Citations sur Elle voudrait des étoiles, des étincelles et des papillon.. (38)
Laurent avait été clair. Si je partais, il me coupait les vivres.
S’il me coupe les vivres, je serai sans ressource.
Si je suis sans ressource, je serai déclarée inapte.
Si je suis déclarée inapte, je perdrai leur garde.
Interview de Blandine Bergeret :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2021/02/interview-de-blandine-bergeret-auteur.html
J'ai longtemps cru que l'adaptabilité était ma force. J'entrevois avec tristesse que c'est finalement ma plus profonde faiblesse.
Maintenant que j'ai brisé les chaînes, je réalise que je croupissais dans le déni.
Page 71
Malgré la faible lumière, je me jette à l’eau. Le ventre vide, nue, je descends les marches qui me séparent du littoral. Glaciale, elle me transperce l’épine dorsale, mord impunément mes jambes, griffant mon ventre et mes seins. Mes épaules et ma nuque se contractent, ma respiration s’accélère, je sais que ma tête va imploser lorsque je vais la plonger dans la mer. Sans ménagement, sans appréhension.
L’impression d’être vivante.
Je ne sais pas si ce rituel me permet de renaître ou si au contraire, je cherche un moyen de mourir.
Une manière de fuir.
EPILOGUE
Que penser de ces instants de joie,de petits plaisirs de la vie ou de ces intenses moments de bonheur qui se terminent en queue de poisson .
Ou pas.
(...) personne, de l’ado ipodé au cadre iphoné ne se soucie de moi.
Personne ne m’a contemplé ainsi depuis des siècles et la sensation de se voir belle dans les yeux de l’autre est une émotion tellement vivifiante. Un appel du ventre, un cri du coeur qui me lie à lui.
Dans les dîners, les silences sont souvent accompagnés d’un « ange passe ». À cet instant précis, c’est un cortège d’angelots qui se promène à ses côtés.
À l’époque, c’était la mode. Celle des familles qui estimaient qu’une demoiselle de bonne extraction, sous-entendu celle que les miens représentaient, se devait d’enfiler tutu et chaussons pointus. Je détestais être vêtue de cette tenue, je ne me sentais pas à ma place. Fines, élancées, le ventre plat, le port de tête élevé, mes camarades arboraient avec élégance le costume des danseuses classiques. La séance de coiffure, infligée par ma mère, était une torture. Les cheveux tirés en arrière et remontés en un chignon serré, j’arpentais le couloir de l’appartement, affublée de livres en équilibre sur le haut de mon crâne. Le long du parcours, ma tortionnaire ne cessait de me conseiller sur ma posture, me répétait qu’elle serait fière si je réussissais à dissimuler mon ventre, que les participantes avaient creux. J’avalais ma bedaine, le cours quasiment en apnée et en sortais épuisée, pas tant par la pénibilité, car je m’y ennuyais ferme, que par le manque d’oxygène enduré pendant l’heure. Elle restait pour me surveiller et surtout me comparer aux autres petits rats auxquels je ne ressemblais pas.