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EAN : 9782020087209
314 pages
Seuil (01/04/1985)
3.54/5   47 notes
Résumé :
Lancé par le succès considérable de son tout premier roman, Sous le soleil de Satan paru en 1926, Georges Bernanos se jeta immédiatement dans l’écriture fiévreuse de L’Imposture, son deuxième roman. Avec sa suite La Joie, L’Imposture devait à l’origine ne former qu’un seul livre intitulé Les Ténèbres, qui eût donné toute la mesure du génie romanesque de Bernanos.

Séparé de son versant lumineux, L’Imposture déroute puisque tout y semble pure noirceur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je viens d'arrêter ma lecture à la deuxième partie. Je n'ai pas adhéré à l'intrigue, ou plutôt à la crise existentielle de ce prêtre, qui m'agace un peu. Ce chanoine intellectuellement très brillant, écrivain, reconnu par ses pairs est dans le doute, l'acédie. Il a perdu la foi et le suicide semble la seule alternative. C'est magnifiquement écrit, avec un vocabulaire minutieusement recherché pour rendre compte des affres de la douleur intérieure dans lesquelles est plongé l'Abbé Cénabre. Ce roman, écrit dans les années 20 me semble inscrit dans le contexte de l'époque. le doute existentiel des prêtres pouvait encore justifier un roman. de nos jours, je n'en suis pas si sûr. En tous cas, pas de cette façon. Depuis avoir vu le film de Pialat « Sous le soleil de Satan » avec Depardieu et Sandrine Bonnaire, j'ai toujours voulu lire Bernanos. Voilà qui est fait. J'aurai essayé.
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Il parait qu'à l'origine « L'Imposture » ne devait former qu'un seul et même roman avec « La Joie », mais comme Georges Bernanos n'arrivait pas à élaguer son sujet il a finalement publié son livre en deux volets. A mon avis, il aurait mieux fait de revoir la deuxième partie de « L'Imposture », trop longue, moins personnelle, et qui semble à part. L'influence de Bloy se fait trop sentir, c'est comme si Bernanos avait voulu se payer le petit milieu politico-journalistique catholique, avec en sujet de fond la crise de la modernité. le ton est très acide, tous les personnages qui sont mis en scène ne sont définis que par leurs vices : orgueil, hypocrisie, avarice, lâcheté, luxure, gourmandise, il n'y en a pas un pour sauver l'autre. C'est trop terre-à-terre et loin des magnifiques analyses d'âmes et de comportements dont est capable Bernanos.
Les trois autres parties sont par contre du pur Bernanos, l'illustration du combat entre le bien et mal, la sainteté et le satanique. La première partie, qui s'attarde sur l'abbé Cénabre, est une plongée en apnée dans l'esprit du Mal. Elle raconte la nuit où l'abbé Cénabre a pris conscience que sa vie était une duperie, qu'il avait non seulement menti aux autres mais qu'il s'était menti à lui-même ; pour tout dire, il se rend compte qu'il n'a jamais cru en Dieu. Après toute une nuit passée à tergiverser, à désespérer, il prend finalement la décision de ne rien changer à son comportement et à sa vie. Un imposteur donc, qui frôle la démence lors de cette nuit, quelque chose se brise, l'isole définitivement du monde, des autres et de lui-même, ou alors, pour le dire autrement, peut-être se laisse-t-il posséder par Satan, lui-vend-il son âme ? Bernanos cherche à démontrer l'utilité de la confession sincère qui aurait permis à l'abbé Cénabre d'éviter cette prise de conscience tardive et dévastatrice, ainsi que l'installation du mensonge.
En face de lui se dresse la figure pitoyable de l'abbé Chevance, pauvre curé trop humble. Il détonne beaucoup par rapport à la majorité des personnages qui sont tous orgueilleux d'une manière ou d'une autre. Bernanos fait intervenir le surnaturel dans ce roman avec plus de discrétion que dans « Sous le Soleil de Satan », on ne peut pas qualifier l'abbé Chevance de saint, pourtant il est assez proche de l'abbé Donissan, il possède lui aussi l'art de lire dans les âmes et de détecter le Mal, en tout cas il est très perspicace de ce côté-là. Il a d'ailleurs été écarté de sa paroisse suite à une affaire d'exorcisme. Et comme dans « le Journal d'un Curé de Campagne », il doit lutter contre le mal dans son propre corps.
