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Bernanos : Essais et écrits de com... tome 2 sur 2

Michel Estève (Directeur de publication)
EAN : 9782070106530
1903 pages
Gallimard (05/12/1995)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Deux courants essentiels partagent l'oeuvre de Bernanos. Un courant inspiré par la fiction ou courant romanesque, indissociable cependant des années 1920-1940. Un courant de caractère "politique", inspiré encore plus directement par l'histoire, auquel se rattachent des écrits, appelés d'ordinaire "pamphlets", que nous désignons ici même par les termes : "essais et écrits de combat". Pourquoi ? Parce que le genre littéraire auquel ils appartiennent les définit beauco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
[Parmi les nombreux textes présentés dans ce tome de la Pléiade, je n'ai lu que La France contre les robots]

Je découvre Georges Bernanos avec ce texte car un ami m'a conseillé ses livres récemment. Je n'avais pas connaissance de cet essai politique riche, incisif et drôle - à l'ironie mordante ; on y découvre un auteur engagé et radical, l'histoire se mêlant ici, de manière romantique, aux idées politiques.

Bernanos est un catholique patriote exilé au Brésil durant la Seconde Guerre mondiale et il observe avec exaspération les français se soumettre à une menace qu'il estime plus dangereuse que toute autre : la société de consommation et le système technologique et industriel qui la soutient, qui privent l'homme (le français) de sa liberté et de ses droits fondamentaux en l'aliénant et en le réduisant à l'esclavage de ses propres désirs indomptés.

Il y a donc tout cet emballage patriotique, qui est à remettre dans son contexte, mais l'exposé historique de l'avènement de la société de consommation est très convaincant, d'autant que, comme je l'ai dit plus haut, Bernanos ne manque pas d'humour et d'ironie (voir combien de fois est utilisée l'apostrophe : "Imbéciles !" pour qualifier ses compatriotes qui promeuvent et défendent Le Progrès technique sans en comprendre les implications.)
Ci et là sont glissées des allusions aux catastrophes écologiques causées par la "Technique".

Écrit en 1944 et publié en 1946, Bernanos propose une analyse fine de la guerre totale, de la construction des États modernes, il perçoit que les idéologies politiques du XIX-XXe siècles ne remettent au final pas en question la dépendance de l'humain à la Technique. Il récuse les accusations de "passéisme" qui sont systématiquement opposées à la techno-critique.

Il estime toutefois son essai comme étant trop tardif, relevant simplement du "bon sens" alors que s'il l'avait écrit cinquante ans plus tôt, début XXe donc, il aurait pu être qualifié de "génie protecteur de l'humanité". (p. 1046) Que penserait-il aujourd'hui, alors que le mouvement s'est accéléré et amplifié dans des proportions quasi-inimaginables ...

Un court texte qui ne peut laisser indifférent tant il est brûlant d'actualité.

