AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782266002165
Pocket (09/09/1998)
4.04/5   27 notes
Résumé :
La plus formidable citadelle élevée sur notre terre depuis le Moyen-Age : Mauthausen.
Mauthausen aux 155 000 morts.
Dans le ventre de la colline, l'homme a ouvert une carrière. Le fond du cratère est relié à la lèvre du volcan par un escalier de 186 marches taillé dans la falaise. Calvaire quotidiennement renouvelé dont chaque station a été marquée par la sueur et le sang de milliers de morts. Mauthausen, c'est avant tout cela : "Les 186 marches", "l... >Voir plus
Que lire après Les 186 Marches - MauthausenVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Vu sa couverture et vu le fait que l'aigle et la svastika se trouvent aussi sur la tranche du livre, il reste dans un coin sombre de la bibliothèque.

Tout aussi prenant que tous les autres de la collection de Bernadac, ce livre nous décrit la vie au camp de Mauthausen.

Bien qu'il ne fut pas le seul camp de concentration allemand destiné à l'extermination par le travail (Vernichtung durch Arbeit), Mauthausen-Gusen était l'un des plus sévères et des plus violents. Les conditions de travail étaient jugées particulièrement dures, même selon les standards des camps de concentration.

Les prisonniers ne souffraient pas seulement de malnutrition, de baraquements surpeuplés et de violences permanentes de la part des gardes et des kapos, mais devaient effectuer des travaux très durs. le travail dans les carrières était "réservé" aux prisonniers coupables de soi-disant "crimes" dans le camp comme par exemple, ne pas avoir salué un Allemand.

Le travail dans les carrières, dans une chaleur étouffante ou par des températures de -30 °C, entraînait des taux de mortalité particulièrement élevés.

Les rations alimentaires étaient limitées et durant la période 1940-1942, le poids moyen des prisonniers était de 40 kg.

Les rations alimentaires journalières estimées à 1.750 kilocalories durant la période 1940-1942 passèrent à environ 1.300 sur la période 1942-1944.

En 1945, les rations étaient encore inférieures et n'excédaient pas 600 à 1000 kilocalories par jour, moins du tiers de l'énergie nécessaire à un travailleur standard de l'industrie lourde. Cela mena des milliers de détenus à mourir de faim.

Les SS sont sans pitié (mais ça, on le savait déjà), et s'amusent à tourmenter les prisonniers, à les brimer, à les briser...

Un livre assez prenant, mais pas facile à lire... Beaucoup de détails techniques qui nuisent à la lecture, sans oublier que ce n'est pas un livre qui se lit comme un roman.

Commenter  J’apprécie          82
Un livre qui nous parle de Mauthausen et de son supplice de 186 marches qui a vu beaucoup de morts accidentelles et voulues.C'est aussi,la resistance espagnole au sein du camps pour une petite amelioration des conditions de vie;c'est aussi les soldats sovietiques qui ont reussi une terrible evasion avec le peu qu'ils avaient a disposition pour faire face aux horribles ss ;c'est le livre du courage,de l'ingeniosite,du refus de l'enfermement,et de l'hymne a la liberte.
C'est un livre dur tant la realite des conditions de vie,de travail ont été affreuses.
Un livre pour ne pas oublier,pour rendre hommage a tous ces prisonniers,a ces hommes qui ont vecu l'horreur et qui ont pu temoigner
Commenter  J’apprécie          110
Christian Bernadac, spécialiste de la question de la déportation, livre une oeuvre somme sur un camp d'extermination par le travail souvent cité mais finalement assez peu connu.

Mauthausen, c'est un escalier brut de 186 marches, qu'il fallait pour les internés du camp monter et descendre avec des pierres pesant jusqu'à 50kg, sous les coups de l'Organisation nazie (SS, kapos, criminels de droit commun,...) et dans un état physique, et moral, évidemment déplorable. Les nazis en ont fait un lieu de travail rémunérateur (une dernière annexe montre le chiffre d'affaires de cette carrière), mais surtout un cimetière à ciel ouvert propice à toutes sortes de jeux morbides, de tortures et de massacres défiant l'imagination.

