notes
Résumé :
Sous-titré "roman de rue", King est le livre de ceux qui peuplent les trottoirs, les ruelles, les caves et les abris précaires des cités d'Europe. Sous la plume de l'auteur, ce sont eux qui parlent. Ou plutôt, c'est King, le chien errant, vagabond philosophe qui raconte la vie de ses condisciples d'infortune installés sur un vague terrain au bout de la M 1000. Une route mortelle, bruyante de circulation, menant à une décharge assez vaste pour que l'on projette d'y c... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Comme d'habitude chez Berger, voici un conte d'une simplicité trompeuse - ici, sur une journée dans la vie d'un couple de sans-abri et de leur berger allemand, sur qui ils comptent - se transforme en une chose d'éloquence et de beauté, avec tragédie et humanité évidentes dans une égale mesure.
le roi est le chien; il raconte l'histoire de son peuple, Vica et Vico, et le semblant de normalité qu'ils ont tous les trois apporté à une existence sans abri. Ayant rejoint une communauté de sans-abris dans une friche jonchée d'ordures, qu'ils appellent Saint ValÇry, à la périphérie d'une ville et au bord d'une autoroute animée, Vica et Vico ont construit comme les autres avec un soin minutieux une maison sortie des ordures , une maison qui, comme les autres, reflète quelque chose d'essentiel de leur personnalité.
de là, ils vont tous les jours en ville, pour s'asseoir sur le trottoir et tenter de vendre les radis qu'ils ont cultivés. Vica prend également de l'eau dans les toilettes d'une station-service enessayant de déjouer la surbeillance du propriétaire qui la lui refuserait.
Dans les moments calmes, ils rêvent de qui ils étaient et de qui ils pourraient redevenir. King est un partenaire à part entière dans les aventures comme dans les rêves : il comprend leurs pensées, et ils comprennent les siennes. Il est aussi le compagnon et le chien de garde de la communauté, de Jack le Baron, son chef et gardien, à Danny le farceur et la vieille Corinna.
Lorsque l'obscurité tombe ce jour-là, cependant, Saint ValÇry doit faire à są destruction, quand les soldats et l'équipement viennent reprendre possession du site, pour des besoins de développement.
King fait ce qu'il peut pour aider ceux qui résistent, y compris Vico, qui donne un couteau à l'officier responsable, mais la résistance est vaine et ils se retrouvent tous vraiment sans abri une fois de plus.
Malgré toute sa délicatesse, malgré l'onirisme omniprésent, ce texte est implacablement réel : une histoire qui est une fenêtre ouverte sur un monde que l'on aimerait ignorer, et qui ne se referme pas longtemps après que la dernière page ait été tournée.


Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          60
En maître du regard, John Berger sait combien il est important de modifier l'angle de ce dernier pour découvrir de nouvelles réalités, accueillir de nouvelles perspectives. Dans ce livre, c'est King, le chien errant, l'ami des clochards, roi de la débrouille et maître ès survie, qui nous prête son point de vue pour nous permettre d'atteindre à une nouvelle intelligence sur une réalité devant laquelle nous préférons souvent fermer les yeux.
"Une histoire de la rue", le livre nous invite chez les clochards, les sans abris, les laissés-pour-compte. Par ce regard décentré, à ras de terre, les réflexes du quotidien changent de nature : réactivité, dangers omniprésents, survie, manques, froid et faim... Comme la fragilité de leurs baraques dérisoires contre l'indifférence des autres, les hommes courent sans cesse le danger de basculer dans l'animalité. Mais cette forme d'être au monde est-elle vraiment pire...?
Commenter  J’apprécie          10
L'écrivain John Berger prête sa voix à une communauté de SDF d'un terrain vague, en faisant parler leur chien King.
Un témoignage de notre époque qui m'intéressait mais que je n'ai même pas terminé, tant il m'a été difficile de m'identifier à l'animal...
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
« Les pays du Sud sont dans une situation un peu comparable, économiquement, à celle des SDF : ils étaient endettés ; en vingt ans, ils ont payé cette dette quatre fois, et maintenant elle est quatre fois plus importante qu’au début. La nouvelle pauvreté n’est pas un phénomène marginal du nouvel ordre économique mondial, mais au contraire absolument central. En Europe, où les SDF en sont l’expression la plus extrême, la plus visible, personne ne peut l’ignorer. Bien sûr, on peut fermer les yeux. Mais si on ferme les yeux, c’est qu’on a déjà vu quelque chose qu’on ne veut pas voir... Ici, en France, au fronton de chaque mairie, on lit les mots “Liberté Egalité Fraternité”. Ces mots d’ordre de la Révolution française ne sont plus respectés, et plus personne ne croit sérieusement qu’ils le sont. Mais il y a un résidu de ces idéaux éthiques chez les gens. On le voit à la manière dont ils réagissent à ce qui se passe dans le monde - quel que soit le sentiment d’impuissance qui les accable. Le fossé entre ces idéaux éthiques et la nouvelle pauvreté est si énorme, que je ne comprends pas pourquoi tous les écrivains ne s’emparent pas du sujet. Je ne comprends pas comment on peut éviter une réalité aussi écrasante. »
Commenter  J’apprécie          10
The poor steal from each other the same as the rich do. The poor usually do it without any calculation, their thefts aren’t planned. Every day the poor imagine their luck changing. They don’t believe it will ever change, but they can’t stop picturing to themselves what would happen if it did. And they don’t want to miss the moment should it come. When they spot a lighter on the ground beside a pair of shoes, they grab it, as if Chance itself had given it to them. And they say to themselves, Here is the sign our luck has changed. When they grab what they spot, they don’t think Theft. They think Luck.
Commenter  J’apprécie          00
Me, I run to places where there’s no fear, I told Luc one day.
There’s fear everywhere, he said.
Not where I go.
Where there’s life, there’s fear, he repeated.
In these places there’s death, I told him, there’s fighting for life, there’s hiding, there’s running away, there’s being hungry, and there’s no fear.
What makes a dog run, then?
The desire to live.
You’ve never seen a dog trembling?
A dog trembles when he doesn’t know what to do.
Like us!
No, you tremble when you know what to do as much as when you don’t!
Commenter  J’apprécie          00
Moi, je vais aux endroits où la peur n'existe pas, j'ai dit un jour à Luc.
La peur existe partout, a-t-il rectifié.
Pas là où je vais.
Là où il y a de la vie, il y a de la peur, il a répété.
Dans les coins que je connais il y a la mort, je lui ai dit, il y a la lutte pour la vie, il y a la nécessité de se cacher, il y a la nécessité de fuir, il y a la faim, mais il n'y a pas la peur.
Qu'est-ce qui fait courir un chien, alors?
L'envie de vivre.
Commenter  J’apprécie          00
A mistake, King, is hated more than an enemy. Mistakes don’t surrender as ennemies do. There’s no such thing as a defeated mistake. Mistakes either exist or they don’t, and if they do, they have to be covered over. We are their mistake, King. Never forget that.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de John Berger (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John Berger
John Berger and Susan Sontag speak about story telling and about the ethic of photography.
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus




Quiz Voir plus

Des romans, leur auteur

La jeune femme s'appelait

Pétronille
Isabelle

10 questions
38 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , écrivain , littératureCréer un quiz sur ce livre