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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Sur les étals des libraires fleurissent « les grands cimetières sous la lune ». A l'ombre de l'excellent « pas pleurer » de Lydie Salvayre, prix Goncourt 2014, l'orange de la couverture de cette réédition attire l'oeil. Cette mise en avant du récit de Bernanos écrit en janvier 1937 à Palma de Majorque parait comme la dénonciation des actes barbares commis par les troupes phalangistes. C'est du moins ce qu'il reste de ces 330 pages préfacées par Michel del Castillo. Mais, à aucun moment, cet avant propos ne fait état des relents nauséabonds antisémites et homophobes que ne peut s'empêcher de retenir l'auteur. Car il faut le dire, « les grands cimetières sous la lune » ce n'est pas seulement la dénonciation d'un crime civil mais aussi l'acte de foi politique réaffirmé d'un homme qui condamne la Démocratie et la République. Certes, il n'est pas question de nier l'accusation que porte Bernanos sur ces assassins du peuple. Mais, rappeler que son indignation comporte trois motifs : 1. Une violence commise sous le couvert de l'église catholique, ce que réprouve l'auteur. 2. L'inacceptable ingérence de militaires étrangers en Espagne, lors de cette guerre. 3. La mort, sans causes, de pauvres ouvriers et paysans attirés de ce fait par la cause communiste. Il n'y a rien de plus aux motifs de cette condamnation. Dans son introduction, Michel del Castillo considère de manière outrancière le récit de Bernanos comme « un premier acte de résistance avant guerre ». Il n'en est rien. Ce n'est pas la redondance puérile du « Cher Monsieur Hitler » lors des dix dernières pages qui feront de l'écrivain polémiste un combattant avant l'heure du nazisme. Nulle question dans ce livre des milles barbaries commises par le régime nazis, des camps de concentration en action depuis quatre années. Certes, l'auteur ne sera pas de Vichy, comme il n'était plus d'Action Française. Certes, l'auteur n'aimait pas son leader, Maurras l'athée. Oui mais, cette détestation sera aussi l'occasion pour Georges Bernanos de réaffirmer sa foi et sa fidélité au père de la ligue antisémitique de France Edouard Drumont. C'est ainsi que dans « les grands cimetières sous la lune » Bernanos réaffirme que l'auteur de « la France Juive » et de « la tyrannie maçonnique » reste son maître à penser. Opposer à la Démocratie et Royaliste Légitimiste il renvoi dos à dos les hommes politiques de droite comme de gauche. Ces faveurs vont à l'ancien monarque Henri IV. Favorable à une monarchie Bernanos l'est à n'en pas douter. A une monarchie constitutionnelle ? Certainement pas, il n'a aucun gout pour ce qui exclu le droit divin. Après la rédaction de ce livre et les accords de Munich signés, conforté dans sa détestation des hommes politiques de la IIIème République, Bernanos s'exilera au Brésil. Il choisira de s'installer au sein d'une dictature. En effet, depuis novembre 1937 le Brésil est dirigé par Gétulio Vargas au pouvoir depuis un coup d'état. Pour plusieurs années le dictateur instaurera l'estano novo (état nouveau) terme repris de Salazar. Bernanos restera installé dans ce pays de censures jusqu'en 1945, année de la destitution du dictateur Vargas. C'est pourquoi, il ne faut pas faire des « grands cimetières sous la lune » le récit de ce qu'il n'est pas : une ode à la liberté. Non, ce livre n'est que l'amertume manifeste d'un catholique monarchiste attaché à l'autoritarisme d'état, face à l'horreur d'une guerre civile commise par ceux qu'il considère de son camp. « Les grands cimetières sous la lune » c'est aussi la réaffirmation de la pensée profonde de l'écrivain quant à ses convictions politiques et morales. Cette réédition à pour but de véhiculer une pensée. Elle doit se lire de manière critique avec notre vision du monde présent et non seulement à l'aune des événements de 1937. En ce cas, que devons nous penser en lisant la phrase suivante : « Que peuvent avoir de commun les paysans de Manuel Fal Conde avec ces aristocrates mâtinés de juif, qui tiennent de leur double origine les formes les plus exquises de la lèpre ou de l'épilepsie, et dont l'absurde égoïsme a perdu la Royauté ? » Que penserions nous d'un écrivain si pour se justifier il écrivait cela : « de plus, les juifs sont puissants dans le monde et valent d'être ménagés…Mais nous les ménageons pour qu'ils nous ménagent à leur tour, c'est-à-dire qu'ils ménagent l'église. Et peux être même qu'ils dispensent un jour quelque part de leur superflu aux misérables échappés des massacres ». Quels seraient nos réactions si en 2015 sous la plume d'un écrivain reconnu nous découvrions la phrase suivante : « C'est au nom de l'ordre européen menacé par les communistes que les nazis ont pris possession de l'héritage des Habsbourg. Mais ne l'avions nous pas déjà sacrifié, en 1917, cet héritage à l'Italie ? L'Empereur Charles offrait la paix. Nous avons prolongé d'un an la guerre, pour une espèce d'entité géographique, une nation paradoxale, une nation sans tradition nationale, la plus pure création au dix neuvième siècle, de la maçonnerie universelle ». Et s'il n'était que cela ! Bernanos nous livre ses sentiments délétères concernant les invertis qu'il abhorre. Un livre ou tous ces éléments se rassemblent, un auteur qui compare ceux qu'il n'aime pas à des nègres blancs similaires à « ces sauvages ». C'est aussi cela « les grands cimetières sous la lune ». Non ce livre ne devrait pas figurer au premier rang des étals de nos librairies. A quoi bon combattre les totalitarismes et les extrémismes fleurissant si nos nombreux passeurs de paix et de fraternité donnent à penser comme eux. Nous ne pouvons chanter la liberté et vitupérer contre le racisme et l'antisémitisme galopant tout en laissant sans critique de tels récits, fusse-t-ils anciens. Alors, si la curiosité vous pousse à découvrir Bernanos ne vous tournez pas vers « les grands cimetières sous la lune ». Vous n'y trouverez rien de réjouissant. Il n'y a rien à retenir de ce récit, pas même la lecture des atrocités d'une guerre
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Les gens qui portent ce livre et son auteur aux nues, et qui m'ont donc indirectement incité à le lire l'ont-ils vraiment parcouru avec l'attention qu'il faudrait? le discours constant sur cet ouvrage nous dépeint un Bernanos qui, confronté aux horreurs de la guerre civile espagnole, s'en prend courageusement à son propre camp, lui le royaliste, le catholique, le pamphlétaire d'extrême droite, et qui remet en cause ce à quoi il croyait jusque là, et avec quel talent littéraire et polémiste !
