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« Ces images d'une adolescence au soleil continuent de modeler mon désir et mon imaginaire. Je me construis dans les souffles chauds, les idylles, l'horizon bleu, le sel marin. » Une belle déclaration d'amour aux vacances familiales, au rendez-vous avec un lieu, à une «parenthèse enchantée» qui est aussi tout un programme.
Sébastien Berlendis revient tout au long de ce court et beau roman, plein de nostalgie et de mélancolie, sur ces semaines qui, au fil des ans, ont construit le jeune garçon et l'adolescent jusqu'à l'homme qui couche sur le papier ces années qui s'estompent aujourd'hui, de 1959 avec la Simca P60 du grand-père qui aime suivre les routes du littoral à 1989 qui déjà marque le fin d'une époque, quand les plis du temps laissent des rides qui ne s'effaceront plus. «C'est la fin de l'adolescence, la dernière année de lycée, l'année des retranchements.»
Il y a bien entendu cette histoire familiale, mais il y a avant tout un microcosme fait d'habitants du lieu et d'estivants : Il y a, par exemple, Mireille Leydet qui a passé là quarante ans et qui parle de son grand-père au narrateur sans savoir qu'il est son petit-fils. Ou Dédé Faye, la mémoire du camp, qui n'a pas besoin de se plonger dans des registres pour savoir qui s'installait avec qui, avec quel matériel et dans quel coin du camping. Il pourrait aussi raconter les étapes mythiques du Tour de France suivies devant un transistor, puis un téléviseur portable et qui font partie intégrantes de ses souvenirs.
S'égrènent alors des journées ponctuées de baignades, le moment où l'on peut jauger les filles, mais bien davantage par les sorties en catamaran qui sont autant de faits de gloire, tout comme les parties de football et davantage encore les matches de tennis qui permettent d'acquérir cette aura de champion qui devrait forcer l'admiration, faciliter les conquêtes.
Sans omettre la vespa de Gilles qui est bien plus qu'un moyen de locomotion. Nous sommes en 1972. Louise a 16 ans. Sur la Vespa, on se partage un casque pour deux. Vêtue d'un short en jean et d'un t-shirt rouge sans manches, l'adolescente s'agrippe à la taille du chauffeur, appuie son visage contre son dos et l0on peut voir ses cheveux dénoués briller au soleil : «Son empressement me surprend, les lanières du bikini n'ont pas besoin de mes mains pour tomber. Je suis ému par ses gestes émancipés, par l'abandon de son corps sous mes caresses.»
Il y ces photographies, ces instantanés qui disent le bonheur de l'instant et ne font pressentir en rien «la possible dispersion du clan».
Les épisodes joyeux se mêlent aux drames, au grand-père en train de mourir, à l'accident dont sera victime Léna qui glisse et heurte un bloc de pierre et, impossible à déplacer, finira par être hélitreuillée vers l'hôpital Sainte-Musse avant de finir à Toulon. Finalement, à l'angoisse de l'attente fera place le diagnostic rassurant : «Rien n'est cassé, il n'y a pas d'épanchement interne, un gros bleu colorera la hanche et le pubis de Léna. »
La construction est libre, la chronologie est davantage sentimentale que linéaire, «Quand je traverse les Maures, les temps se mêlent.» explique l'auteur. Avec lui, un retrouve des sensations enfouies, des parfums de sable chaud, ou oublie l'amertume et les tensions des mois d'hiver et l'on bénit ces jours où le corps des femmes «dégrafent leur armure». Encore une fois, la magie de la littérature opère, qui en quelques lignes nous fait voyager… dans l'espace et dans le temps.
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Ah nostalgie quand tu nous tiens ! L'auteur revient sur les vacances qu'il passait, enfant, avec ses grands-parents à la Londe-Les-Maures. La plage, les balades, les copains, les premiers amours. Mais c'est surtout un hommage à son grand-père. Une belle écriture pour ce court roman qui rappellera à beaucoup des souvenirs.
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« Je prends l'ancienne route, comme lorsque j'étais enfant. » Dès la première phrase de Maures, passé et présent se mêlent et le récit qui suit va jouer sur différentes temporalités : écrit au présent, il raconte les étés radieux de l'enfance et de l'adolescence, au bord de la Méditerranée, sur la côte varoise. Mais il évoque aussi un présent plus sombre : le grand-père du narrateur se meurt, et c'est lui le destinataire de ce très beau texte. Sébastien Berlendis dit l'avoir d'abord écrit pour le lire à son grand-père, tombé malade. le récit ne suit pas la chronologie, les époques s'entremêlent en courts fragments, comme les souvenirs et les rêves. le sel qui colle à la peau, l'odeur de la pinède, le gout des pêches, les chemins brûlants, le frottement du sable, le martèlement des vagues : toutes les sensations remontent, et avec elles, les étés passés, leur insouciance, leurs rites – le bain de minuit, les feux sur la plage, les plongeons, le Tour de France à la télé… Autour de la figure centrale du grand-père gravitent d'autres fantômes du passé, grands-oncles, amis, cousin, Hollandais, et Suzanne, Bellisa, Lena, Louise. Car l'été est le temps des premières fois, avec la découverte du sentiment amoureux, « sang et coeur retournés ». La construction éclatée du livre juxtapose ainsi les corps « exultants » du passé et le corps souffrant du grand-père, mais contre la douleur et l'oubli, l'auteur dresse un rempart de mots.
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« Au début de chaque été à mesure que nous approchons du camp, je retrouve le même miroitement des routes chaudes. Au début de chaque été les signes de l'incendie trouent la montagne des Maures. Devant la terre désolée, le chagrin existe mais il se résorbe vite. Et très vite aussi nous avons le sentiment de voir un paysage intact, comme si l'oeil de pouvait se résigner. Les décombres de charbon appartiennent à un mauvais rêve. »

