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EAN : 9782262085810
304 pages
Perrin (13/10/2022)
4.32/5   14 notes
Résumé :
Le 15 septembre 1812, Napoléon entre dans Moscou. Dans la nuit, la ville s’embrase dans un océan de flammes. Après avoir longtemps espéré l’ouverture de négociations avec le tsar, la Grande Armée quitte la capitale ruinée le 19 octobre ; l’Empereur veut écraser l’armée russe et s’installer à Smolensk avant l’arrivée de l’hiver. Mais le froid et la neige sont en avance sur le calendrier. L’hiver russe surprend des troupes épuisées, sous-équipées, mal ravitaillées, em... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dédié « A ceux qui n'ont pas de nom ; aux chevaux », ce récit de la retraite de Russie met en scène une douzaine d'acteurs et actrice qui ont vécu cette tragédie, ont survécu, et ont témoigné sous diverses formes au XIX siècle.

En 2019, Michel Bernard publiait « Hiver 1814 : Campagne de France », et chevauchant avec l'état major impérial, dominait du haut de sa monture les protagonistes s'affrontant du 26 janvier au 20 avril 1814.

« Hiver 1812 : Retraite de Russie », scénarise l'incendie de Moscou (15 septembre 1812), le harcèlement des russes menaçant approvisionnement et communication de la Grande Armée, le délitement de la discipline dans les unités oisives errant dans les ruines moscovites, puis le « repli stratégique » initié par l'Empereur le 18 octobre .

Débute une longue marche vers l'ouest, dans des conditions climatiques de plus en plus rigoureuses, sur la terre brulée par les Russes. Progression harcelée par des cosaques surgissant de partout, tout le temps, avec en fond de décor l'armée de Koutouzov, remplaçant perpétuellement ses pertes, qui donne des coups de boutoir à Smolensk, à Krasnoïe, le long de la Berezina, puis à Vilna. Dans les coulisses de l'état major russe, les « observateurs anglais », suggèrent des initiatives guidées par une stratégie qui fera de l'Empire Britannique la puissance dominant le siècle 1814-1914.

Au fil des combats, des distances, des jours, les chevaux meurent de faim et de froid, et sont avalés par une troupe de plus famélique et frigorifiée. Les officiers marchent aux cotés des soldats et nous vivons la retraite à hauteur de combattant, comme dans les écrits d'Erckmann-Chatrian.

Cote à cote, le Sergent Bourgogne, le Colonel de Montesqiou-Fézensac, le Lieutenant Faber du Faur, le Commissaire Henri Beyle (Stendhal), le Soldat Jakob Walter, le Colonel Griois, le Lieutenant Hubert Lyautey (grand-père du Maréchal futur protecteur du Maroc) combattant et retraitent dans une débandade que Napoléon et Caulaincourt fuient le 5 décembre laissant environ 10 000 hommes arriver sur le Niémen le 13 décembre.

La Grande Armée en comptait dix fois plus en juin au début de la campagne … beaucoup sont morts anonymement dans l'immensité russe, quelques uns s'y sont enracinés, d'autres ont réussi à rejoindre durant l'hiver ou au printemps 1813, après avoir été emprisonné, comme Louise Fusil dont les « souvenirs d'une actrice » furent publiés en 1841.

Michel Bernard fait son miel des mémoires des uns, des dessins du Lieutenant Faber, des écrits des autres et restitue un récit poignant qui rend hommage au sacrifice de l'arrière garde, animée par le Maréchal Ney, et aux souffrances d'une armée qui perd en Russie sa puissance et sa réputation d'invincibilité … Les Autrichiens, les Prussiens, les Saxons, en 1813 et 1814, abandonnent l'Empire et rejoignent au fil des mois la coalition qui triomphe en 1814 et 1815.

Ce désastre anticipe un siècle plus tard l'offensive du III Reich brisée par le Général Hiver, l'immensité russe et le sacrifice de millions d'hommes et de femmes. Eugenio Corti connaitra les affres de la Bataille de Stalingrad et témoignera que « La plupart ne reviendront pas » en rappelant l'anéantissement des divisions italiennes et roumaines en 1942-1943 …

Comment ne pas songer aux combats actuels entre russes et ukrainiens en lisant ces pages superbement écrites par un écrivain inspiré par les instants le plus dramatiques de notre histoire ?

