Il faut savoir risquer la peur comme on risque la mort, le vrai courage est dans ce risque.
La véritable humilité est d'abord une décence, un équilibre.
La vie était pour elle comme remplie à pleins bords d'un breuvage délicieux qui se changeait en amertume dès qu'elle y trempait les lèvres.
Ma pauvre enfant, un poisson ne saurait vivre hors de l'eau, mais un chrétien peut très bien vivre hors la Loi. Que nous garantissait la Loi ? Nos bien et nos vies. Des bien auxquels nous avons renoncé, une vie qui n'appartient plus qu'à Dieu... Autant dire que la loi ne nous servait pas à grand-chose.
On dirait qu'au moment de la lui donner, le bon Dieu s'est trompé de mort, comme au vestiaire on vous donne un habit pour un autre. Oui, ça devait être la mort d'une autre, une mort pas à la mesure de notre Prieure, une mort trop petite pour elle, elle ne pouvait seulement pas réussir à enfiler les manches...
Le malheur, ma fille, n'est pas d'être méprisée, mais seulement de se mépriser soi-même.
On n'a pas peur, on s'imagine avoir peur. La peur est une fantasmagorie du démon.
On franchit une montagne et on bute sur un caillou.
On ne meurt pas chacun pour soit, mais les uns pour les autres ou même les uns à la place des autres.
Or, en humilité comme en tout, la démesure engendre l'orgueil.