Lieu de pèlerinage estival niché dans les montagnes mauresques, protégé par les cimes immenses des pinèdes, l'auteur de souvient. Réminiscences adolescentes. Premiers amours, premiers expériences, premiers émois. Flashs de sensations, de souvenirs. La plage, l'été, les pins, les filles. Léna, Louise, Marie, Isabelle.
Rituels perdus, nostalgie du temps qui passe. Tenter par l'écriture de rematérialiser ces instants. Coucher le tout sur le papier de manière immuable, pour que tout recommence encore et encore. Tissage d'anecdotes triviales, de moments d'intimités. Tableau flamboyant de ces étés fugaces.
Voyage à travers les photos des aïeux, pionniers de cette coutume annuelle qui s'essouffle avec les années et dont les membres s'éloignent ou disparaissent aussi tour à tour.
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Quand il était jeune, le narrateur passait ses étés dans un camp à La Londe-les-Maures, dans une pinède proche de la mer. Sous le soleil et la chaleur, il s'est créé des souvenirs qu'il évoque pour lui et pour maintenir le lien avec son grand-père, cher aïeul malade qui s'éloigne inexorablement. « Des récits de mon grand-père, c'est cette image du peuple en vacances qui m'émeut, l'image d'une vie d'été avec ses stéréotypes à laquelle je demeure fidèle. » (p. 22) Les Maures, c'était la caravane des grands-parents et les bains de mer interminables. Ce sont les premières amours émues et balbutiantes. « Les filles s'écartent du sentier pour gagner les fougères hautes. Elles nous prennent la main, je suis un garçon qui marche derrière une fille, le sang et le coeur retourné. (p. 34) Les Maures, c'était Marie, Louise, Léna, Suzanne, Isabelle, Gilles, Tom, Thomas. « Cet été, Louise découvre la plage, les garçons, la frénésie, son corps. Avec elle, je découvre le mien. » (p. 50)

En se souvenant, le narrateur cherche à prolonger l'histoire et peut-être aussi la fragile existence de son grand-père. C'est vain et c'est sublime. « Les images d'une adolescence au soleil continuent de modeler mon désir et mon imaginaire. Je me construis dans les souffles chauds, les idylles, l'horizon bleu, le sel marin. » (p. 71) Il y a là quelque chose de l'image d'Épinal, du cliché, comme ces quelques photos de 1972 qui ont figé la jeunesse du grand-père dans un espace éternellement jeune et vigoureux. « Sans la présence de mes souvenirs et la voix de mon grand-père verrais-je autre chose qu'une étendue sèche de sable et des caravanes désolées. » (p. 81) Évidemment, le narrateur projette le filtre de son bonheur passé sur le paysage aride des Maures. Les lieux ne sont beaux que parce qu'ils ont été habités et qu'ils sont devenus le décor involontaire d'expériences fondatrices.