PS : ma critique de Hiver 1814 : Campagne de France
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«  S'avouait - il que pour la première fois, lui, l'insatiable conquérant, proposait la paix au lieu de l'imposer ? . »

«  Cette guerre trop longue, trop lointaine, n'était pas la leur. le coeur n'y étant pas, les organismes supportaient mal les privations et les fatigues » .

«  L'air s'engouffrait, tout s'embrasait et, par combustion instantanée, la splendeur d'un palais à la française, à l'italienne, disparaissait dans les enroulements grondants d'un tourbillon de feu » .

«  Les âcres fumées de bois verts et humides des feux devant lesquels ils se réchauffaient, cuisaient leurs misérables aliments avaient noirci leurs mains , leurs figures , rougi leurs yeux » .

Quelques extraits de ce récit d'un désastre légendaire mené de main de maître par Michel Bernard dont on connaît la virtuosité, conté à hauteur d'homme, formidablement documenté, vif, vivant, poignant, résonnant fortement en nous à l'heure où l'oeil de Moscou sévit encore….

Dédié à ceux qui n'ont pas de nom et aux chevaux, l'auteur restitue à l'aide de pages superbement écrites l'entrée de Napoléon dans Moscou embrasée, submergée par un océan de flammes, le vieux coeur de la Russie partait en fumée.
Pourtant depuis un an, l'empereur préparait sa campagne de Russie minutieusement, méticuleusement.
Il ordonne à la Grande Armée de quitter la capitale calcinée le 19 octobre.

Il espère battre l'ennemi et s'installer à Smolensk avant l'arrivée de l'hiver.

Hélas des rafales de vent chargées de neige balayaient la route, les chevaux dérapaient, s'abattaient entre les brancards, le légendaire hiver du grand continent entraînait la décomposition de l'armée napoléonienne, en proie à la souffrance , aux sacrifices , certains tués , blessés ou faits prisonniers, devenus des épaves épuisées, brisées , face à ces cosaques virevoltants centaures armés de lances , habitués au mauvais temps , leurs petits chevaux gris , semblaient aimer le vent coupant des steppes, s'en accommodant comme une espèce de stimulant.

Le froid et la neige précoces surprennent ces troupes épuisées, très mal ravitaillées, encombrées par leur butin lors du pillage à Moscou, leurs malades et leurs blessés.


Débandade, non respect des consignes, hommes fourbus, mal chaussés, l'auteur conte la tragique retraite de Russie, cet hallucinant voyage dans l'enfer blanc, en suivant l'itinéraire de onze hommes, et d'une femme à travers collines verglacées, froid extrême , blizzard, plaine enneigée au milieu du harcèlement constant des cosaques et des combats .

Côte à côte : le sergent Adrien-Bourgogne, le colonel Raymond Aimery de Montesquiou, le lieutenant colonel Christian Wilhelm Fabre du Faur, le lieutenant Danel, la comédienne Louise Fusil Henri Beyle , auditeur au conseil d'état , futur nom de plume : Stendhal, le soldat Jakob Walter , le lieutenant Hubert Lyautey, Armand de-Caulaincourt, resté homme de confiance de l'Empereur , le maréchal Michel Ney.

L'auteur narre avec maestria, au plus près, l'histoire de leur lutte quotidienne contre le froid extrême , le désespoir, la faim, le blizzard, ce sont des officiers , sous officiers , simples soldats courageux , diplomates ou futur grand écrivain comme Stendhal.


Ils avancent , soutenus par le sens du devoir et l'instinct de survie ….

20 O00 rescapés pour 700 O00 soldats mobilisés au début de la campagne de Russie .

Talonnés par les cosaques, les soldats de l'empire subirent la Bérézina, vieillis, désabusés, dépassés, l'âme marquée d'inguérissables blessures, ils furent réduits à la débrouille, ils n'eurent bientôt plus qu'un seul souhait : s'en sortir, cette épreuve dépassait toutes les souffrances connues jusque là.
L'empereur s'efforcera de sauver ce qui pouvait l'être, rien ne s'était passé comme il l'avait prévu .

