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Critique de EmmanuelleCarpenter


"Recyclage: le grand enfumage", Flore Berlingen, 2020, Rue de l'échiquier

Le sous-titre de cet essai est "Comment l'économie circulaire est devenue l'alibi du jetable".

Flore Berlingen fait la lumière sur le rôle que l'industriel doit jouer en matière de recyclage, sans culpabiliser le consommateur, mais en l'informant.

Quelques exemples de cet enfumage:
- "emballage recyclable" sur un produit ne veut pas dire qu'il existe une filière de recyclage de ce produit. Il est souvent recyclable en théorie, mais finira enfoui ou incinéré.
- les eco-organismes qui collectent les fonds pour organiser le tri et le recyclage ont pour adhérents les industriels eux-mêmes: les malus qui leur sont imposés sont ridiculement bas, les campagnes à destination du grand public servent à faire de la publicité aux grands groupes.
- au lieu de réfléchir à une réduction des déchets et des emballages, toute la recherche s'oriente vers toujours plus d'emballages, mais "verts". Encore faut-il que les collectivités territoriales puissent suivre derrière. Les actions plus locales en faveur du compostage ou du non-emballage ne ramassent que les miettes du financement.
- les textiles sont de mauvaise qualité intentionnellement, obligeant le consommateur à le renouveler chaque mi-saison.
- les produits que nous trions feront souvent des milliers de kilomètres vers l'Asie pour être recyclés, avec des normes environnementales bien médiocres comparées à celles de l'Europe.
- un produit recyclé perd en matière et de la matière première est forcément réinjectée pour fabriquer de nouveaux produits, puisant encore plus dans les ressources naturelles de la Terre.
- la multiplicité des emballages, des couleurs, des formes, des matières… complique considérablement la tâche des centres de tri et les collectivités territoriales ne peuvent pas suivre la cadence imposée par les industriels.

Voilà 120 pages extrêmement denses et documentées, très bien écrites. J'étais déjà très concernée par le sujet choisissant mes produits en fonction de leur (non) emballage; je le suis encore plus maintenant. C'est à nos politiques de prendre le problème à bras le corps, sans se laisser "enfumer" par les lobbys de la grande distribution, du textile et de l'emballage. Une chose est sure, l'industrie du plastique n'est pas prête à lâcher l'énorme part du gâteau qu'elle possède; l'objectif étant "toujours plus de croissance".

Si vous vous sentez un tant soit peu concernés par notre planète et votre consommation, lisez cet essai et changez votre regard sur le recyclage. N'oubliez pas que ce sont nos impôts qui payent ce recyclage dont nous pourrions nous passer.
Pour ma part, je suis en route vers le zéro déchet, mais en attendant, il n'est pas question d'abandonner le tri.
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