(Un mot sur le titre, tout de même, qui pourrait faire sourire aujourd'hui pour le côté "kitsch/vieux mauvais film de Science-fiction" : Bernanos voulait à l'origine appelé son livre Hymne à la liberté, ça fait plus sérieux quand même. C'est quelqu'un d'autre qui a suggéré "La France contre les robots" ! pp. 1727-1728)
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans ma famille catholique et royaliste, j’ai toujours entendu parler très librement et souvent très sévèrement des royalistes et des catholiques. Je crois toujours qu’on ne saurait réellement "servir" - au sens traditionnel de ce mot magnifique - qu’en gardant vis-à-vis de ce qu’on sert une indépendance de jugement absolue. C’est la règle des fidélités sans conformisme, c’est-à-dire des fidélités vivantes.
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La pensée de Bernanos suggère sur ce point une dialectique de passé et de l'avenir. Car le secours au passé, s'il tente d'expliquer, par contraste, le présent, vise surtout à préparer le futur. On ne saurait taxer Bernanos de "passéisme" entendu au sens ordinaire du terme : "Or, je ne suis nullement "passéiste", je déteste toutes les espèces de bigoteries superstitieuses qui trahissent l'Esprit pour la lettre. Il est vrai que j'aime profondément le passé, mais parce qu'il me permet de mieux comprendre le présent - de mieux le comprendre, c'est-à-dire de mieux l'aimer (...)." S'il se tourne vers le passé de la France, c'est pour y chercher une expérience capable de répondre à l'attente de son époque. Il s'agit moins de revenir "en arrière", que de repartir "en avant" dans une autre direction : "Lorsqu'on dit : revenir de ses erreurs, cette expression ne signifie nullement un retour en arrière. Mais on devrait évoquer bien plutôt l'idée d'un changement de direction dans la marche en avant."
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Pour Bernanos, la tradition de la liberté - clef de voûte de la révolution de 1789 - s'enracine dans l'Ancien Régime, où les parlements, de même que les privilèges, représentaient autant d'obstacles à l'emprise possible d'une tyrannie : "L'homme du XVIIIe siècle a vécu dans un pays tout hérissé de liberté." Notre époque, estime-t-il, tend au contraire à privilégier le concept d'égalité, qui risque d'entraîner "tôt ou tard, l'autorité absolue et sans contrôle de l'État sur les citoyens". D'où l'opposition, développé à plusieurs reprises sous des formes différentes dans le corps de l'essai, entre deux types d'hommes, deux types de civilisation. L'homme de l'ancien régime, par fidélité absolue à l'esprit de liberté, tenait peu ou prou l'État pour un adversaire ; l'homme du XXe siècle, dressé "à confondre la justice et l'égalité", attend tout de l'État, de sa naissance à sa retraite : protection, assistance, sécurité.
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Le refus d'une société de consommation, au sein de laquelle l'homme renonce fréquemment à sa vocation de créateur en acceptant de devenir un simple pion sur un échiquier ; la méfiance à l'égard de l'État qui tend à s'ériger, dans la vie quotidienne, en absolu déifié; l'aversion à l'égard de l'argent, des "marchands de coton de Manchester", des "mécaniques à faire de l'or"; enfin l'appel à l'esprit, la volonté de proposer la renaissance de la "vie intérieure" pour résister à une civilisation inhumaine, sont autant de thèmes qui devaient être repris en grande partie lors de l'explosion de Mai 1968.
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Dans la lignée de Michelet, l'auteur de Note conjointe sur M. Descartes et sur la philosophie cartésienne affirmait que la monarchie française, centralisée, "étatisée" par Philippe le Bel, était devenue "impérial", et par conséquent "moderne" : de telle sorte que la révolution de 1789, lorsqu'elle "décapita la royauté", "ne décapita pas la royauté. Elle ne décapita plus que du moderne".
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Vidéo de Georges Bernanos
« Rien ne me réconcilie, je suis vivant dans votre nuit abominable, je lève mes mains dans le désespoir, je lève les mains dans la transe et le transport de l'espérance sauvage et sourde ! » (Paul Claudel, Cinq Grandes Odes)
« Singulière figure que celle de Georges Bernanos (1888-1948) […]. Sorte de Protée des haines et de l'amour, il semble ne jamais offrir deux fois le même visage. Il y aurait plusieurs Bernanos : un Bernanos de droite, à cause des Camelots du Roi, un Bernanos de gauche à cause des Grands Cimetières sous la lune ; un Bernanos romancier des abîmes de la condition humaine, ou un Bernanos pamphlétaire névropathe ; un Bernanos anticlérical, un Bernanos pieux catholique ; un Bernanos antisémite, un Bernanos réactionnaire, un Bernanos prophète, un Bernanos énergumène, un Bernanos enthousiaste... L'inventaire est sans fin […]. Romancier, essayiste, journaliste, Bernanos est l'homme d'une oeuvre vaste mais unifiée, tout entière contenue dans cette tâche qu'il découvrit être la sienne : rendre témoignage à la vérité, en manifestant de toutes les manières possibles ce qui est pour lui la finalité de toute condition humaine. […] Bernanos ne se faisait aucune illusion quant à l'efficace immédiate de ses écrits sur la marche du monde. C'est, toujours et seulement, de la révolte de l'esprit, la seule qui vaille, qu'il est question chez lui. […] » (Romain Debluë)
« […] C'est sans doute ma vocation d'écrire, ce n'est ni mon goût ni mon plaisir, je ne puis m'empêcher d'en courir le risque, voilà tout. Et ce risque me paraît chaque fois plus grand, parce que l'expérience de la vie nous décourage de plaire, et qu'il est moins facile encore de convaincre. J'ai commencé d'écrire trop tard, beaucoup trop tard, à un âge où on ne peut plus être fier des quelques vérités qu'on possède, parce qu'on ne s'imagine plus les avoir conquises, on sait parfaitement qu'elles sont venues à vous, au moment favorable, alors que nous ne les attendions pas, que parfois même nous leur tournions le dos. Comment espérer imposer aux autres ce qui vous a été donné par hasard, ou par grâce ? […] Il faut vraiment n'avoir pas dépassé la quarantaine, pour croire que dix pages, cent pages, mille pages d'affirmations massives sont capables de forcer une conscience : c'est vouloir ouvrir la délicate serrure d'un coffre-fort avec une clef de porte cochère. L'âge aidant, il me paraît maintenant presque aussi ridicule et aussi vain de dire au public : « Crois-moi ! » qu'à une femme : « Aime-moi ! » et le résultat est le même, soit qu'on ordonne ou qu'on supplie. Rien n'est plus facile que de prêcher la vérité. le miracle, c'est de la faire aimer. […] » (Georges Bernanos, Comprendre, c'est aimer, paru dans La Prensa, à Buenos Aires, le 19 janvier 1941.)
0:04 - Réponse à une enquête 11:30 - Générique
Référence bibliographique : Georges Bernanos, Scandale de la vérité, essais, pamphlets, articles et témoignages, Éditions Robert Laffont, 2019
Image d'illustration : https://www.france-libre.net/bernanos-appel/
Bande sonore originale : Carlos Viola - The Four Witnesses (Piano Version)
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/the-four-witnesses
#GeorgesBernanos #scandaledelavérité #LittératureFrançaise
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