Offensives brisées par le général hiver «  La terre russe ne peut être conquise , elle est trop vaste » disait Joseph Staline. .


Il faut lire ce récit hallucinant, dense, complet, bien construit, habité d'un souffle brûlant, aux pages superbes, qui rend un vibrant hommage au sacrifice de l'arrière garde animée par le Maréchal Ney, déjà cité plus haut, ces souffrances endurées par des milliers d'hommes, la souffrance inouïe du soldat, «  le pire désastre des annales militaires » une armée en train de perdre en Russie, ses réussites, son invincibilité, sa puissance.

Pour l'empereur le commencement de la fin: rappelons ces dates : 1812, 1942, 2022 ……

« Le printemps surgit d'un coup dans les confins continentaux de l'Europe. Un beau matin, l'air est doux et parfumé, l'eau qui sourd de sous les plaques de neige parait tiède . L'hiver est fini , sa légende commence » .
Page 287.
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20 000 rescapés pour 700 000 soldats mobilisés au début de la campagne de Russie...Talonnés par les Cosaques après l'incendie de Moscou, les soldats de l'Empire subirent la Bérézina avant d'être réduits à la débrouille, au pillage et à la lutte contre le froid. Portant la lourde croix du soldat, ils n'eurent bientôt "qu'un objectif : sortir de ce damné pays" (p. 267). le grand intérêt du récit de Michel Bernard ne se limite pas à témoigner de la débâcle de la "grande Armée" : il rend aussi compte de la résilience d'un adversaire parvenant à dominer ses adversaires au fil des jours. Comme l'expliquait Joseph Staline, " la terre russe ne peut être conquise : elle est trop vaste. " 1812, 1941, 2022... L'histoire serait elle condamnée à l'éternel retour ? Il faut absolument lire ce récit documenté et vivant qui - actualité oblige - résonne fortement en nous.
Lien : https://livrescritique.blog4..
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📚​ Un récit où le désastre humain est mis en avant !! L'auteur réussit à transmettre aux lecteurs des scènes de désolation du civil aux soldats gradés où même le génie militaire de Napoléon ne peut rien quand le sort s'acharne.🧐
​B.M. met en avant quelques personnages secondaire qui ont traversé cette enfer blanc comme Louise Fusil -comédienne-, Bourguignon -Grognard-
Pour ma part je trouve que les héros de cette retraite sont le Maréchal Lefebvre et Général Eblé avec ses hommes qui ont construit ce passage de fortune pour traverser la Bérézina.
Ce livre permet aussi de connaître les personnages qui gravitent autour de l'Empereur: animosités,rancoeurs ;
Une lecture qui donne réflexion..
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critiques presse (1)
LeMonde
21 novembre 2022
L’écrivain Michel Bernard, dont on connaît le goût, ou plutôt ­l’attachement, pour l’histoire de la France, ses résonances, ses ­concordances dans le sentiment, la sensation fragile d’aujourd’hui, écrit dans Hiver 1812 la difficile chronique de cet effrayant gâchis de vies et de destins.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Les cris étaient ceux de cantinières et de vivandiers affolés qui s'enfuyaient. Le convoi avait stoppé, les conducteurs hésitaient, manœuvraient de façon désordonnée, comme pris de panique. Napoléon continua son chemin, indifférent à la péripétie qui secouait les riz-pain-sel. Enfin, on reconnut, submergeant les exclamations, le hurlement trop familier. C'étaient les Cosaques, des milliers, qui poussaient leur « Hourra » en pressant leurs montures et fondaient à l'aube sur les bivouacs de la ligne française.

