Peut-être avez vous vu - et sans doute apprécié - le magnifique film d'Arthur Penn
Little Big Man (1971). Eh bien, avant le film, il y a le roman qui l'a inspiré. Et quel roman !
C'est l'histoire de Jack Crabb, un vieil homme âgé de 111 ans, qui avant de perdre définitivement la mémoire, confie ses souvenirs à un écrivain. Et il y a de la matière, parce que ce récit couvre toute l'histoire des Etats-Unis, et particulièrement le Far-West, pendant près d'un siècle.
Tout commence en 1852 quand la famille de Jack (10 ans), en route pour la Californie, est attaquée par les Cheyennes. Jack et sa soeur Caroline sont kidnappés par les Indiens et élevés dans la plus pure tradition cheyenne. C'est chez eux qu'il obtient son nom de
Little Big Man. Voilà le départ d'une histoire extraordinaire : Jack, grandi chez les Indiens, sous la tutelle du chef Peaux-de-la-Vielle-Cabane, les quittera, les retrouvera, vivra avec eux (et contre eux) les pires moments de la nation indienne (massacre de Wishita, bataille de Little Big Horn) et chez les Blancs, il côtoiera Wild Bill Hickock, Wyatt Earp,
Calamity Jane, Buffalo Bill ainsi que le (tristement) fameux général Custer. Une vie bien remplie (trop peut-être?) qui le fait participer aux plus grands évènements de son temps et rencontrer les plus grandes personnalités de l'époque.
Cynique et sans scrupules, complètement mythomane, tour à tour escroc, chasseur de bison, éclaireur, Jack Crabb vous séduira par la truculence de son personnage.
Indépendamment de cet intrigue... foisonnante, c'est le prétexte pour l'auteur de nous faire connaître dans le détail la vie quotidienne dans l'Ouest américain, tant du côté blanc que du côté indien. Avec un passage un regard très critique sur la "civilisation" des blancs qui petit à petit détruit la culture cheyenne (A rapprocher de ce point de vue-là d'autres ouvrages comme Danse avec les loups de Michael Blake (1988) ou
Mille femmes blanches de
Jim Fergus (1998)
Je ne résiste pas à vous citer les dernières lignes du roman qui donnent le ton général de l'oeuvre :
"Aussi, en prenant congé de vous, cher lecteur, vais-je laisser la décision entre vos mains expertes. Ou Jack Crabb a été le héros le plus négligé de l'histoire de notre pays, ou il était un menteur dans des proportions telles qu'elles défient l'imagination. Quoi qu'il en soit, dans un cas comme dans l'autre, puisse l'Esprit Qui Est Partout avoir pitié de son âme, et de la vôtre, et de la mienne"