Désolée, Georges, mais à mes yeux vous n'avez pas respecté le pacte! (Le pacte narratif, et plus particulièrement celui du genre policier. C'est ainsi que cela s'entend. Bien sûr...).Car enfin, cet improbable assassin que l'on tire à la dernière minute de sa manche, dans les deux ou trois dernières pages du roman : est-ce vraiment un procédé digne d'un grand écrivain ? Par ailleurs, la liste serait longue des éléments mystérieux , inquiétants, qui même à la fin du récit resteront totalement inexpliqués.
Dans les premières pages, certes, une belle description de la rude société paysanne, dans le premier tiers du XXème siècle. Elle nous replonge dans une France rurale encore très imprégnée de religiosité (elle m'a par moments rappelé l'atmosphère brutale, ensauvagée, de certains livres de Giono). Il se trouve, cependant, qu'un crime horrible a été commis, la nuit même où un très jeune prêtre rejoignait sa paroisse...(On se demande un peu ce qu'il vient faire dans ce texte. A peine arrivé, pour des raisons mystérieuses, et qui ne seront pas vraiment élucidées, il tombe malade et il repart....... Admettons).
Le vrai problème, c'est que le narrateur sait d'emblée infiniment plus de choses que nous autres lecteurs. De sorte que le caractère énigmatique, à la limite du rébus, de certains caractères, ou dialogues, ou comportements ( par exemple l'inexplicable sympathie que le juge enquêteur ressent d'emblée pour le jeune prêtre), bref cet aspect charades qui m'avait déjà passablement agacée dans "Sous le Soleil..." confine ici à l'absurde. On en trouvera quelques exemples à la fin de ce billet... **
D'ailleurs, est-ce pour faire "moderne" que le récit multiplie ensuite les signes ambigus: la dévotion passionnée d'un petit garçon pour le beau jeune prêtre? le compagnonnage, amical voire amoureux, de deux femmes encore jeunes?
Je m'en doute, il y a très certainement une lecture plus "perspicace", plus chrétienne, à savoir la contagion du mal: l'infestation par l'envie, l'appât du gain, qui fragilise l'ensemble de la société et se répercute par ondes maléfiques jusque sur les âmes les plus pures... Mais si réellement c'est ce que Bernanos a voulu dire, il me semble qu'il aurait dû l'exprimer plus clairement !
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** Exemples de phrases incompréhensibles ( Ou alors, c'est trop fort pour moi!) " Au premier regard, le curé de Sommelièvres apparaît comme l'un de ces doux qui posséderont la terre mais qui doivent en attendant se contenter d'y voir prospérer des animaux si différents d'eux-mêmes qu'ils ne sauraient seulement oser leur rappeler une promesse dont l'accomplissement risquerait d'ailleurs de les prendre tragiquement au dépourvu".
Ou bien encore:
"L'ancienne religieuse prévenue par l'homme d'affaires même de l'archevêché, principal artisan de l'intrigue, s'était efforcée d'obtenir de sa fille qu'elle tentât, au nom, bien qu'à l'insu, de la petite-nièce, une démarche désespérée dont elle eût pu attendre la réconciliation des deux femmes, si éloignées l'une de l'autre par l'âge, les habitudes, une ignorance réciproque de leur véritable nature et un orgueil démesuré... le seul hasard avait fait le reste".
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Mon avis n'ira pas dans le sens du "consensus". Je trouve ce livre très difficile à lire et je comprends qu'on l'abandonne en cours de route. le style est, à mon avis, trop compliqué. J'ai eu beaucoup de mal à suivre. L'action est hachée. Les personnages sont nombreux et désignés de nombreuses façons différentes. On ne sait plus qui est qui. Ajoutez à cela des termes qu'on n'emploie plus de nos jours (les socques, la patache, etc.). J'ai navigué dans le brouillard et j'ai failli lâcher le livre à plusieurs reprises. Bon courage aux futurs lecteurs.
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Je ne connaissais pas l'auteur mais la version audio de ce roman ne m'a pas convaincue. J'ai vite été noyée entre les personnages, les situations... J'avais du mal à me concentrer. Peut être mon ressenti serait il différent si j'avais lu la version papier, je ne sais pas. Merci à Babelio pour cet envoi Masse critique
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