Voyage immersif en Iran, de 2005 à nos jours.
On a l'impression de vivre dans le dortoir de l'université de Téhéran, dans une famille en plein coeur du pays et d'en ressentir la chaleur, chez les bonnes soeurs... On se perd avec l'auteur dans les bazars ou dans les soirées interdites du nord de Téhéran (bourgeois).
En filigrane s'esquisse aussi la politique internationale et son poids pour les habitants.
Un regard autre sur le pays.
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Il n'y a pas d'arbres, pas d'herbe, pas d'enclos, pas de champs, pas d'eau. Juste de la rocaille. Un désert de rocaille. Le ciel est si pâle et vide qu'il rase et étouffe le sol. L'air brûle la peau et la vie. Tout le monde se calfeutre à l'intérieur des bâtisses. Nous roulons depuis quelques heures déjà. La voiture nous protège de la chaleur. Nous filons à travers l'Irak. La route est droite. Nous roulons vers l'ouest. Les mots ne sortent pas. Les regards sont pendus à l'horizon. Le paysage est sableux, pelé par le vendes tempêtes. Des hommes, tels des bergers perdus, font leur apparition de-ci de-là. Les check-points se succèdent. À chaque fois, même routine : présentation des passeports, inspection du coffre, vérification du dessous de la voiture avec une perche dotée d'un miroir pour être sûr qu'il n'y a pas de bombe dissimulée dans le châssis. Kalachnikov en bandoulière, les peshmergas en service scrutent l'ensemble des véhicules et leur passagers.
Survient peu de jours après la Journée d'Al-Qods (Jérusalem). La journée instituée par l'ayatollah Khomeini pour protester contre le contrôle de Jérusalem par les Israéliens. Chars, bombardiers, mitrailleuses, véhicules blindés. Défilent des corps d'armée, barbus et enfouraillés. Sur la cadence des chants patriotiques diffusés aux quatre coins des rues par des haut-parleurs, les unités descendent de la muraille montagneuse du nord de Téhéran pour donner l'assaut sur les plaines du sud, peuplées de pauvres et de païens. La machine de guerre iranienne est déployée. La vision moderne du stade où hommes et femmes sont mélangés, tête nue, s'estompe. L'heure est cette fois à la virilité.