AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246470021
165 pages
Grasset (14/10/1992)
3.25/5   4 notes
Résumé :
C'est en 1925 que E. Berl, épuisé par la guerre et peut-être même par le tourbillon de la vie qui reprend, apporte à Daniel Halévy le manuscrit de ce récit. Autant qu'un retour sur soi, il s'agit ici d'un exorcisme amoureux, une figure de femme qui "détestait le réel et s'aimait peu soi-même".
Que lire après Méditation sur un amour défuntVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« La mort d'un sentiment est plus claire : c'est en nous, non chez les autres, que cette fois nous voyons le néant. »

Je ne connaissais pas du tout Emmanuel Berl avant qu'un babéliote m'en parle. Merci. Je vais de découverte en découverte, j'aime les petits cailloux qui tombent des poches. Un beau matin, on les suit sur des sentiers remplis de surprises. Emmanuel Berl... inconnu ? Je connaissais pourtant son épouse : Mireille et son Petit conservatoire, toute une époque ! (d'accord la mienne avec ses quelques décennies). Ces deux-là ont vécu quarante ans « de littérature et de chansons », c'est un beau parcours. Et ce livre de Berl dans tout ça me direz-vous ? Justement j'y viens... Parce qu'avant Mireille il y a eu Christiane ! ...les maisons de passe aussi, mais je ne m'étends pas -sans nier leur place dans le ressenti de Berl, c'est très bien décrit dans ce livre.
L'objet de cette Méditation sur un amour défunt, c'est Christiane. Voilà pourquoi je suis ravie d'avoir un peu creuser sa biographie, faute de quoi je serais ressortie chagrin de cette lecture. Une drôle d'histoire d'amour tous les deux. Je me demande si ce fût un amour réciproque ? (Lui en est persuadé) Mais là n'est pas mon propos, ce qui m'a plu ce sont ses méditations et sa vision de l'amour, et tout particulièrement ces deux petites lignes :

« Est-ce que je ne l'aime plus ?
Est-ce que je ne suis plus ? »

C'est beau comme il dépeint le fait que l'amour est le « noeud d'innombrables cordes par quoi » chacun se trouve « lié à l'univers. ». En perdant l'amour, il dit « j'ai perdu la conscience que j'avais de l'éternel, et je vois toute la vulgarité des mécanismes qui me commandent. »
Plus sombre encore cette pensée, puisqu'il en vient à se demander si la fin d'un amour signifie :
- « mon amour subsiste et je cesse seulement de penser à lui »
- « il n'a jamais existé, simple rêverie d'une imagination malade qu'enfin le réel détrompe. »
Des questions qu'on se pose forcément à la fin d'une histoire. A cette interrogation, il tranche fermement : « Préférer mes opinions présentes à mes certitudes passées, pour le seul motif que les unes sont présentes et les autres passées, c'est, il me semble, l'ultime lâcheté du renégat. »
Un livre très intéressant et une écriture dont il faut respecter les pauses, les virgules portent du sens. J'avoue avoir du m'y reprendre à plusieurs fois sur certaines phrases pour mettre le sens qu'il donnait au verbe.

« Pas plus aujourd'hui que jadis, je ne remettrai en doute l'existence de mon amour. »
Commenter  J’apprécie          344

