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EAN : 9782070361298
627 pages
Gallimard (20/06/1972)
3.88/5   265 notes
Résumé :
Ce livre n'est pas un roman, quoique l'intention en soit romanesque. Il n'appartient pas à la science-fiction, quoiqu'on y côtoie des mythes qui alimentent ce genre. Il n'est pas une collection de faits bizarres, quoique l'Ange du Bizarre s'y trouve à l'aise. Il n'est pas non plus une contribution scientifique, le véhicule d'un enseignement inconnu, un témoignage, un documentaire, ou une affabulation. Il est le récit, parfois légende et parfois exact, d'un premier v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 265 notes
Les critiques lues ici n'épargnent guère cet ouvrage que l'on doit avant tout au génie que fut Jacques Bergier.
Esprit universel d'une intelligence remarquable, Bergier était un des hommes les mieux informés du monde.
Aujourd'hui où la bêtise crasse domine, il est de bon ton de se gausser de ce genre d'individus en les qualifiant très vite de "complotistes" !
Mais, si un homme était bien au coeur des fondements de l'Histoire moderne telle qu'elle est racontée, c'était bien Bergier.
Qu'une civilisation ait précédé la notre comment ne pas y croire quand on voit à quel point nous sommes totalement incapables d'expliquer comment des rocs de plusieurs tonnes ont pu être déplacés, pourquoi partout dans le monde ont émergé de gigantesques pyramides. Nier le phénomène OVNI est d'une imbécillité sans nom au regard des innombrables témoignages en provenance de tous milieux et pays. Nier les fondations ésotériques de mouvements comme l'hitlérisme est bien mal le connaître et Bergier connaissait parfaitement le nazisme. Nier que des individus puissent se rencontrer en secret pour tenter d'influer sur la destinée de cette planète est d'une bien pauvre faiblesse de jugement. Croire que les alchimistes ne se cooptent plus aujourd'hui et que leur savoir n'est que foutaise et encore une fois, bien mal connaître le dossier.
Oui, Bergier a raison la grosse majorité des hommes n'est occupée qu'à tenter de survivre avec quelques idées limitées faites de poncifs éculés. Il affirmait que cette humanité était aveugle et totalement soumise et là encore, son exceptionnelle supériorité intellectuelle lui permettait de penser ainsi à l'égale d'ailleurs de bien d'autres initiés.
Lorsque ce livre est sorti, un vivifiant mouvement d'ouverture s'était recréé. Il fut très vite refermé par le conformisme matérialiste laissant les domaines du paranormal retomber sous les railleries et les quolibets. Triste époque où non seulement on ne cherche plus mais où on ne rêve plus que sur permission de la Science.
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Je referme ce livre et me demande ce que signifie son titre… le Matin des magiciens… Pour le matin, l'allégorie d'un jour nouveau qui se lèverait sur l'humanité (thème ressassé à maintes reprises) semble évidente, mais quid des magiciens ? S'agit-il des « hommes nouveaux » dont Louis Pauwels se fait le prophète ? Si c'est le cas, pourquoi les désigne-t-il ainsi dans son titre –comme un argument vendeur- alors que le reste du livre leur épargne cette dénomination mystifiante ?


Nous voici tout de suite confrontés à l'un des défauts majeurs du livre : sa tendance à l'occultisme et le plaisir que Louis Pauwels tire à s'imaginer l'existence de mondes secrets dont personne –en tout cas pas la plèbe mortelle à laquelle il n'appartient pas- n'aurait pu se douter. Ces mondes secrets sont ceux qui feront, selon lui, l'intelligence et la gouvernance de demain. Ils abritent des hommes-mutants aux capacités démesurées qui ont délaissé la parole pour mieux se servir de leurs dons de clairvoyance et de télépathie.