À coup de paragraphes courts qui ont des airs de photos de vacances et qui sont des instantanés d'émotion, Sébastien Berlendis déploie son style élégant et évocateur. Je n'ai pas passé mes vacances à La Londe-les-Maures, mais j'ai dans mes souvenirs un camping et une plage qui se sont imposés devant mes yeux pendant ma lecture. Là aussi, il y avait mes grands-parents, eux qui offraient plus que des vacances et qui permettaient des choses que les parents ne savaient pas et ce que l'année scolaire n'offrait pas. C'était la liberté et le bonheur, sans la conscience de leur fragilité. Elle, elle est venue plus tard, quand il a été moins facile d'être libre et heureux.
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En visite à son grand père malade, le narrateur se plonge avec lui dans une boite à photos du temps où ils partaient en vacances ensemble dans le village de la Londe les Maures.
Des photos, des souvenirs et l'auteur se remémore et nous entraîne avec lui dans ces moments doux d'adolescence.
La découverte de la sensualité, les filles, la mer, les copains et son grand père qui allait bien.
Alors comme pour le maintenir en vie plus longtemps, il tire les photos de leur boite une à une.
Chaque cliché tiré hors de sa boite sera l'occasion de se raconter l'un à l'autre.
L'adolescence et l'insouciance des instants vécus se rappellent au narrateur à l'âge où il prend conscience que les choses filent, que le temps le rattrape, emportant avec lui l'essentiel.
Différences d'appréciations pour un même instant donné, analysé à des années d'écart.
Ce que nous avions perçu, enfant, avec l'insouciance des temps jadis, diffère tellement de la façon dont nous analysons ce même moment à l'âge adulte.

Je dois bien avouer que j'ai été un peu déroutée par la construction au départ.
Des chapitres très courts, dont le désordre chronologique m'a obligé à me concentrer pleinement dans un premier temps seulement car très vite, les repères s'installent et la lecture se fait fluide.

Ce roman est un roman olfactif.
Les odeurs iodées de la mer et des pinèdes s'imposent à nous tellement les descriptions sont limpides.
On respire le grand air à la lecture de ce livre malgré l'attente oppressante de connaître le sort prochain du grand-père.
Sébastien Berlendis nous régale de son écriture à la fois poétique et oh combien nostalgique.
Des chapitres comme des Polaroïds. D'ailleurs, nombreuses références à la photographie se retrouvent dans ce roman.
Et l'ultime phrase du livre, toute en pudeur qui scelle le sort de chacun ... Un très beau roman donc qui m'a inéluctablement ramenée à ma propre enfance, lorsque chaque été nous partions en famille dans l'appartement de mes grands parents au bord de la mer.
Mes grands parents ne sont plus mais c'est très régulièrement que je me plonge, seule, dans mes boites à photos remplies d'enveloppes classées par années.
Parfois, j'invite mes enfants a s'y plonger avec moi et c'est ensemble que nous faisons revivre le passé.

Je tiens à remercier les éditions Stock et NetGalley pour ce partenariat.
Et un grand merci bien sûr à Sebastien Berlendis pour ce moment de lecture plein d'émotions.
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« Lorsque j'avance dans la pinède aujourd'hui clairsemée et fermée par des clôtures de bois, des souvenirs affleurent. Ils viennent de loin ces visages, ces gestes, ces bruits. Au coeur de la pinède, des fantômes habitent mon corps. »
Venu voir une dernière fois son grand-père mourant, le narrateur nous amène au pays de son adolescence dans un camping au bord de la mer à La Londe-les-Maures
« La douleur de la maladie assombrit mon grand-père. le traitement assomme le corps, le moral craque, les yeux lâchent, la voix et la mémoire restent en vie. Je redoute que les choses de l'été deviennent pour lui des espaces sans formes i noms. Alors je continue l'histoire, je décris les lieux, il me raconte à nouveau.
Le paysage devient le décor de son film ; la caravane rouillée laisse la place à la vie, la jeunesse, les siestes, les parties de boule, les virées entre copains, les premiers émois amoureux, les grands-parents.