Vers la fin du roman apparait Chantal de Clergerie, une jeune fille de bonne famille à la personnalité également surnaturelle, caractérisée par une simplicité hors norme et une acceptation joyeuse de la vie dans son ensemble, parfaitement soumise à Dieu. Elle est en quelque sorte l'élève de l'abbé Chevance et le dernier paragraphe laisse penser que c'est elle qui sera le personnage central de « La Joie » et qui se trouvera confrontée à l'imposteur. On en frémit d'avance pour elle.
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Faisant suite au "SOLEIL DE SATAN" BERNANOS toujours autant fascinant, nous met face aux protagonistes en présence se livrant un combat " sans merci"
Les affres de l'abbé Cenabre en proie au doute le broyant dans une remise en cause cruciale de la vie, de soi.
En face, les personnages de la vie, leurs combats acerbes de leurs travers les plus torrides indéniablement présents .
Ici-même au cours de ce livre ardu composé avec doigté BERNANOS raconte en illustrations magistrales et percutantes les composantes des luttes à mener
Cenabre plongé en sa nuit une nuit de démence celle que celle-ci induit en son coeur son âme en sursis
Isolé égaré et livré aux démons le mettant en danger extrême
Tout comme l'abbé mis en scène pareillement entre MAL ET BIEN en balance continuellement dans un temps implacable

Oeuvre nuancée et complexe, il cisèle comme un bijou rare ses mots dans une forme à la fois tourmentée et d'une singulière pureté
Tout ce qui fait la grandeur et dramatique de la vie
En même temps Chantal de la Clergerie arrivant clôturer l ouvrage lumineuse et humble comme une interrogation amenant les amorces de réponses
L'imposture
Bernanos tout le contraire d'un imposteur qui ne saurait nous abuser essayant pour nous de nous faire discerner dans le chaos entaché d'encre si noire quelque étoile qui puisse nous reabiliter
Scènes fulgurantes transpercees des éclairs inspirés de vérités
Sérénité affûtée mise en exergue par tant de volontés des plus atroces perversités
Haine sous jacente mais un combat à mener inlassablement
Bernanos son livre l'imposture difficile à décrypter certes il convient de nous y arrêter
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[Roman audio, lu par André Rannou, pour le site litteratureaudio.com]
Je reste pantoise à lecture de ce roman, tout en étant persuadée de n'avoir pas la maturité suffisante pour en saisir complètement l'ampleur.

C'est superbement écrit. Vingt fois, j'ai arrêté ma lecture en me disant qu'il faudrait que je me rappelle ces mots si percutants de justesse. Les personnages sont nuancés, complexes, passionnants et tellement touchants.

Mais comme je l'ai dit, je manque de maturité pour complètement tout bien appréhender. Voici un livre que je devrai relire plus tard, mais grasse auquel je découvre Bernanos avec ravissement.
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le roman est construit autour de trois personnages qui vivent chacun une rupture.
Pour l'abbé Cénabre, brillant intellectuel et théologien qui a publié des oeuvres reconnues et admirées, c'est tout simplement la perte de la foi qu'il confie au milieu de la nuit au vieil abbé Chevance en une scène mémorable où Cénabre dans son délire, frappe Chevanche déjà un peu moribond.
Suit une deuxième partie où Pernichon, journaliste d'un journal catholique se voit perdre la confiance des hommes car il avoue ne plus vouloir revoir Cénabre avec qui il a eu un débat de sourds au premier chapitre. L'assemblée d'éminents personnages est choqué et lui retire peu à peu sa confiance. Pernichon est donc désespéré.