« Des mutants pourraient avoir dans leur sang des produits susceptibles d'améliorer leur équilibre physique et d'augmenter bien au-dessus du nôtre leur coefficient d'intelligence. Ils pourraient charrier dans leurs veines des tranquillisants naturels, les plaçant à l'abri des choses psychiques de la vie sociale et des complexes d'anxiété. Ils formeraient donc une race différente de la race humaine, supérieure à elle. Les psychiatres et les médecins repèrent ce qui ne va pas. Comment repérer ce qui va plus que bien ? »


Louis Pauwels vit dans le fantasme absolu. Il est certain que l'humanité recèle en ses rangs des hommes plus ou moins bien adaptés pour faire face aux aléas de l'existence, mais est-il raisonnable de les mettre à part, de les extraire de la catégorie des êtres humains pour les placer dans celle d'une race « supérieure » ? Les idées de Louis Pauwels sont à manipuler avec précaution… Faisant de dispositions génétiques innées les bases d'une vénération que rien ne semble pouvoir justifier, ses propos tournent souvent à l'eugénisme du plus mauvais goût. Si les mutants extraordinaires constituent, selon l'auteur, le modèle des siècles à venir, que fera-t-on du reste de l'humanité qui, à défaut de télépathie, continue à s'exprimer bêtement en utilisant la parole ?


« S'il existe des mutants répondant à notre description, tout porte à penser qu'ils travaillent et communiquent entre eux au sein d'une société superposée à la nôtre, et qui sans doute s'étend sur le monde entier. Qu'ils communiquent, en usant de moyens psychiques supérieurs comme la télépathie, nous semble une hypothèse enfantine. »


Résumons ainsi la pensée de Louis Pauwels : les mutants savent qu'ils sont supérieurs au reste de l'humanité. Ils sentent que leur sang fait circuler des protéines agissant pour leur bien-être en plus grande quantité que chez les autres et, de fait, ils ont tout de suite su s'associer avec leurs semblables. de telles pensées peuvent faire sourire –on s'imagine que Louis Pauwels débloque et confond rêves et réalité- ou effrayer –si ces mutants existent réellement et se comportent avec un tel sectarisme, notre avenir ne présage rien de bon.


Il semble évident que Louis Pauwels n'a pas écrit ce livre avec de mauvaises intentions. Il est simplement obnubilé. Il vit dans une optique qui le pousse à considérer le savoir absolu comme l'unique source de motivation de la vie. Connaître les choses dans leur intégralité, acquérir le troisième oeil, le pouvoir pénétrant de voir à travers toute chose –un grand chapitre sera consacré aux notions d' « éveil » et de « sommeil », telles sont les aspirations de Louis Pauwels. Pourquoi ? On ne le saura jamais. Il semblerait que la motivation ne mérite pas d'être justifiée et qu'elle trouve son achèvement en elle-même. Tous les moyens sont bons pour y parvenir. L'homme cesse d'être un homme. Il devient l'objet de théories New Age dans le meilleur des cas, voire le prototype mécanique rêvé des romans de S.-F., homme ramené au robot pensant:


« Nous avons une poste : les sécrétions des hormones partent en mille lieux de notre corps provoquer des excitations.
Nous avons un téléphone : notre système nerveux ; on me pince, je crie ; j'ai honte, je rougis, etc.
Pourquoi n'aurions-nous pas une radio ? le cerveau émet peut-être des ondes qui se propagent à grande vitesse et qui, comme les ondes à hyperfréquence qui s'engouffrent dans les conducteurs creux, circulent à l'intérieur des manchons de myéline.»


