Citations sur Sauvages (32)
Il paraît que les forêts marchent, m’avait un jour raconté ma mère. Elles le font très lentement, c’est pour cela que les êtres humains ne s’en rendent pas compte. Elles avancent silencieusement, vers un but qu’elles seules connaissent…
Dans le faisceau jaune de la lampe, la forêt, sombre et luisante m’évoqua un monde en ruine. Déplaçant la lumière vers le corps inerte, il me parut soudain plus petit et plus frêle que jamais. Comment cet individu avait-il pu nous terroriser à ce point ? Pour quelle raison n’avais-je jamais tenté de me battre contre lui ?
Du flou vers lequel m’emportait mon âme fatiguée, je refis la mise au point sur le paysage. La lune dardait son œil de pierre sur moi. Elle éclairait la cime des arbres d’une lumière bleutée qui me donna soudain l’impression de contempler un vaste océan.
Oui, ces types étaient aussi enragés que leurs chiens. Hommes ou bêtes, ils prenaient un malin plaisir à faire souffrir et, nous, les « sauvages », étions leurs proies favorites…
Après la mort de… , le décompte des journées et des heures cessa d’avoir de l’importance pour moi. Bien sûr, je savais que le mois de mai arrivait et qu’il ne restait plus qu’une trentaine de jours avant ma libération, mais je m’en fichais. Désormais, j’étais certain que l’hiver durerait éternellement, que le froid et la grisaille m’accompagnerait partout, et en toute saison. J’appris ce printemps- là que le soleil peut briller au-dessus de nos têtes, sans parvenir à réchauffer nos cœurs.
j'allai tout droit vers la boîte en carton sur laquelle la soeur avait inscrit Bijoux et Colifichets. Comme je l'avais imaginé, elle contenait nos bijoux et nos plumes, pêle-mêle. J'y plongeai la main et, tout au fond de ce bric à brac, je trouvai ce que je cherchais.
Le collier de Stella gisait sur ma paume comme un oiseau blessé.
Gabriel trouva et tailla plusieurs éclats de pierre. Il était plutôt doué pour ce boulot. Ou comme nous tous au fond, était-il seulement doué pour ce qu’il avait vraiment envie de faire ?
- Oui monsieur! l'imita-t-il encore en tordant la bouche.
A ton âge, tu sais ce que je faisais moi?
- Non m'sieur.
-Je tuais mon premier ours!
Gabriel jeta un regard effaré sur le manteau en fourrure noire du chasseur.
- Et toi? T'as déjà tué quelque chose, gros débile?
- ...
- Attends! Attends! Réponds pas! Je sais! C'était une souris qui courait sous ton lit, ricana Moras, tandis que Gordias roulait bruyamment un glaire au fond de sa gorge pour l'envoyer voler jusque sur le manteau de Gabriel.
Oui, ces types étaient aussi enragés que leurs chiens. Hommes ou bêtes, ils prenaient un malin plaisir à faire souffrir et, nous, les "sauvages", étions leurs proies favorites.
Nos plus grandes richesses ne nous appartiennent pas, mais elles sont éternellement à portée de nos mains.
…/…
Si tu penses à l’échec avant qu’il ne vienne, tu es sûr d’échouer.
…/…
Gabriel trouva et tailla plusieurs éclats de pierre. Il était plutôt doué pour ce boulot. Ou, comme nous tous au fond, était-il seulement doué pour ce qu’il avait vraiment envie de faire ?
Mon cerveau brûlait de trouver une solution, mais j'avais l'impression que mes idées couraient dans tous les sens sans jamais trouver de réponse, comme si mon esprit était coincé dans un labyrinthe sans issue.
Pour résoudre une difficulté, il faut laisser ta tête se promener ailleurs... Va faire un tour !