De
Bernard OLLIVIER, je n'ai pas encore lu Longue Marche mais ces trois livres figurent dans la longue, très longue, liste de mes livres à lire. C'est donc par ces Aventures en Loire que je le découvre, sans point de comparaison.
Après des périples beaucoup plus dépaysants, notamment sur la route de la Soie, ce grand marcheur s'attaque à un nouveau défi, remonter la Loire de sa source au Mont Gerbier-de-Jonc jusqu'à Nantes où elle se jette dans l'Atlantique. Ceci en partie sur la Loire même, à bord de « Canard » son canoë en plastique. On le suit donc, voguant tant bien que mal sur le fleuve. Au fil de son récit, on a parfois l'impression d'avoir embarqué avec lui et de découvrir tous ces paysages de bord de Loire.
Au-delà de l'exploit en lui-même, c'est davantage l'aventure humaine qui prime ici. La succession de soirées conviviales, de diners revigorants, de rencontres et d'amitiés crées l'emportent sur le reste. Maintenant, contrairement à ce qu'il affirme à la fin, je pense qu'il est plus facile de débarque chez des amis d'amis pour se faire héberger pour la nuit quand on s'appelle
Bernard OLLIVIER et qu'on a son parcours. Cette succession entraine un côté certes un peu répétitif mais quand l'auteur se laisse emporter et s'éloigne un peu de ses rencontres, la magie opère.
Je ne peux résister au plaisir de vous faire partager ce long passage, petit bijou auquel ce livre sert d'écrin :
« Une de ses amies […] lui a parlé de mon aventure ligérienne. Nous parlons de la Loire. Emmanuelle s'y promène souvent, s'émerveillant du nombre d'oiseaux qui nichent sur ses berges et bien sûr de cette luminosité si particulière au fleuve. Les couchers de soleil sont chaque soir un spectacle qui fait écho à la splendeur de l'aube, quand les rayons du levant ou du couchant, bien alignés dans le prolongement du courant, le prennent en enfilade en faisant miroiter les feuilles de peupliers. Cette lumière qui a inspiré les plus grands peintres à l'instar de Turner est probablement due à l'orientation, très exactement est-ouest, de la Loire. Il y a d'abord l'éclairage du matin. Lorsque les premiers frappent l'eau, s'élève comme une promesse de bonheur. Une vapeur presque invisible filtre les rayons rasants, la clarté, d'évanescente, devient palpable, c'est une buée, un encens offert par le fleuve au soleil levant. Et puis toute la vallée s'embrase, chasse les dernières ombres et rutile. Bizarrement, je tourne le dos à la lumière, et pourtant je me fais l'effet d'aller au-devant d'elle, de se glisser vers le jour alors que c'est lui qui me pousse.
La splendeur du soir est bien différente. le soleil se couche exactement dans l'axe de la Loire. Je le vois décliner jusqu'à ce qu'il devienne énorme et rouge, gonflé d'orgueil d'avoir une fois de plus, dominé nos existences. Tandis qu'il s'abaisse encore, son éclat irise les haies des berges, rend chaque feuille translucide, fait de chaque arbre un abat-jour cachant les ombres qui s'immiscent, pendant que le disque écarlate embrase l'eau d'un incendie dont chaque vaguelette est une flammèche. Quand les nuages prétendent jeter un rideau sur le spectacle, celui-ci n'est pas moins beau. Il s'offre aussi, mais dans des tons mineurs, pastel, comme s'il ne voulait pas trop déranger, pas trop bousculer l'âme du spectateur. Durant mon parcours, matin et soir, j'assisterai, fasciné, à cette admirable féerie. »
L'auteur en profite aussi pour nous faire découvrir l'association Seuil qui vient en aide aux adolescents en grandes difficultés, sorte de renaissance par la marche.
De cette aventure ligérienne ne découle pas un livre inoubliable mais assurément le récit d'une belle aventure humaine.
Un grand merci à aux Editions Libretto et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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