Le général Rapp, le plus prompt, enjoignit à Napoléon de se replier, et, le geste accomplissant la parole, s'empara de la bride de son cheval pour l'obliger à faire volteface. L'Empereur retint sa monture, tira son épée en même temps que Berthier et Caulaincourt et fit face. Rapp, à peine rétabli de l'éclat reçu dans la hanche à la Moskova, fût le premier atteint. Un Cosaque, plongeant sa lance dans le poitrail de son cheval, le précipita à terre. La vingtaine d’officiers présents et les chasseurs de service se précipitèrent pour l'entourer et répliquer. Le groupe, Napoléon avec lui, était enveloppé par une nuée tourbillonnante de cavaliers, des hussards tartares. L’Empereur aurait été capturé, tué peut-être, si la résistance farouche de son entourage n'avait conduit le gros de la horde à préférer des proies plus faciles et d'un rendement immédiat.

(...)

Napoléon regarda sa cavalerie nettoyer la plaine, les conducteurs, remis de leurs émotions, récupérer leurs voitures. Tout rentra dans l'ordre, mais chacun constatait, l'Empereur le premier, que le danger avait surgi du côté où on ne I'attendait pas. La guerre pressait de toutes parts la marche de l'armée. Pour les Français, pour leurs alliés et ceux qui les accompagnaient, il n'était plus un endroit sûr dans la grande plaine russe.
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La colère de Napoléon ne retomba pas, elle changea d'objet. Avisant un château dans le paysage, il exigea qu'on le livrât aux flammes. Deux escadrons de la Garde partirent au galop. Quelques minutes plus tard, le gris léger des premières volutes salissait le ciel. Il appliquerait désormais aux Russes leur propre stratégie, celle de la terre brûlée. Ordre fut donné à Davout de détruire toutes les constructions à sa portée, de manière qu'après lui l'ennemi n'eût plus un toit sous lequel s'abriter, plus un puits auquel s'abreuver.

La consigne fût exécutée scrupuleusement. Rien n'échappait aux boutefeux : châteaux, fermes, villages, tous les bâtiments à la ronde étaient incendiés sous les yeux de leurs habitants, s'ils ne s'étaient pas enfuis dans les bois. La besogne trouva des exécutants zélés dans toutes les unités, y compris celles de I'avant-garde. De part et d'autre de l'itinéraire montaient d'épaisses fumées. L'impatience et l'ivresse de détruire étaient si violentes, si contagieuses, qu'elles s'exerçaient au détriment de la Grande Armée elle-même. On ne se préoccupait pas qu'elle eût intégralement défilé pour mettre le feu, de sorte que beaucoup de soldats de l'arrière-garde ayant guerroyé pendant des heures devaient bivouaquer
en plein air, pelotonnés sous leur couverture, près des cendres des chaumières, des granges qui les auraient abrités. À Borovsk, le 3e corps dut éteindre l'incendie qui empêchait les caissons de son anillerie, bourrés de poudre, de traverser la ville.

L'ivresse du saccage en service commandé aggravait l'indiscipline, débridait la violence. Les cadavres de paysans, de filles violées, et même d'enfants, découverts ça et là, étaient plus nombreux que de coutume dans le sillage des armées en retraite. On n’avait pas le temps de chercher les coupables, on n'en avait même plus l'idée. Les prisonniers russes tombant d'épuisement, incapables de se relever, étaient achevés par leurs gardiens, le rebut de l'armée. Le long des fossés s’égrenaient, d'un coin de bois à un autre, les corps maigres des malheureux, la tête fracassée par une balle ou la crosse d'un fusil. L’écœurement des combattants qui voyaient ces sinistres jalons, leur indignation contre la lâcheté des moeurs s'éteignaient dans une meditation morose sur leur propre sort.
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Les Cosaques avaient rapidement reparu. En solidifiant les marais, le gel les avait rendus praticables pour leurs petits chevaux et l'incendie des ponts de bois les avait à peine retardés. Leurs bandes galopaient sur les flancs de l'armée.

Oudinot eut affaire à eux dès le 29 novembre. Il avait pris un peu d'avance la veille, mais, requérant des soins réguliers, sa grave blessure l'obligeait à des stations prolongées. Le guerrier aux innombrables cicatrices était alité dans une chaumière à Plechnitsié, à vingt-cinq kilomètres après Zembine, quand le village fut tout à coup parcouru par une nuée de Cosaques. Ils assiégèrent la maison où leurs renseignements situaient un haut gradé de l'armée française.