La dernière partie remet en scène l'abbé Chevance en ses derniers moments de vie pendant lesquels, une jeune fille, Chantal de Clergerie, s'occupe de lui. Tous ceux qui ont approché Cénabre semblent voués à la mort, la perte de foi étant assimilable à une perte de vie pour son entourage pour qui il était un réconfort spirituel. D'où l'imposture. Il y a aussi beaucoup d'ironie rentrée dans ce roman.
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critiques presse (1)
LeMonde
14 janvier 2019
Avec son deuxième roman, L’Imposture (1927), Georges Bernanos sonde « les eaux dormantes et pourries de l’âme » et décrit magistralement la vie intérieure du médiocre, la perversion de sa volonté, son atroce sérénité, son orgueilleux cynisme, sa haine patiente…
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
L’examen de conscience est un exercice favorable, même aux professeurs d’amoralisme. Il définit nos remords, les nomme, et par ainsi les retient dans l’âme, comme en vase clos, sous la lumière de l’esprit. À les refouler sans cesse, craignez de leur donner une consistance et un poids charnel. On préfère telle souffrance obscure à la nécessité de rougir de soi, mais vous avez introduit le péché dans l’épaisseur de votre chair, et le monstre n’y meurt pas, car sa nature est double. Il s’engraissera merveilleusement de votre sang, profitera comme un cancer, tenace, assidu, vous laissant vivre à votre guise, aller et venir, aussi sain en apparence, inquiet seulement. Vous irez ainsi de plus en plus secrètement séparé des autres et de vous-même, l’âme et le corps désunis par un divorce essentiel, dans cette demi-torpeur que dissipera soudain le coup de tonnerre de l’angoisse, l’angoisse, forme hideuse et corporelle du remords. Vous vous réveillerez dans le désespoir qu’aucun repentir ne rédime, car à cet instant même expire votre âme. C’est alors qu’un malheureux écrase d’une balle un cerveau qui ne lui sert plus qu’à souffrir.
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Extrait de la préface :

C’est par un brutal coup de dague que nous pénétrons dans le deuxième roman de Georges Bernanos, L’Imposture, qui tout entier ressemble à une horrible blessure que l’écrivain semble ne point vouloir refermer. Violence bien réelle puisque, pour le romancier, les batailles de l’âme sont sans doute bien plus brutales que celles que les corps se livrent entre eux. Violence fascinante dont André Malraux, qui admirait Bernanos, se souviendra peut-être en y ajoutant les sucs vite éventés de l’érotisme, lorsqu’il fera s’interroger Tchen devant la fameuse moustiquaire qui lui cache l’homme qu’il faut assassiner, «moins visible qu’une ombre» sous le «tas de mousseline blanche» tombant du plafond. Il s’agit en tout cas de détruire, ici en lardant d’implacable ironie l’esprit d’un pauvre type, Pernichon, qui se joue la comédie et finira par se suicider, là en enfonçant une lame bien réelle dans une chair endormie, avec l’unique volonté de s’en débarrasser de la façon la plus rapide et, si possible, sans bagarre ni bruits, sans faire le plus petit scandale. Un éclair en somme, trouant les ténèbres qui auront vite fait de happer de nouveau les personnages qu’elles ont laissé s’échapper le temps d’une scène mémorable. Bernanos fouaillant la conscience d’un publiciste, puis plaçant sur le chemin nocturne de Cénabre un mendiant qui sera son double misérable; Malraux contractant dans La Condition humaine les muscles de Tchen autant que sa volonté : les grands romanciers semblent être ceux capables de fixer sur le papier des scènes fulgurantes, quitte à tenter ensuite de transformer en véritable orage ces explosions de chaleur sourdes et éphémères.
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Il se retrouva dans la rue, presque suffoqué par la fraîcheur du matin. L'humide haleine de la ville encore ténébreuse se dissipait lentement, baissait comme une eau morte jusqu'au sol d'où l'air neuf la repoussait mystérieusement, sans doute jusqu'au fond des caves de fer et de ciment que n'échauffe jamais la générosité d'aucun vin.