Louis Pauwels cherche à nous convaincre de la pertinence de sa théorie –l'homme commun est un amas d'ignorance effrayant- en alignant de suites de récits cherchant tous à mettre en avant les caractères les plus mystérieux et inexplicables de l'existence. Vous n'en aviez jamais entendu parler auparavant ? C'est normal. Louis Pauwels dénonce par la même occasion une catégorie d'hommes qu'il oppose aux mutants : les maîtres de l'opinion publique qui n'ont aucun intérêt à ce que « l'intelligence » et le « savoir » ne triomphent. On se ballade donc de sophisme en sophisme, abrutis par les affirmations péremptoires et tautologiques de Louis Pauwels (« Nous n'utilisons pas, dans une vie intellectuelle normale, le dixième de nos possibilités d'attention, de prospection, de mémoire, d'intuition, de coordination. ») Est-ce ainsi que l'on dresse le futur homme intelligent ?


Malgré tous les défauts qui rendent la lecture de ce Matin des magiciens parfois très éprouvante, rendons toutefois hommage à Louis Pauwels quant à l'honnêteté de sa démarche qui semble totale. La préface, peut-être plus convaincante que le reste du livre en lui-même, nous renseigne sur le parcours d'un homme qui, suite à de multiples bifurcations en cours de route, a réussi à trouver un réconfort certain dans la poursuite de la connaissance –plus largement dans la « mise en état de réceptivité » de son esprit. Dans ce sens, que l'auteur essaie de convaincre son lecteur de suivre sa démarche pour trouver à son tour de l'apaisement ne peut pas lui être reproché. En revanche, la façon dont il s'y prend est sournoise et, en rabaissant son lecteur à l'image de l'homme buté qui ne peut être convaincu autrement que par la séduction des contes ou la soumission à un mage, Louis Pauwels semble entrer en contradiction avec lui-même, partagé entre volonté de puissance et aspiration à la vie sur une planète où les ambitions communes n'auraient plus cours.


A condition de passer outre le prosélytisme forcené de Louis Pauwels, le Matin des magiciens est un livre riche d'anecdotes ; qu'on les prenne au premier degré ou qu'on les lise comme des allégories, elles inviteront le lecteur à poser un regard plus critique sur les domaines de la connaissance qu'il aurait pu considérer comme définitivement acquis.
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Le début du vingtième siècle a connu pas mal de révolutions scientifiques : la maîtrise de l'atome, la théorie de la relativité, la conquête spatiale, … Malheureusement, nous disent Pauwels et Bergier, on s'est donné tout ce mal pour rien : non seulement, tout était déjà connu depuis longtemps, mais en plus on s'y prend de travers ! Il aurait suffit de relire des textes mayas ou des documents d'alchimistes pour parvenir à des résultats bien plus aboutis. Mais la science officielle, arc-boutée sur ses vieilles (une vieillesse rance et renfermée) connaissances, est incapable d'accepter ces vérités à la fois vieilles (une vieillesse noble cette fois-ci) de plusieurs siècles et totalement révolutionnaires.

J'ai fait l'effort de vérifier les affirmations des premières dizaines de page, avant de laisser tomber : tout n'est qu'interprétation très libre et personnelle de textes et de déclarations, ou de connaissances scientifiques mal digérées, liées par une copieuse dose de suppositions non-justifiées et de souhaits personnels.

Malgré l'apparente curiosité des auteurs, on se rend compte que tout ne tourne qu'autour de notre nombril : les anciennes civilisations, les anciennes disciplines n'existent que pour donner des réponses à des questions actuelles angoissantes. On se s'intéresse pas aux mayas en tant que tels, à leur réalisations ou leur organisation sociale, mais à partir d'un seul lieu géographique à l'utilité encore inconnue, on en fait des gestionnaires d'aéroports galactiques qui pourraient répondre à toutes nos questions sur l'origine de la vie, si on se donnait la peine de les interroger.

Si les piles mésopotamiennes et la pierre philosophale des premiers chapitres restent somme toute assez divertissantes, la dernière partie est par contre franchement déplaisante : faire d'Hitler et des dignitaires nazis des agents à la solde d'une secte ésotérique motivée par de sombres desseins, ça me donne froid dans le dos, surtout que ces « révélations » me semblent décrites avec une certaine fascination.

