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sur 624 notes
Georges Bernanos - Journal d'un curé de campagne - 1936 : de quoi parlait-on dans ce livre ? du courage d'un jeune homme issu d'une famille pauvre se retrouvant à prêcher une vie qu'il n'a pas connue à une population pervertie depuis longtemps par les caprices de l'existence. Être curé dans les campagnes françaises au début du 20ème siècle c'était revivre chaque jour l'existence de Jésus Christ dans le désert, connaître la pauvreté, le dénuement et la solitude. L'ère des nababs à soutane était finie depuis que la république s'était séparée de l'église et alors que le sacerdoce ne permettait plus d'obtenir des postes richement dotés les séminaires ne formaient plus que des prêtres issus des classes les plus populaires. Lui souffrait dans son âme du mépris affiché envers sa personne par les notables du village, il souffrait aussi dans sa chair épuisée par un cancer qui exacerbait ses doutes et ses questionnements sur sa propre foi. On avait beau être un serviteur de dieu, on en était pas moins un homme avec ses peines et ses faiblesses. Ce journal explorait avec simplicité les tourments de celui qui avait en charge les consciences des autres alors que lui-même portait la sienne enfoncée dans son crâne comme la couronne d'épines sur la tête du christ. Les pages alignaient l'écriture décharnée d'un individu dévoué à son prochain touchant par sa bonté sans artifices et sa confiance juvénile en cet être humain qui pourtant lui montrait chaque jour toute sa bassesse. le propos n'était pas joyeux, il versait même souvent dans la mélancolie et la souffrance. Les petites victoires du quotidien (monter un club de sport pour la jeunesse, ramener la femme du châtelain mortifiée par les infidélités de son mari dans le giron de dieu) ne comblaient en rien les échecs subis pendant son ministère et l'incompréhension grandissante entre lui et une partie de ses paroissiens. Ce livre dévasté montrait que la religion vécue sans partage n'était qu'un vaste champ douloureusement stérile, une plaie ouverte à toutes les tentations. du désespoir à l'exaltation ce texte remuait profondément le lecteur qu'il soit croyant ou non...
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Bernanos pour Pâques. Certaines matines vont clocher.
Un jeune prêtre est nommé curé d'Ambricourt, patelin du nord de la France que Stéphane Bern ne devrait pas sélectionner pour le prochain « Plus beau village français » si on se fie à la lecture de ce roman. Les chasseurs de têtes et d'auréoles de l'époque avaient du mal à recruter depuis que la robe avait perdu de sa noblesse. le métier n'était plus très bien payé, le célibat grattait sérieusement sous la soutane et le télétravail n'existait même pas, même si déjà les réunions avec le patron étaient dématérialisées depuis presque deux mille ans. Priez pour moi.
Le curé s'installe dans sa nouvelle paroisse avec la naïveté et la maladresse des êtres trop purs. Côté comité d'accueil, il n'a pas droit à une parade en papamobile. Au mieux, c'est de l'indifférence. Au pire, un cocktail de sournoiseries dans le calice et l'hostie hostile. Cul sec et langues bien pendues. Son énergie et son enthousiasme se heurtent aux lâchetés de ses ouailles. La désillusion succède à l'exaltation, la foi en rempart, assiégée par la repentance. Il absorbe les fautes d'autrui et ne se pardonne jamais les siennes. Pour cela, il est toujours très pratique d'avoir un ami pratiquant.
Pour supporter son chemin de croix, il va rédiger son journal dans un cahier d'écolier, éclairé par un cierge, faute de budget pour les bougies parfumées. le titre du roman ne pouvait être plus éloquent. Un mécréant comme moi aurait choisi à tort « La grande désillusion » car, si rien n'est épargné au jeune curé, aucune épreuve n'ébranlera sa foi. le salut est un sacré sacerdoce. Faute de miracle et du ratio syndical de persécutions, difficile de faire du curé d'Ambricourt un saint, mais Georges Bernanos, très virulent contre l'évolution de son église qu'il accusait entre autres choses d'abandonner les pauvres, est parvenu à offrir la postérité à son vertueux personnage.
Chez le polémiste, la robe a perdu de sa noblesse et les souffrances du curé d'Ambricourt sont les siennes. Dans ses écrits, Bernanos s'indigne, provoque la polémique, proche en cela d'un Léon Bloy. Dans son roman, son prêtre, issu d'un milieu très pauvre n'a pas les armes pour lutter contre les injustices et son impuissance va dévorer sa santé.
Pas très rigolo tout cela. Mais tellement bien écrit et habité d'un souffle à décalotter un évêque, signature de Bernanos. Même si vous n'avez pas envie de vous plonger dans cette histoire, trichez un peu et lisez au moins la trentaine de pages (je sais que cela ne se fait pas mais je pense que cela ne mérite pas non plus confesse auprès du libraire chez qui vous squattez tous les samedis – une fessée tout au plus et trois chapitres d'un guide de développement personnel pour expier) qui décrit un extraordinaire moment de vérité entre le curé et la comtesse (page 175 à 206 de l'édition de poche). Chaque phrase est un chef d'oeuvre. Cet extrait m'a permis de fuguer de mon prosaïsme maladif pour un peu de spiritualité. Cela ne m'a pas fait de mal.