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L'homme peut bien se contredire, il ne peut entièrement se renier. L'examen de conscience est un exercice favorable, même aux professeurs d'amoralisme. Il définit nos remords, les nomme, et par ainsi, les retient dans l'âme en vase clos, sous la lumière de l'esprit
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Chacun porte un jugement sur sa propre personne, mais il y entre peu de sincérité, qu’on le veuille ou non : c’est une image retouchée cent fois, un compromis. Car observer est une opération double ou triple de l’esprit, au lieu que voir est un acte simple. Je vous demande d’ouvrir les yeux avec ingénuité, de vous saisir du regard entre les hommes, de vous surprendre tel que vous êtes dans l’accomplissement de la vie.
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Vidéo de Georges Bernanos
« Rien ne me réconcilie, je suis vivant dans votre nuit abominable, je lève mes mains dans le désespoir, je lève les mains dans la transe et le transport de l'espérance sauvage et sourde ! » (Paul Claudel, Cinq Grandes Odes)
« Singulière figure que celle de Georges Bernanos (1888-1948) […]. Sorte de Protée des haines et de l'amour, il semble ne jamais offrir deux fois le même visage. Il y aurait plusieurs Bernanos : un Bernanos de droite, à cause des Camelots du Roi, un Bernanos de gauche à cause des Grands Cimetières sous la lune ; un Bernanos romancier des abîmes de la condition humaine, ou un Bernanos pamphlétaire névropathe ; un Bernanos anticlérical, un Bernanos pieux catholique ; un Bernanos antisémite, un Bernanos réactionnaire, un Bernanos prophète, un Bernanos énergumène, un Bernanos enthousiaste... L'inventaire est sans fin […]. Romancier, essayiste, journaliste, Bernanos est l'homme d'une oeuvre vaste mais unifiée, tout entière contenue dans cette tâche qu'il découvrit être la sienne : rendre témoignage à la vérité, en manifestant de toutes les manières possibles ce qui est pour lui la finalité de toute condition humaine. […] Bernanos ne se faisait aucune illusion quant à l'efficace immédiate de ses écrits sur la marche du monde. C'est, toujours et seulement, de la révolte de l'esprit, la seule qui vaille, qu'il est question chez lui. […] » (Romain Debluë)
« […] C'est sans doute ma vocation d'écrire, ce n'est ni mon goût ni mon plaisir, je ne puis m'empêcher d'en courir le risque, voilà tout. Et ce risque me paraît chaque fois plus grand, parce que l'expérience de la vie nous décourage de plaire, et qu'il est moins facile encore de convaincre. J'ai commencé d'écrire trop tard, beaucoup trop tard, à un âge où on ne peut plus être fier des quelques vérités qu'on possède, parce qu'on ne s'imagine plus les avoir conquises, on sait parfaitement qu'elles sont venues à vous, au moment favorable, alors que nous ne les attendions pas, que parfois même nous leur tournions le dos. Comment espérer imposer aux autres ce qui vous a été donné par hasard, ou par grâce ? […] Il faut vraiment n'avoir pas dépassé la quarantaine, pour croire que dix pages, cent pages, mille pages d'affirmations massives sont capables de forcer une conscience : c'est vouloir ouvrir la délicate serrure d'un coffre-fort avec une clef de porte cochère. L'âge aidant, il me paraît maintenant presque aussi ridicule et aussi vain de dire au public : « Crois-moi ! » qu'à une femme : « Aime-moi ! » et le résultat est le même, soit qu'on ordonne ou qu'on supplie. Rien n'est plus facile que de prêcher la vérité. le miracle, c'est de la faire aimer. […] » (Georges Bernanos, Comprendre, c'est aimer, paru dans La Prensa, à Buenos Aires, le 19 janvier 1941.)
0:04 - Réponse à une enquête 11:30 - Générique
Référence bibliographique : Georges Bernanos, Scandale de la vérité, essais, pamphlets, articles et témoignages, Éditions Robert Laffont, 2019
Image d'illustration : https://www.france-libre.net/bernanos-appel/
Bande sonore originale : Carlos Viola - The Four Witnesses (Piano Version)
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/the-four-witnesses
#GeorgesBernanos #scandaledelavérité #LittératureFrançaise
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