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Critique de Denis_76


A partir des comédies de Molière et de Labiche, Henri Bergson analyse pourquoi les personnages Orgon, Géronte, Harpagon, Alceste, Argante... font rire les spectateurs.
Le rire... avec le grand Professeur Bergson : quel paradoxe, non ??
Oui, et d'ailleurs, pendant les deux tiers du livre, il est chiant, pontifiant, ... Premièrement, Petit a ), Petit b ).... Certes, je ne m'attendais pas des blagues de Coluche, ou des superbes mots du grand Devos, mais quand même... On fronce un peu les sourcils en prenant des notes, tellement ce petit bouquin rengorge de détails.
Cependant, quelle belle analyse !
.
Pourquoi certains personnages sont comiques ?
Parce que ces gens là sont dans leur monde ( comme moi, qui fait rire parfois, malgré moi, donc je fais attention à ne pas faire trop de boulettes ), ils poursuivent leur parcours rigidement, mécaniquement, sans la souplesse requise par le terrain, comme l'homme qui tombe parce qu'il ne fait pas attention. Ce texte est paru en 1900, mais après, on peut éclater de rire quand Donald continue à marcher au dessus du précipice avant de s'en rendre compte, effrayé, et chuter !
Il y a aussi le manque de souplesse intellectuelle :
"Mais que diable allait-il faire dans cette galère ?"
Géronte est obsédé par son argent, et son idée fixe le poursuit, il ne s'intéresse plus à son interlocuteur, il ne réfléchit pas à une solution, il est comme dans un rêve, et la répétition de la phrase, son intonation, font rire.
Cependant, ... ahem !... malgré tout son savoir, je n'imagine pas Bergson être capable de faire rire ses étudiants... !
.
Et j'ai appris quelque chose de stupéfiant, et Bergson m'a convaincu :
Le rire est une correction.
Ah bon ?
Oui. La dernière partie du livre est très intéressante, et analyse le rieur.
D'ailleurs, je l'ai dit, je fais attention avec mes "boulettes" hors sujet, non contextualisées, ou trop cash :
je fais des boulettes, mais je me soigne !
Le rire n'est pas complaisant, le rire, paradoxalement, est sévère. Il montre à celui dont on se moque son décalage par rapport à ce qu'exige la société.
-- Dans un premier temps, le rieur est bonhomme, et compatit ;
-- mais après, allez, hop, ça suffit !
-- et enfin, NON ! c'est pas possible ! AH ! AH ! AH ! qu'il est ridicule, ah ! ah !
Dans la vie, le personnage moqué, s'il se sent humilié, vexé, se rendra compte, aura pris conscience de sa vanité, de son rêve ou de son décollage d'avec le bon sens. Sinon, tant pis, la correction n'aura pas fonctionné !
.
Je pense que Bergson qui évoque les rêves, et qui a fait ultérieurement des travaux sur la conscience, n'a pas contacté Freud, car ensemble, ils auraient peut-être pu bien avancer...
.
Enfin, un truc me chiffonne chez Bergson, c'est sa définition de l'Art.
Il dit que la comédie se situe à la frontière de la société, et de l'art ;
et aussi : l'Art est la Nature.
Or :
on considère le terme « art » par opposition à la nature « conçue comme puissance produisant sans réflexion » (cnrtl ).
Mais ceci est un autre débat : )
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