Je n'ai pas vu le film de Bresson mais les mots de Georges Bernanos se passent très bien d'images.
Ma foi, je n'ai pas arrangé mon cas. Salut le salut !
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J'avais déjà lu une grande partie du livre depuis sa réédition aux éditions pocket au printemps 2019.
C'est un roman qu'on lit par chapitres, pas tout d'un coup afin de pouvoir apprécier l'écriture.
Lors de l'opération Masse critique de ce mois de septembre, j'ai reçu la version audio des éditions Thélème et je les en remercie.
Ce qui venait bien à point car j'ai pu compléter ma lecture.
Le jeune curé d'Ambrecourt arrive dans une paroisse du nord et parle très vite d'ennui pas pour lui, pour les habitants.
Ensuite, il est vraiment préoccupé par les classes sociales, ce Dieu qui réconforte les pauvres mais ne leur apporte pas une vie meilleure.
Lui-même est né dans une extrême pauvreté et les prêtres vivent dans la pauvreté.
De faible constitution, il est souvent pris de maux d'estomac.
Le docteur du village lui confirme que son enfance pauvre, enfanté par des alcooliques n'a rien arrangé.
Il est bien triste ce roman mais tellement bien écrit.
J'ai beaucoup apprécié les échanges verbaux avec le curé de Torcy très fâché contre l'humanité, avec le docteur Debende qui avoue sa non croyance en Dieu et s'en justifie.
L'écriture est magnifique, presque envoûtante et je n'exagère en rien mon impression.
L'audition qui est arrivée alors que j'en étais au 17ème chapitre est tout autant prenante à condition de se plonger complètement dedans. J'ai pu lui consacrer du temps car mon mari avait de nombreuses réunions aujourd'hui. Je ne vais pas dire que j'étais fâchée qu'il rentre, j'avais assez écouté.
Le roman a reçu le prix de l'Académie française en 1936.
Dans les jours prochains, je m'intéresserai au parcours de vie de Bernanos car il me semble bien mouvementé.
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Lorsque Bernanos publie « Journal d'un curé de campagne » en 1938, la critique et le public l'acclament ; des millions d'exemplaires sont vendus, il obtient le grand prix de l'Académie française et André Malraux ira jusqu'à écrire dans la préface que ce livre est l'héritage de Dostoïevski et Balzac. Plus tard, il sera inclus dans la liste des douze meilleurs romans du demi-siècle aux côtés d'autres illustres oeuvres telles que « Les Faux-monnayeurs », « Thérèse Desqueyroux » ou « Un amour de Swann ».
Dans la petite ville d'Ambricourt, dans le nord de la France, un prêtre fraîchement sorti du séminaire prend ses fonctions. Son caractère effacé s'oppose aux réticences de ses nouveaux paroissiens doutant de ce jeune homme timide et souffreteux. Notre curé prend cependant des décisions pour sa paroisse : s'occuper sportivement des jeunes, visiter chaque famille au moins une fois par trimestre, … Régulièrement, Il rend visite au comte ( qui l'insupporte) à la comtesse ( qu'il finira par réconcilier avec Dieu) et leur fille Chantal ( qui le tourmente plus qu'autre chose). Très jeune, notre homme s'effondrera physiquement et mourra assez sordidement à Lille.
C'est un curé triste et qui souffre, mais c'est une tristesse qui rend bon et qui n'empêche pas les moments d'allégresse.
La première page du livre est vraiment d'une très grande beauté, quand il décrit le petit village de sa paroisse qui croule sous l'ennui et le compare à une bête couchée sous la pluie. Il y a beaucoup d'autres passages qui évoquent des images avec force, c'est une écriture qui touche profondément l'imagination. Au final on se sent vraiment bouleversé par ce jeune prêtre convaincu et on a l'impression d'avoir touché un peu l'indicible.
Toutefois, Bernanos tient à ne jamais peser sur le jugement du lecteur et, par ailleurs, son très beau roman peut se lire sans aucune connaissance religieuse particulière. Toutefois il n'est pas d'une lecture facile et suppose un minimum de concentration ; mais ça en vaut la peine : son Journal d'un Curé de Campagne constitue un enrichissement certain, tant sur le plan littéraire que spirituel.
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Le siècle dernier semblait encore propice à l'expression d'une individualité prise au piège d'une solitude nourrie par la différence. le vécu catholique, en proie à une désagrégation subtile, persistait encore courageusement et trouvait un écho plus direct chez ses lecteurs contemporains que ce ne serait le cas aujourd'hui. Quel ressort dramatique utiliserait-on à présent pour encadrer les illuminations mystiques d'un homme d'abord isolé à cause des autres, avant de choisir cette solitude comme vocation ? Dans la profession de foi de ce curé de campagne, le raccourci entre l'abandon et l'exaltation spirituelle se satisfait d'idées préconçues. Georges Bernanos peut déployer la panoplie des sentiments contrastés de son personnage avec une souplesse presque géniale, si elle n'était contrainte de fait à s'embarrasser de tous les lieux communs cristallisés autour de la vocation ecclésiastique.