Ce qui est vrai, c'est le courage extraordinaire avec lequel il accepte de "voir ce qu'il voit", pour reprendre la célèbre formule de Péguy, et nous livre une description glaçante de la répression par les franquistes, et de leurs méthodes qui passent par l'élimination systématique d'un nombre considérables d'opposants au pronunciamento, voire de "types simplement suspects de peu d'enthousiasme pour le mouvement". C'est aussi la rage qui le prend au vu du silence impressionnant de la hiérarchie des évêques catholiques, "il est dur de regarder s'avilir sous ses yeux ce qu'on et né pour aimer", dit-il dans l'une de ces formules impressionnantes qui expriment si bien ce que nous avons, nous autres pauvres mortels tant de mal à dire.
Mais, pour autant, il ne remet nullement en cause ses attachements, et surtout ses haines et le mépris qu'il distribue si largement : les juifs, bien sûr, puisque c'est Drumont, à qui il voue une admiration sans borne, qui lui a ouvert les yeux alors qu'il était adolescent, les banquiers, mais c'est la même chose, la classe moyenne, les boutiquiers, les instituteurs de Jules Ferry, les notaires, Poincaré, les maures puants, les nègres (qu'il défend tout de même contre le sort qui leur est fait, on n'est pas à une contradiction près), les communistes, les capitalistes (c'est la même chose, car "le capitalisme est une forme de marxisme" !! comprenne qui pourra) et toutes les sortes d'imbéciles ; la définition constamment reprise de cette catégorie finit d'ailleurs par inclure tant de monde, qu'aucun lecteur conscient de ce qu'il parcourt de ses yeux, comme de ses propres insuffisances, ne peut éviter de se compter dans ce groupe ….
Alors, que remet-il vraiment en cause ? Certes, il s'élève contre les exactions des tentatives de conquêtes coloniales de Mussolini, contre des maux occasionnés par "Monsieur Hitler", (mais, de ce personnage, "on ne peut mépriser la grandeur, qui n'est pas barbare…"), mais sans aucunement, contrairement à ce qu'on entend un peu partout, remettre en question une vision du monde qui, précisément a rendu tout cela possible.
Quant'au talent littéraire d'un auteur qui méprise explicitement celui d'un Anatole France, si l'on consent à ne pas s'arrêter à quelques formules magnifiques d'expressivité, et si l'on met à part sa capacité à vous glacer le sang dans des descriptions pourtant sans pathos des exactions franquistes, il faut bien se résoudre à admettre que l'essentiel de ce livre est constituée par une logorrhée confuse, dont on a du mal à tirer une vision précise de ce que devraient être les institutions de nos démocraties, ce mot qu'il utilise si souvent sans qu'on ne puisse percevoir clairement ce qu'il entend par là.
Bref, qui a vraiment lu "les grands cimetières sous la lune" ?
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Exposé sur l'étal d'une librairie, ce livre m'a attiré par la perspective de lire un récit sur la Guerre d'Espagne vue d'un oeil différent des livres le plus souvent rédigés par des sympatisants (ou plus ) Républicains.
Autant le dire de suite : j'ai eu le plus garant mal à venir à bout de se livre pourtant pas si long (300p env).
Pour commencer , les pages réellement consacrées à la Guerre d'Espagne sont assez peu nombreuses. L'essentiel est constitué de digrétions sur l 'égarement du clergé auxquelles s'ajoutent des références que nous avons perdues (sauf à être un spécialistes de la période nombre de "personnalités" françaises citées tels que des journalistes sont tombées dans l'oubli) . J' ajoute un style qui m'a paru particulièrement difficile à lire.
Enfin, pour parachever le tout , ce livre contient de nombreux relents antisémites, bien ancrés dans la pensées royalistes - conservatrices de l'époque mais bien nauséabondes !
Bref, de mon point de vue, vous pouvez passer votre chemin.
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Livre qu'il faut étudier pour apprécier.
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