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EAN : 9782246854005
168 pages
Grasset (05/11/2014)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Cléopâtre, loin d’être « une fille du Nil entourée de magiciens », était la descendante d’une des plus grandes familles de Grèce ; Charles Martel n’est pas allé à Poitiers pour arrêter les Arabes, mais pour soutenir l’allié d’un sultan musulman ; la guerre de Charles VIII, roi de France, contre le royaume de Sicile, considérée par tous les historiens comme un fiasco, a été une succession de victoires ; le discours de Robespierre le 9 Thermidor, qu’on présente comme ... >Voir plus
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Pas plus qu’il ne songeait à restaurer la monarchie – ni même à la supplanter – Charles Martel ne pensait à devenir le porte-drapeau du Saint-Siège.

Ses rapports avec l’Église ne furent pas excellents. Il respectait peu les biens et les prérogatives des évêques. Il était d’ailleurs venu à Poitiers pour soutenir le duc Eudes d’Aquitaine. Or, celui-ci avait sollicité et obtenu, contre l’émir Abd-er-Rhâman, l’appui du chef berbère Othman, lui-même musulman.
(…)
Les contemporains ne semblent pas avoir senti l’importance de cette bataille œcuménique. Nous ne parvenons pas à connaître le lieu exact où elle se déroula. Dieu sait pourtant si les archéologues ont fouillé ! En vain. C’était « près de Poitiers », nous dit-on. Les Poitevins, les Français n’ont même pas commémoré, par un ossuaire, une chapelle ou une simple stèle, la date et la place d’un combat qui les sauva ; l’Église, pas davantage !
(…)
C’est à peine s’ils [les chroniqueurs arabes ] mentionnent la bataille de Poitiers. M. E.-F. Gauthier avoue sa surprise en voyant qu’ils se bornent à en faire « une mention très sèche » (…) pour eux, conclut M. Gautier, « la bataille de Poitiers a été un incident sans importance » et non une bataille décisive ayant engagé le sort de l’islam maghrébin. Aussi déposent-ils une petite gerbe sur la tombe de leurs morts, et passent outre.

Byzance qui, à cette époque, est pleine d’écrivains, de chroniqueurs, d’historiens, ne nous renseigne pas davantage, quoiqu’elle ait, nécessairement, suivi de près les hauts et les bas de l’expansion musulmane.

Tout se passe donc, dans l’Europe latine et dans l’Europe grecque, dans le monde arabe, comme si la bataille de Poitiers n’avait marqué que la fin, d’ailleurs obscure, d’un de ces raids habituels aux cavaliers arabes, où l’on s’intéresse moins au terrain qu’au butin rapporté. (pp. 66-69)
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Il semble que les sociétés soient d’autant plus ignorantes des cultures défuntes qu’elles profitent plus de leur héritage. L’hellénisme nous renseigne un peu sur l’Égypte, il nous fait deviner l’Inde, mais il nous laisse complètement ignorer Mycènes et les peuples de la mer auxquels il devait davantage. De même, les Occidentaux parlent plus volontiers d’Athènes que de Byzance, de Bénarès et de Pékin que de Bagdad et de Cordoue.
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Alors que le patriotisme est aussi ancien que l’humanité, le nationalisme est un mot qui naît au xviiie siècle et se propage au xixe siècle. Il est vrai que nous conservons généralement les idées du xixe siècle, même quand elles ont cessé d’être adéquates. Nos traditions, notre paresse aussi nous y poussent. Ces idées ont été exprimées par de grands orateurs, philosophes, poètes avec qui les nôtres désespèrent de rivaliser. Michelet avait plus de génie que les rédacteurs de nos encyclopédies historiques ; Victor Hugo a mieux parlé de la France que M. Jean Monnet de l’Europe. Nous continuons donc à reproduire, quitte à les abréger, les corriger ou les abîmer, les grandes œuvres du siècle dernier.
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En effet, l’histoire politique se répète, elle raconte toujours les luttes, au-dedans, pour le pouvoir et, au-dehors, pour la prépondérance. Ces luttes naissent toujours des mêmes ambitions, et les hommes qui les livrent recourent aux mêmes recettes dont le nombre est restreint ; à toutes les époques, dans tous les pays, l’ambitieux cherche à s’emparer des instruments du pouvoir et les obtient par la faveur du clergé, par celle du peuple, par celle des grands ou par celle du prince, suivant que le régime est théocratique, démocratique, aristocratique ou monarchique.
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La reine était plus détestée encore dans l’armée d’Antoine que dans celle d’Octave. C’est une des raisons pour lesquelles la propagande d’Octave contre Cléopâtre prit soudain, au lendemain d’Actium, une efficacité qu’elle n’avait pas eue jusque-là. Les Romains crurent que Cléopâtre avait réellement voulu envahir l’Italie, elle qui avait redouté et peut-être empêché cette invasion. Elle devenait le plus dangereux des ennemis qu’avait affrontés la République, depuis Annibal. Antoine, à présent, ne semblait même plus son allié, son mari, mais son esclave. Tout ce qu’Octave insinuait depuis deux ans parut au-dessous de la réalité.
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Vidéo de Emmanuel Berl
La Commune de Paris : Analyse spectrale de l’Occident (1965 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 12 juin 1965. Illustration : Une photo de la Barricade de la Chaussée Ménilmontant, Paris, 18 mars 1871 © Getty / Bettmann / Contributeur. Pierre Sipriot s'entretient avec Henri Guillemin (critique littéraire, historien, conférencier, polémiste, homme de radio et de télévision), Emmanuel Berl (journaliste, historien, essayiste), Adrien Dansette (historien, juriste), Pierre Descaves (écrivain, chroniqueur, homme de radio), Jacques Rougerie (historien spécialiste de la Commune de Paris), Philippe Vigier (historien contemporanéiste spécialiste de la Deuxième République), Henri Lefebvre (philosophe), et Georges Lefranc (historien spécialiste du socialisme et du syndicalisme). Dans les années 60, la Commune de Paris était encore "un objet chaud" qui divisait profondément les historiens. Comme en atteste ce débat diffusé pour la première fois sur les ondes de France Culture en juin 1965 et qui réunissait sept historiens, journalistes ou philosophes spécialistes du XIXe siècle. Textes d'Élémir Bourges, Jules Claretie, Lucien Descaves, Paul et Victor Margueritte, Jules Vallès et Émile Zola lus par Jean-Paul Moulinot, Robert Party et François Périer.
« La Commune, objet chaud, a longtemps divisé les historiens. Elle a eu sa légende noire, sitôt après l’événement : celle de la révolte sauvage des barbares et bandits. Elle a eu sa légende rouge : toutes les révolutions, les insurrections socialistes du XXe siècle se sont voulues filles de l’insurrection parisienne de 1871 ; et c’était à tout prendre, politiquement, leur droit. Historiquement, cette légende a pu se révéler redoutablement déformante. L’historiographie socialiste s’assignait pour tâche de démontrer "scientifiquement" que l’onde révolutionnaire qui parcourt le premier XXe siècle trouvait sa source vive dans une Commune dont elle se déclarait légitime héritière. On quêtait, par une analyse anachroniquement rétrospective, les preuves de cette filiation, oubliant le beau précepte que Lissagaray, communard, historien « immédiat » de l’événement avait placé en 1876 en exergue à son Histoire de la Commune. "Celui qui fait au peuple de fausses légendes révolutionnaires, celui qui l’amuse d’histoires chantantes est aussi criminel que le géographe qui dresserait des cartes menteuses pour les navigateurs." » Jacques Rougerie (in "La Commune, 1871", PUF, 1988)
Source : France Culture
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