[•••] Au temps de Guernica, il m'a dit, dans ce même atelier : les fétiches ne m'ont pas influencé par leurs formes, ils m'ont fait comprendre ce que j'attendais de la peinture. Il tient et regarde l'idole-violon des Cyclades. Son visage naturellement étonné redevient le masque intense qu'il a pris quand il regardait les photos. Changement instantané. Télépathique. (Braque m'a parlé de "son côté somnambule") Il n'a pas fait un geste, il continue à parler ; la lumière et l'atmosphère sont les mêmes ; des bruits continuent à monter de la rue. Mais il vient d'être pris d'une angoisse et d'une tristesse communicatives. Je l'écoute, et j'entends une phrase qu'il disait au temps de la guerre d'Espagne : "Nous les Espagnols, c'est la messe le matin, la corrida l'après-midi, le bordel le soir. Dans quoi ça se mélange ? Dans la tristesse. Une drôle de tristesse. Comme l'Escurial. Pourtant je suis un homme gai, non ?" Il semble gai, en effet. [•••]
André Malraux. La Tête d'obsidienne, Gallimard 1974.
Témoignages et documents (p. 134)
Révolutionnaire dans son art, Picasso le fut également dans sa vie et ses idées politiques. A tous les événements tragiques qui secouent le XXe siècle, il répond à sa façon pour défendre la liberté. Dans les années 1936-1939, le drame de la guerre civile qui déchire l'Espagne s'exprime dans Guernica, devenu un des plus célèbres tableaux du siècle. Plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, à un officier nazi qui lui demande, en lui montrant une reproduction de Guernica : "C'est vous qui avez fait cela ?", il répondra : "Non, c'est vous !" (p.148)
Picasso et la politique (Témoignages et documents)
Depuis son arrivée à Paris jusqu'à la fin de sa vie, Picasso entretiendra des amitiés riches et durables avec les plus grands écrivains du XXe siècle : Max Jacob, Apollinaire, Cocteau, Eluard, Breton, Aragon, Reverdy, Char... Il aborde lui-même ce nouveau domaine à partir de 1935, dans des poèmes dessinés et deux pièces de théâtre : Le Désir attrapé par la queue (1941) et Les Quatre Petites Filles (1952).
Picasso et la poésie, Picasso et les poètes (p.138)
Témoignages et documents
Hélène Seckel et
Marie Laure Bernadac sur le
musée Picasso
Les conservateurs du
musée Picasso, Hélène SECKEL et
Marie Laure BERNADAC sont interviewées en plateau sur le nouveau
musée Picasso de Paris. Elles retracent l'histoire de l'Hotel Salé qui accueille la dation Picasso, ainsi que les difficultés à régler les problèmes de succession. Elles présentent la collection du
musée.