La petite suite du maréchal, dont son fils, se barricada et se défendit, Oudinot faisant lui-même feu avec ses pistolets par une ouverture. Les attaquants s'éloignèrent, pour revenir aussitôt avec deux canons qui criblèrent de mitraille la maison. Une éclisse arrachée d'une poutre par un tir frappa le maréchal, le blessant à nouveau. L'arrivée d'une centaine de fantassins ralliés par des officiers du 1er corps équilibra le combat, que rompit l'ennemi quand survinrent Junot et ses Westphaliens.

Les sauveteurs trouvèrent dans le village, comme une récompense providentielle, quantité de pommes de terre, de la paille et même du foin, un délice pour leurs chevaux.
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Ce 5 décembre, à vingt-deux heures, précédée d'un détachement de chasseurs à cheval et de lanciers polonais, la dormeuse dans laquelle l'Empereur avait pris place avec Caulaincourt, muni d'une collection de pistolets, quitta les rues encombrées de Smorgoni. Elle était tirée par six petits chevaux du pays sous la conduite du mamelouk Roustam. Le suivaient dans deux voitures : Duroc, grand maréchal du palais, et le général Mouton, un valet de pied et un ouvrier pour réparer le matériel, dans la première. Fain, Constant, le valet de chambre et un garçon de bureau dans la seconde.

Tous les chevaux, attelages et escorte, avaient été ferrés à glace par les forgerons du Grand Ecuyer. L'Empereur avait réuni les maréchaux et le prince Eugène juste avant son départ pour les en prévenir et leur en donner les raisons. Il martela que l'essentiel du chemin était fait, que les Russes, pas moins éprouvés par la saison, ne tenteraient plus rien de sérieux et qu'une partie de la garnison de Vilna allait venir au-devant des troupes pour les soulager. La priorité était de reconstituer à bref délai une armée, de la masser en Pologne afin de contenir les Russes et d'en imposer à la Prusse.

(…)

Aussitôt que les voitures de l'Empereur et de sa suite eurent atteint la sortie du bourg, avant même que Ie dernier lancier de l’escorte n'ait été avalé par la nuit. Ie groupe des maréchaux se sépara. Ils regagnèrent leurs états-majors, masures ventées, enfumées par Ie bois vert où, l'estomac vide, les membres douloureux, leurs aides de camp, généraux et colonels se disputaient une place pour la nuit.
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Le général Eblé rappela ses hommes. Éreintés, grelottants, n'ayant dans l'estomac que le vin que l'Empereur leur avait fait distribuer, ils se regardaient. On leur en demandait plus qu'aux bêtes. Après la promesse d'une prime, il se trouva quand même des volontaires pour quitter leur litière de paille, s'arracher à la chaleur des feux, enfiler leurs habits encore humides. A la lueur des lanternes, sous l'averse de neige, ils entrèrent encore une fois dans la Berezina afin d'y redresser ou remplacer les trois chevalets défaillants et réparer le tablier.

Le même pont, mis à l'épreuve par la succession des lourds charrois, céda à deux reprises encore au cours de la nuit, à deux heures et à six heures. Eblé sollicita à chaque fois le dévouement de ses pontonniers, qui de nouveau firent les gestes de leur métier tandis que l'eau gelait à leurs épaules et, près d'eux, enserrait dans la glace les jambes de vieux général.

A Lariboisière qui, embarrassé, venait lui demander de la part de l'Empereur de presser ses gens, Eblé se contenta de les montrer, le visage blême, la chemise trempée collée au torse, en train de transporter les tréteaux, frapper à la masse sur les madriers, les lier avec de grosses agrafes, clouer dessus des planches.
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Vidéo de Michel Bernard
Deux remords de Claude Monet de Michel Bernard aux éditions La Table Ronde https://www.lagriffenoire.com/?fond=produit&id_produit=103018&id_rubrique=12 • Les Bourgeois de Calais de Michel Bernard aux éditions de la Table Ronde
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