Georges Bernanos s'éloigne tranquillement d'une forme de narration classique en nous soumettant le journal de son curé de campagne et si les événements nous paraissent ainsi plus troubles, assumant une part d'illogisme que les ellipses mystérieuses abandonneront à notre imagination, ils n'échappent cependant pas à l'obligation de la cohérence sur la durée des journées décrites par le curé. Une fois remplies les inévitables contraintes formelles permettant de caractériser le personnage par opposition à ses congénères humains, que ceux-ci soient ecclésiastes ou mortels campagnards, une fois toute la fanfaronnade des particularités individuelles brandies comme composantes uniques d'une personnalité, reste la force d'évocation d'intuitions spirituelles qui nous prouvent que Georges Bernanos n'écrit pas sous la forme d'hypothèses des emportements mystiques impossibles à contrefaire. Mais parce qu'il se croit rare et que ses sentiments lui apparaissent comme une aumône privilégiée, ou peut-être simplement parce qu'il ne sait pas comment parler de l'indéfini sans le rapporter à une expérience particulière, Georges Bernanos entrave son expansion mystique par une complaisance en soi et un mépris des autres qui nous prouve que son curé est effectivement humain –trop humain- tâtonnant sur un chemin d'élévation que Georges Bernanos semble lui-même chercher avidement.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Roman paru en 1936.