Mais Mauthausen, c'est aussi un exemple de camp où une véritable organisation s'est mise en place. Les déportés étant pour beaucoup des résistants et soldats de toutes nationalités en premier desquelles l'Espagne, cette organisation à certainement évité un nombre de morts considérables, et comme le précise le dernier chapitre, une exécution massive et définitive : la liquidation du (et des camps qui dépendaient de Mauthausen) camp et de ses prisonniers.

Avec intelligence, et parce que ce n'est pas le propos, Bernadac évite de comparer le comportement des internés de Mauthausen avec celui des autres camps d'extermination. Auschwitz, pour prendre un exemple "célèbre", abritait une population civile qui, d'une part, ne possédait pas l'expérience des Espagnols et des Français de Mauthausen, d'autre part, a réussi d'une certaine manière à organiser leur vie dans le camp.

Le document de Bernadac reste très... documentaire : son travail consiste en grande partie à organiser les témoignages, nombreux, des survivants. Les infos se recoupent, se complètent, se nourrissent. le but est clairement l'objectivité, et contraindre toute forme de négationnisme, déjà présent à l'époque (dès la fin de la guerre d'ailleurs), au silence.

En ressort un texte parfois technique, difficile, mais précieux, indispensable, à travers lequel on ne finit pas de ne pas comprendre comment l'humanité a pu ainsi verser dans l'innommable.
Commenter  J’apprécie          20
Un livre poignant duquel on ne ressort pas indemne. Un livre dur. Un livre vrai.

Un hommage aux prisonniers de ce camp qui même s'il n'est pas le plus connu, reste un des plus durs.

Merci à l'auteur de ce livre et de son écriture.

Ne pas confondre cependant avec une fiction utilisant des faits réels. On doit avoir une idée de ce à quoi on s'attend en ouvrant cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Entre le porche du camp et les premières marches de la carrière, une pente assez raide.

Ce trajet, en hiver, était épouvantable car le sol gelé ressemblait à une patinoire de compétition et les semelles de bois des socques, sur la glace, à des lames de patins.

Les glissades nombreuses étaient dramatiques car, dans la confusion générale, certains perdaient l'équilibre et plongeaient vers la gauche, c'est-à-dire vers le précipice et le gouffre de la carrière les avalait après une chute verticale de cinquante à soixante mètres ; quant à ceux qui "partaient" en dérapage vers la droite, ils franchissaient la "zone interdite" et les miradors ouvraient le feu sur ces "fuyards".

Pendant deux mois et six jours, j'ai réalisé des acrobaties pour ne pas tomber dans ces deux traquenards. J'ai eu de la chance parce que j'étais jeune.

Ensuite, il y avait l'escalier. Le fameux escalier de Mauthausen. A l'époque, il n'avait que 180 marches.

C'est en mars 1942 que l'équipe des maçons de la carrière rectifia légèrement son profil et le porta à 186 marches; "notre" escalier, bancal, aux échelons disproportionnés (cinq ou six marches avaient plus de cinquante centimètres de haut) avait des paliers de terre battue.

Nous appelions les jours de grands massacres : "offensive". Bien sûr, nous avons connu des jours plus calmes, surtout lorsqu'il n'y avait plus de Juifs ou de condamnés à exécuter, mais avec de nouvelles arrivées, les "séances" recommençaient :

- Je me souviens de la fin janvier 1942. Nous venions de connaître trois ou quatre jours relativement paisibles : seulement quelques morts ; juste ce qu'il fallait pour satisfaire les S.S. Pas trop d'énervement non plus. Des contrôles coulants : une pierre moyenne ou "molle" ne déclenchait aucune "grosse colère".

Un matin le calme fut rompu. Depuis deux jours des convois de Juifs étaient incorporés. Mauthaüsen débordait. S.S. et Kapos allaient pouvoir s'en donner à cœur joie.