Cette critique ne changera sans doute pas grand-chose, les « magiciens » me verront comme une énième incarnation du rationaliste borné et fermé d'esprit. Et je continuerai de me désoler que des gens à la base curieux se contentent d'attendre que des découvertes se fassent avant de dépenser tant d'énergie à relire de vieux écrits pour pouvoir dire que tout était déjà connu.
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Ce livre de cinq cent pages a été écrit par Louis Pauwels sur la base d'une abondante documentation fournie par Bergier. On peut s'en faire une idée en consultant le fonds Louis Pauwels à la BNF. On trouvera notamment « l'embryon » de l'essai, préparé par Jacques Bergier, et traitant essentiellement des « Mystères du III ème Reich ».
L'ouvrage comporte trois parties :
Le futur antérieur : introduit le lecteur dans le côté caché de l'Histoire et évoque l'existence de civilisations, ayant précédé la nôtre, extrêmement avancées sur le plan scientifique.
Quelques années dans l'ailleurs absolu : où l'on parle des sociétés secrètes, et d'autres mystérieux « Supérieurs Inconnus », responsables de la destinée du monde. Cette section accorde une large place à « l'ésotérisme nazi » ainsi qu'à la Golden Dawn.
Enfin la dernière partie intitulée L'homme cet infini aborde l'univers de la parapsychologie et annonce l'avènement, dans un avenir proche, d'un homme nouveau exploitant à fond ses facultés extrasensorielles.
Les sources utilisées sont souvent fantaisistes. Jacques Bergier, dans un entretien avec Jean Dumur, lui avouera : « … après la guerre, entre autres avantages, tous les gouvernements qui ont combattu contre Hitler m'ont laissé consulter leurs dossiers ‘F.F.'. ‘F.F.' est une abréviation anglaise de l'expression ‘File and Forget', c'est-à-dire rangez ça dans un dossier et oubliez-le. Ce sont les dossiers sur les choses qu'on ne comprend pas. Tous les gouvernements en ont et je suis un des rares à avoir pu tous les consulter. Alors cela fait réellement beaucoup de renseignements. »

Quoiqu'il en soit, l'ouvrage aura un succès considérable et incitera les auteurs à lancer en octobre 1961 la revue Planète qui fera sensation et tirera à 100.000 exemplaires. Ce mouvement arrivait à point nommé pour aérer une France où les intellectuels souffraient d'une névrose sartrienne. Diverses collections suivront comme Présence Planète (essais), L'Encyclopédie Planète, ou diverses anthologies de « littérature différente ». le « réalisme fantastique » cherchera de surcroît à s'organiser en cercles de réflexions, Les Ateliers Planète. Les critiques seront nombreuses, dénonçant les approximations et les invraisemblances des travaux de nos deux compères. Une série de suites au Matin étaient prévues, dont seul sortira le premier tome, L'Homme Éternel (1970).
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En 1959, Louis Pauwels et Jacques Bergier ont inventé le réalisme fantastique. Ce mouvement se veut une étude des choses délaissées par la science. Et c'est un champ de recherche assez vaste : OVNI, alchimie, Terre creuse, transmission de pensée, Atlantide... Bref, Pauwels et Bergier étaient en quelque sorte deux Mulder qui voulait y croire. Et leur livre, le matin des magiciens, est un genre d'introduction à ces multiples facettes de la parapsychologie. C'est un catalogue d'étrangetés aux références douteuses, ou absentes avec en prime des explications fumeuses, des supputations bancales et un enthousiasme inquiétant. Un livre de plus de 600 pages qui mettent côte à côte Lovecraft, Tolkien, Himmler, Descartes et Einstein dans une farandole de charlatanisme scientifique mu par un seul leitmotiv : ce que la Science n'explique pas peut sans doute être analysé en impliquant le pouvoir des pyramides, la date de naissance d'Hitler convertie dans le calendrier moldave du 12ème siècle ou le testament secret d'un alchimiste soviétique...

