Citations sur Ava, tome 1 : Ava préfère les fantômes (17)
— Qu'est-ce qu'il aurait fallu que je dise ? Vas-y, apprends-moi le genre de conversation appropriée dans un pub. Et ne me dis pas que j'aurais dû parler du temps ! Qu'est-ce que ça a de si intéressant ?
— Quand même, ça décide de ta journée.
— Mais même pas ! Les Anglais savent qu'ils vivent dans un pays où il pleut, donc ils font ce qu'ils ont à faire, qu'il pleuve ou qu'il pleuve !
- [...] Comment une jeune fille bien élevée qui n'aime pas se faire remarquer va convaincre un Viking, si furieux d'être mort qu'il n'a plus parlé à personne depuis huit cent ans, de lui adresser la parole?
Elle réfléchit, puis elle dit :
- Parce que je vais le lui demander poliment?
Peut-être était-elle trop sensible. (...) C'est ce qu'on reprochait à ceux qui voyaient ce qui ne se dit pas. (p.14)
Me calmer ? Me calmer ?! Je suis morte ! Ca t'est déjà arrivé ? Non. Alors, ne me dis pas de me calmer.
Ava ferma les yeux un instant. Qu'est-ce-qu'elle était venue faire ici? Elle pensa à toutes ces jeunes filles de par le monde qui voyaient des films de vampires, lisaient des livres de vampires, rêvaient de vampires prêts à sauter jusqu'à leur fenêtre pour les adorer en silence pendant leur sommeil. Mais non, il avait fallu qu'elle soit l'héroïne d'une histoire de fantômes. "Complètement ringarde, ma pauvre fille", marmonna-t-elle avant de reprendre sa surveillance.
Cecil entra dans l'adolescente. Elle laissa échapper un nouveau frisson, comme le font tous les humains quand un mort leur passe au travers, puis elle ouvrit la bouche pour continuer à parler et la referma. Même avec sa capacité de concentration, il était difficile d'avoir une discussion logique et polie quand un mort se retourne en vous et enfonce ses doigts dans vos oreilles avant de s'amuser à les tourner comme s'il vous les nettoyait.
… mais elle avait continué à se taire et à observer et elle en était arrivée à la conclusion que, pour rendre tout le monde heureux, il suffisait de cacher ce qu’elle était.
Pour ce faire, la première règle à respecter était de ne surtout pas attirer l’attention. D’élève moyenne, elle était devenue bonne. De sauvage, elle était passée à polie et réservée. Quant à sa nervosité, elle l’avait apprivoisée, puis domptée. Il est difficile de se comporter comme on attend qu’une petite fille se comporte en haut d’un toboggan ou à un goûter d’enfants quand on est seule à voir la vieille femme qui pleure sans larmes au bord du bac à sable ou la fillette qui convoite les gâteaux et les présents alors qu’elle ne fête plus son anniversaire depuis plus d’un siècle, si l’on en juge par le col Claudine, la robe à smocks, les pantalons de dentelle et les souliers vernis qu’elle porte. Difficile mais pas impossible.
Elles échangèrent un regard. Bientôt, elle ne serait plus qu'un visage, une illusion de visage et le comprenant, les yeux de Billie s'emplirent d'un chagrin et d'une douleur impossible à partager. Cette fois, c'était la mort, et juste avant l'apaisement que provoque la délivrance, il y avait ce dernier pincement, cet immense regret de ce qui ne serait jamais plus.
Me calmer ? Me calmer ?! Je suis morte ! Ca t'est déjà arrivé ? Non. Alors, ne me dis pas de me calmer.
Tu n'es pas faite pour être seule ! Tu es faite pour être un passeur entre les vivants et les morts, un consolateur des âmes ! C'est ça, ta nature profonde, et si tu es seule, c'est uniquement parce que tu lui as tourné le dos pendant toutes ces années.