Ce matin Ià, tout commença sur la place d'Appel, à la formation des kommandos : en quelques minutes, trente morts... au hasard.

Et l'interminable colonne se mit en marche.

La "chair à canon" était composée d'une majorité d'Espagnols, avec quelques Tchèques, Yougoslaves et Polonais.

Derrière, les « centaine s» de Juifs. Les Kapos nous disaient à l'oreille : "Aujourd'hui, grosse offensive. Beaucoup de Juifs. Ne pas vous mélanger avec. Juden alle kaputt ! "
Commenter  J’apprécie          184
- Des nouveaux?
- Pas pour aujourd'hui.
- Demain?
- Sûrement. Dans la matinée.
- Un gros arrivage ?
- Je ne sais pas! Mais le convoi annoncé comporte une longue liste de Juifs.
Luis Garcia baisse la tête.
- Fini le calme !

Il se retourne vers le grand escalier aux larges marches de granit.

- Ils ne descendront qu'après-demain.

Il choisit une pierre, la soupèse.
- Trop lourde !

Celle qu'il ramasse semble plus volumineuse, mais c'est - comme l'on dit au fond de la carrière de Mauthausen - un parfait "trompe-l'œil", une pierre "molle".

Ainsi donc, après quatre jours de "détente", "la folie" allait recommencer :
- Pourvu qu'il n'y ait pas trop de Juifs !

Et puis, à quoi bon ! Même s'ils ne sont qu'une poignée, les "marchands de bestiaux" compléteront la "centaine", à la formation des kommandos, par des condamnés.

Ce groupe de travail, ou mieux d'extermination, était connu sous l'appellation officielle de "Baukommando n° 11".

Le travail consistait surtout à remonter les pierres de la carrière nécessaires à la construction et, plus tard, à l'agrandissement du camp. Trois groupes distincts de déportés composaient la colonne du "Baukommando Il".

En tête, trois "centaines" de punis de la Strafkompanie (compagnie disciplinaire). Son Oberkapo s'appelait Paul Mayer.

Au centre, les "disponibles" :
La "chair à canon" - de différentes nationalités mais surtout, pendant cette période 1941-1942, des républicains espagnols.
Les "disponibles" formaient six bonnes "centaines".

Derrière, sept ou huit "centaines" de Juifs bons à exterminer.

Les membres du groupe de tête ne pouvaient être confondus avec les autres. Chacun portait dans le dos un « triiger », support de bois maintenu par des lanières de cuir, un peu à la manière des sacs tyroliens, sur lequel étaient empilées les pierres taillées.
Commenter  J’apprécie          50
Le camp de Mauthausen est relié au fond de la carrière par un escalier de 186 marches.

Vision infernale et monstrueusement irréelle que celle de ces hommes au crâne nu, amaigris, pâles, vêtus d'innombrables loques, qui gravissent, en geignant, les 186 marches de ce calvaire collectif, sans s'arrêter, portant leur pierre sur l'épaule, sous les bras, sur le ventre, tous en rangs serrés, pendant que les Kapos et les SS gueulent, aboient et frappent.
Commenter  J’apprécie          50
Le nazisme allemand a commis l'erreur de meconnaitre totalement l'homme et les ressorts insoupconnes qu'il peut mettre pour vaincre le mal physique et moral.L'evasion par le reve et l'imagination ou rien ni personne ne peut vous atteindre
Commenter  J’apprécie          90
Neuf survivants.
Neuf survivants sur les six ou sept cents détenus que comptait le block 20 le 2 février 1945.
Neuf survivants qui, avec leurs camarades, ont réalisé probablement, le plus grand exploit de toute l'histoire de la déportation.

À propos de "la grande évasion du block 20".
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : déportationVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (113) Voir plus



Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Christian Bernadac ?

Les médecins ... ?

Atroces
Teigneux
Maudits
Eprouvé

10 questions
2 lecteurs ont répondu
Thème : Christian BernadacCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..