À lire comme un roman, c'est très rigolo. Ça me rappelle mes jeunes années, quand Jean-Claude Bourret était l'apôtre des OVNI. Comme pas mal de monde, j'ai eu ma période où je lisais des livres alchimiques signés par Albert le Grand, de la SF russe et des ouvrages qui prétendaient éduquer le lecteur sur les mystères du monde (les pyramides qui permettent d'aiguiser une lame de rasoir, le code secret de la Bible, le trésor des Templiers, la recherche de la chouette d'or...). Et ce livre est un peu à l'origine de ce mouvement parapsychologique. Il est tout imprégné des délires de 1959, en particulier l'énergie nucléaire qui obnubile les auteurs. le lire permet de retourner aux sources de cette soif du mystérieux qui existe dans le coeur de tous les lecteurs d'Elisabeth Teissier ou du fan club de Raël.

Mais entre deux tranches de cynisme rigolard, j'ai été nettement refroidi par certaines approches théoriques. Je suis sans doute un indécrottable matérialiste, mais quand on essaye de m'expliquer qu'Hitler était en fait motivé par des buts ésotériques et que les camps d'extermination n'étaient que la partie émergée d'un iceberg encore plus sombre, je peine à accepter ce genre de réécriture. Autant prétendre que les Mayas maîtrisaient la fusion à froid m'indiffère, autant vouloir expliquer ce genre d'inexplicable me hérisse le poil. Même en tant que simple exercice intellectuel, je trouve l'explication surnaturelle du nazisme assez nauséeuse. Cependant, les deux auteurs avaient la vingtaine à l'époque de la seconde guerre mondiale, je peux comprendre que des témoins directs aient besoin de trouver une logique, même absurde, à la Shoah.

Quand à moi, en gentil cartésien obtus que je suis, j'accole volontiers l'étiquette de syncrétinisme à ce salmigondis surnaturel.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Citations et extraits (98) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, les frontières glissent ou s’interpénètrent : il suffit d’être là à ce moment.
J’ai vu la chose arriver à un corbeau. Ce corbeau-là est mon voisin. Je ne lui ai jamais fait le moindre mal, mais il prend soin de se tenir à la cime des arbres, de voler haut et d’éviter l’humanité. Son monde commence là où ma faible vue s’arrête. Or, un matin, toute notre campagne était plongée dans un brouillard extraordinairement épais, et je marchais à tâtons vers la gare. Brusquement, à la hauteur de mes yeux, apparurent deux ailes noires immenses, précédées d’un bec géant, et le tout passa comme l’éclair en poussant un cri de terreur tel que je souhaite ne plus jamais rien entendre de semblable. Ce cri me hanta tout l’après-midi. Il m’arriva de scruter mon miroir, me demandant ce que j’avais de si révoltant…

« J’ai fini par comprendre. La frontière entre nos deux mondes avait glissé, à cause du brouillard. Ce corbeau, qui croyait voler à son altitude habituelle, avait soudain vu un spectacle bouleversant, contraire pour lui aux lois de la nature.
Il avait vu un homme marchant en l’air, au coeur même du monde des corbeaux. Il avait rencontré une manifestation de l’étrangeté la plus absolue qu’un corbeau puisse concevoir : un homme volant…