Au travers du sacerdoce d'un jeune prêtre, l'auteur aborde des thèmes capitaux tels que la spiritualité, le rôle de l'église, la mort, le mal et la corruption de l'être, la vérité, le destin… mais aussi le don de soi, l'espoir, le salut et la grâce.

Ce jeune prêtre catholique qui officie dans la paroisse d'Ambricourt dans le nord de la France, connaît des soucis d'argent et d'autorité, commet des maladresses, se fait duper mais n'en reste pas moins dévoué à sa mission, sauver des âmes.

Parfois naïf, parfois lucide, il met un zèle extrême à vouloir faire don de sa personne et de sa santé pour combattre le mal qui est partout : chez les paysans que la pauvreté rend mauvais, chez la petite aristocratie locale arrogante, … combat perdu d'avance mais combat qui le rapproche de Dieu.
Dans un monde qui apparaît très brutal, le seul moment de plaisir et d'amitié que connaîtra notre prêtre sera une balade en moto avec M. Olivier, neveu de Mme la comtesse, considéré comme difficile lorsqu'il était plus jeune et engagé par sa famille dans la Légion dès ses dix-huit ans, prêt à y laisser sa peau comme il dit, une autre forme du don de soi.

Un livre sincère, bouleversant, qu'il faut replacer dans son contexte religieux et historique pour l'apprécier pleinement.
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Bernanos n'était pas homme de compromis. Toute sa vie, il a clamé son mépris de la médiocrité, de la bêtise, de la "colère des imbéciles qui remplit le monde". Il a rompu avec ses amis quand il les a vu soutenir l'indéfendable ; il a violemment attaqué l'Eglise quand il l'a vu faire de même - car il estimait que c'était ce que lui commandait sa foi de chrétien.

Ses personnages sont comme lui. Sans concession. Les doutes, les crises de foi, les souffrances d'un petit prêtre agonisant d'un cancer de l'estomac, quelque part au fin fond d'une campagne misérable... Voila de quoi parle ce livre. Cette misère, ce dépouillement que l'auteur recherchait pour lui même, il les mets ici en scène. Dans un monde englué dans le péché comme dans la boue, transcendé par sa misère et ses souffrances, ce petit prêtre anonyme devient à son tour une figure christique.
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Bernanos en 1936 choisit, pour développer ses idées morbides, les discussions d'un jeune curé looser, pauvre et malade du Nord de la France.

Bien qu'écrit en français, je n'ai absolument rien compris aux tirades du désabusé curé de Torcy, du comte et de la possessive Mlle Chantal, du défroqué Louis...

Peut-être des réflexions sur la misère du peuple, l'hypocrisie de l'Eglise?




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L'homme devant les multiples difficultés, surtout inexpliquées, se tourne en dernier lieu vers Dieu, plus précisément les hommes, la-bas au moins toute pourriture est acceptée, la justice de Dieu est miséricordieuse que celle des hommes, les choses dépassent l'entendement humain, le nom de Dieu garantit un peu de tout, on espère trouver la paix auprès des hommes de dieu sans douter un seul instant que l'homme de Dieu traverse lui aussi des moments de doute, se pose autant de questions comme l'homme ordinaire, voici ce que nous découvrons dans le journal d'un curé de compagne, c'est un ensemble des pensées quotidiennes d'un jeune prêtre qui découvre au même moment sa profession, ses services, les hommes, ses collègues dits les plus expérimentés, des revers des situations qui parfois mettent les prêtres dans une position de faiblesse, et surtout les hommes non croyants qui réservent le plus souvent aux hommes de Dieu un langage acariâtre, parce qu'aussi souvent ils trimbalent en eux un souvenir douloureux qui démontre à leurs yeux l'impuissance ou carrément le rejet de Dieu...
Un intéressant journal philosophique, théologique et aussi sociologique car il y a lieu de constater que la part de Dieu dans la vie d'un homme dépend nettement de son appartenance à une couche sociale
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Un jeune prêtre fraîchement sorti du séminaire vient d'être nommé dans une petite paroisse du nord de la France. Ses débuts y sont difficiles : sa simplicité, sa naïveté dans les rapports sociaux et son état maladif empêchent les habitants de le prendre vraiment au sérieux. La foi sincère qui l'habite et qu'il cherche à transmettre ne rencontre que peu d'échos parmi la population, qui préfère que le curé s'en tienne à son rôle social habituel, sans faire de vagues. Aussi décide-t-il de tenir son journal intime et d'y raconter les réflexions trop longues pour faire l'objet de prières.

Les livres de Bernanos me donnent toujours deux sentiments contradictoires : d'abord, je suis sous le charme d'une qualité d'écriture incontestable. D'autre part, les thèmes qu'il aborde (la foi, le doute, le péché, ...) me sont complètement étrangers et je décroche instantanément dès qu'il essaie de développer ses idées. J'imagine sans peine que les lecteurs qui sont sur la même longueur d'onde que l'auteur doivent se régaler, mais pour moi, ses romans me laissent toujours une impression de rendez-vous manqué.
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