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je suis assez fier, pourtant, de n'avoir pas subi cette maladie contemporaine, fille de l'idéalisme philosophique et de la névrose. Je ne pense pas que la jalousie soit la mesure de l'amour ; c'est plutôt la marque de son échec. Le rôle de l'amour n'est pas de nous faire sentir la fragilité des choses, mais de nous faire entendre le son profond de permanence que, malgré tant d'anéantissement et d'angoisses, rend quand même l'Univers.
Commenter  J’apprécie          130
Avant de rencontrer Christiane, j'examinais avec le barman du Royal comment il pourrait me faire connaître une femme qui plaisait beaucoup, disait-il, à cause de son odeur sauvage. Quels ancêtres portons-nous donc dans nos corps trop imprégnés de mémoire ? Et quels animaux palpitent, fils directs du vieil Océan, dans notre sang salé autour de nos os rocheux ? Très vite les fourrures, objets de vénération, nous ramènent aux forêts primitives et nos désirs s'agrippent aux toisons, comme des poux. Ils métamorphosent les femmes dans nos bras en chiennes, en juments, en panthères.
Commenter  J’apprécie          70
Je crains de m'être très mal élevé et que chez moi amour et désir ne se soient trouvés trop tôt et trop rudement séparés. Jeunes filles ou jeunes femmes pour rêver, putains pour apprendre les gestes de la volupté, c'est note lot d'ordinaire, à seize ans. Ce fut le mien. Et il est naturel que, si une aventure plus heureuse - laquelle me manqua - ne rassemble pas bien vite ce que l'expérience a maladroitement divisé, peu à peu, en nous, se fixent deux types contraires dont l'opposition soumettra à de fâcheuses ironies nos amours ultérieures. J'en ai vu d'autres que moi, à qui seules plaisent les femmes minces et fines, et à qui seules les femmes épaisses procurent des plaisirs authentiques. Et plus tard il faudra de grands efforts, souvent, pour réunir les lignes toujours plus divergentes qui séparent - de quel point originel ? - amour et jouissance. D'où, peu à peu, les vices qui s'élaborent, et dans les maisons de passe, tant d'hommes mariés, avides de retrouver les habitudes, les mots, les gestes qui d'abord les lièrent, dans leur mémoire, à la volupté.
Commenter  J’apprécie          30
En ce temps, je vis quelquefois, dans sa chambre tapissée de liège, et remplie de fumées nauséabondes, Marcel Proust. Il étouffait d'asthme. Mes poumons mal scléres me faisaient tousser. Nous parlions de la solitude humaine. Il la croyait absolue, et enfermait dans son livre, comme dans un sarcophage au bout d'un labyrinthe, son cœur de monade. Je croyais la solitude, autant que le reste, précaire, et la grâce possible.
Commenter  J’apprécie          50
Un amour en naissant porte son destin que connaissent du premier coup ceux qui l'éprouvent. Mais on a soif de se démontrer ce qu'on sait très bien qui est, ce qu'on ne voudrait pas qui soit. Nul, hors le génie, n'est capable de contempler, comme il faut, l'évidence !
Commenter  J’apprécie          81

Videos de Emmanuel Berl (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Berl
La Commune de Paris : Analyse spectrale de l’Occident (1965 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 12 juin 1965. Illustration : Une photo de la Barricade de la Chaussée Ménilmontant, Paris, 18 mars 1871 © Getty / Bettmann / Contributeur. Pierre Sipriot s'entretient avec Henri Guillemin (critique littéraire, historien, conférencier, polémiste, homme de radio et de télévision), Emmanuel Berl (journaliste, historien, essayiste), Adrien Dansette (historien, juriste), Pierre Descaves (écrivain, chroniqueur, homme de radio), Jacques Rougerie (historien spécialiste de la Commune de Paris), Philippe Vigier (historien contemporanéiste spécialiste de la Deuxième République), Henri Lefebvre (philosophe), et Georges Lefranc (historien spécialiste du socialisme et du syndicalisme). Dans les années 60, la Commune de Paris était encore "un objet chaud" qui divisait profondément les historiens. Comme en atteste ce débat diffusé pour la première fois sur les ondes de France Culture en juin 1965 et qui réunissait sept historiens, journalistes ou philosophes spécialistes du XIXe siècle. Textes d'Élémir Bourges, Jules Claretie, Lucien Descaves, Paul et Victor Margueritte, Jules Vallès et Émile Zola lus par Jean-Paul Moulinot, Robert Party et François Périer.
« La Commune, objet chaud, a longtemps divisé les historiens. Elle a eu sa légende noire, sitôt après l’événement : celle de la révolte sauvage des barbares et bandits. Elle a eu sa légende rouge : toutes les révolutions, les insurrections socialistes du XXe siècle se sont voulues filles de l’insurrection parisienne de 1871 ; et c’était à tout prendre, politiquement, leur droit. Historiquement, cette légende a pu se révéler redoutablement déformante. L’historiographie socialiste s’assignait pour tâche de démontrer "scientifiquement" que l’onde révolutionnaire qui parcourt le premier XXe siècle trouvait sa source vive dans une Commune dont elle se déclarait légitime héritière. On quêtait, par une analyse anachroniquement rétrospective, les preuves de cette filiation, oubliant le beau précepte que Lissagaray, communard, historien « immédiat » de l’événement avait placé en 1876 en exergue à son Histoire de la Commune. "Celui qui fait au peuple de fausses légendes révolutionnaires, celui qui l’amuse d’histoires chantantes est aussi criminel que le géographe qui dresserait des cartes menteuses pour les navigateurs." » Jacques Rougerie (in "La Commune, 1871", PUF, 1988)
Source : France Culture
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5262 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}