« Maintenant, quand il m’aperçoit, d’en haut, il pousse des petits cris, et je reconnais dans ces cris l’incertitude d’un esprit dont l’univers a été ébranlé. Il n’est plus, il ne sera jamais plus comme les autres corbeaux… » ...
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L’Allemagne ne s’est séparée du monde qu’à partir de 1933. En douze ans, l’évolution technique du Reich prit des chemins singulièrement divergents. Si les Allemands étaient en retard dans le domaine de la bombe atomique, ils avaient mis au point des fusées géantes, sans équivalent en Amérique et en Russie. […] Derrière ces radicales différences en matière de technique, des différences philosophiques encore plus stupéfiantes… Ils avaient rejeté la relativité et en partie négligé la théorie des quanta. Leur cosmogonie eût ahuri les astrophysiciens alliés : c’était la thèse de la glace éternelle, selon laquelle planètes et étoiles étaient des blocs de glace flottant dans l’espace. Si de tels abîmes ont pu se creuser en douze années, dans notre monde moderne, en dépit des échanges et communications, que penser des civilisations telles qu’elles ont pu se développer dans le passé ?
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« Lorsque, dans l’attitude « naturelle » qui est celle la totalité des existants, je « vois » une maison, ma perception est spontanée, c’est cette maison que je perçois et non ma perception même. Au contraire, dans l’attitude « transcendantale », c’est ma perception elle-même qui est perçue. Mais cette perception de la perception altère radicalement l’état primitif. L’état vécu, naïf d’abord, perd sa spontanéité précisément du fait que la nouvelle réflexion prend pour objet ce qui était d’abord état et non objet et que, parmi les éléments de ma nouvelle perception, figurent non seulement ceux de la maison en tant que telle mais ceux de la perception elle-même en tant que flux vécu. Et ce qui importe essentiellement dans cette « altération », c’est que la vision concomitante que j’ai, dans cet état bi-réflexif, ou plutôt réfléchi-réflexif, de la maison qui fut mon motif originel, loin d’être perdue, éloignée ou brouillée par cette interposition de « ma » perception seconde devant « sa » perception primaire, s’en trouve paradoxalement intensifiée, plus nette, plus présente, plus chargée de réalité objective qu’avant. »

Raymond Abellio
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Parfois, les frontières glissent ou s'interpénètrent : il suffit d'être là à ce moment. J'ai vu la chose, arriver à un corbeau. Ce corbeau-là est mon voisin. Je ne lui ai jamais fait le moindre mal, mais il prend soin de se tenir à la cime des arbres, de voler haut et d'éviter l'humanité. Son monde commence là où ma faible vue s'arrête. Or, un matin, toute notre campagne était plongée dans un brouillard extraordinairement épais, et je marchais à tâtons vers la gare. Brusquement à la hauteur de mes yeux, apparurent deux ailes noires immenses, précédées d'un bec géant, et le tout passa comme l'éclair en poussant un cri de terreur tel que je souhaite ne plus jamais rien entendre de semblable. Ce cri ma hanta tout l'après-midi. Il m'arriva de scruter mon miroir, me demandant ce que j'avais de si révoltant... J'ai fini par comprendre. La frontière entre nos deux mondes avait glissé, à cause du brouillard. Ce corbeau, qui croyait voler à son altitude habituelle, avait soudain vu un spectacle bouleversant, contraire pour lui aux lois de la nature. Il avait vu un homme marchant en l'air, au cœur même du monde des corbeaux. Il avait rencontré une manifestation de l'étrangeté la plus absolue qu'un corbeau puisse concevoir : un homme volant...
Maintenant, quand il m'aperçoit, d'en haut, il pousse des petits cris, et je reconnais dans ces cris l'incertitude d'un esprit dont l'univers a été ébranlé. Il n'est plus, il ne sera jamais plus comme les autres corbeaux...
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« Ce n’est pas le souci du progrès matériel qui détourne l’homme des hautes pensées et de la méditation des choses divines, c’est l’épuisement du labeur inhumain qui ne laisse pas, à la plupart des hommes, la force de penser ni celle même de sentir la vie, c’est-à-dire Dieu. […] Entre la provocation de la faim et la surexcitation de la haine, l’humanité ne peut pas penser à l’infini. L’humanité est comme un grand arbre, tout bruissant de mouches irritées sous un ciel d’orage, et dans ce bourdonnement de haine, la voix profonde et divine de l’univers n’est plus entendue. »

Jean Jaurès
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