Je regarde l'homme se souvenir du jeune homme qu'il était. Les vacances varoises avec ses grands-parents, les amitiés… ont forgé l'homme qu'il est devenu.
Dédé Faye Aldo Marchetti Marius Paul Saba Maurice Avis monsieur Lahoude, écrire et répéter ces noms d'hommes du Sud, faire apparaître leurs visages. Je suis encore assez jeune, l'ombre ne noircit pas la mémoire.
Comme dans ses deux précédents romans, Une dernière fois la nuit et L'Autre pays, Sébastien Berlandis, égrènent ses souvenirs sans ordre chronologique, par petits paragraphes, comme des instantanés, des polaroïds un peu fanés mais si vivaces.
« Quand je traverse les Maures, les temps se mélangent. »

L'écriture impressionniste, quasi envoûtante, de Sébastien Berlendis agit une fois de plus. Ce livre a fait ressortir mes souvenirs de vacances au bord de l'Atlantique. La découverte d'un autre monde, l'insouciance, les flirts inoffensifs et chastes (question d'époque).
En ré-ouvrant le livre pour écrire cette chronique, j'ai presque l'impression de sentir du sable rouler sous mes doigts qui tournent les pages.

J'ai eu la chance de le rencontrer, je l'attendais, à la librairie « le Cyprès » où il venait parler de son livre. Une rencontre éclair, j'avais une réunion et n'ai pu rester l'écouter.
Merci Sébastien Berlendis pour votre gentille dédicace.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Maures, de Sébastien Berlendis c'est un concentré de senteurs, de visuels, de rencontres estivales et un bel hommage discret à un grand-père aimé. Un écrit nostalgique du temps des vacances. On y entend le coeur de toute une région et plus particulièrement du département du Var, qui, au rythme des saisons et des années, opère des changements, lui aussi. Un livre qui relate l'enfance qui s'en va, l'adolescence, l'éveil des sens et les corps des filles. Au fil du récit, comme un rappel au temps qui passe, l'évocation de Bellisa, Léna, Suzanne, Louise et Marie, ces filles d'étés qui cheminent un moment dans l'existence du narrateur sont auréolées de couleurs, d'odeurs, d'un regard tendre. Et puis, en filigrane, tout en pudeur, la douloureuse expérience de la perte de ceux que l'on aime. Une écriture sans fioriture où la poésie s'invite, une écriture qui accroche le lecteur et caresse l'âme. Durablement.
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Il ne faut parfois pas beaucoup de pages pour émouvoir et nous transporter dans des souvenirs d'un auteur mais qui peuvent aussi être les nôtres. Avec une belle écriture, simple et poétique, Sébastien Berlendis nous entraîne dans ses souvenirs de vacances d'été et en particulier celles qu'il a passé dans un camping de caravanes avec ses grands parents. Lu au mois d'août, ce livre est parfait et m'a permis aussi de me souvenir de vacances d'enfance et d'adolescence au bord de la mer et des souvenirs familiaux. J'ai beaucoup apprécié la délicatesse et tendresse dont l'auteur distille au fils de ses pages ses souvenirs et ses rapports avec sa famille. Un nouveau texte de cet auteur dont j'avais déjà apprécié la lecture avec « l'autre pays » et « une dernière fois la nuit ». de beaux textes et publiés dans un format très agréable.Merci infiniment à Zazy d'avoir fait voyager ce tendre et délicat livre.
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Une plongée dans l'adolescence du narrateur lorsqu'il passait ses vacances à La Londe-les-Maures dans le Var. Une succession de courts chapitres comportant chacun un enchaînement de paragraphes non chronologiques pour évoquer, pêle-mêle, toute une série de souvenirs : paysages typiques, plage, pinède, camping, balades, natation, plongeons, tennis, famille, copains, copines, premières rencontres amoureuses... le temps passe inexorablement et le grand-père du narrateur est en fin de vie, difficile de retenir le temps : "La maladie de mon grand-père file droit devant, le corps se dégrade à une vitesse folle. Je veux le conduire à La Londe, lui décrire la reconstruction des plages, manger des fruits de mer au restaurant le Wagon." (p 87)
Une écriture élégante, certains passages font écho aux vacances de notre enfance et de notre adolescence. Une lecture à laquelle j'ai pris plaisir à partir du moment où je n'ai pas cherché un fil conducteur fort, mais où je me suis laissée dériver sur le flot des paragraphes, en privilégiant le ressenti.
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