Mine de rien, les ouvrages de la collection "Texto" commencent à prendre de la place sur mes étagères. Après avoir lu une vingtaine d'entre eux, de différents auteurs et portant sur des périodes historiques très diverses, je n'ai encore jamais été déçu... Et ce ne sera pas pour cette fois, avec cette très bonne "
Histoire des Gladiateurs" signée
Anne Bernet. Comme de coutume dans cette collection des éditions Tallandier, il s'agit d'un essai historique sérieux sans être le moins du monde rébarbatif ; une très bonne synthèse, agréable à lire et fort instructive, qui ne se perd pas dans un labyrinthe de détails n'intéressant que les spécialistes.
Parce que nous avons tous lu des romans ou vu des films sur le sujet, nous pensons connaître le Gladiateur. Après lecture de ce livre, on s'aperçoit que ce que l'on croit savoir est généralement entaché d'approximations et d'idées reçues.
L'auteur revient d'abord sur les origines de la gladiature, qui se confondent avec celles de la puissance romaine. On apprend par quels mécanismes d'évolution les combats donnés lors de rituels funéraires devinrent un spectacle profane, et comment celui-ci acquit une importance politique capitale dans la Rome antique... au point que durant les premiers siècles de l'Empire, alors que se succédaient des Césars accros aux jeux du cirque et d'autres qui les détestaient, il ne se trouva personne pour remettre en question cette vénérable institution qu'était devenue la gladiature.
Une bonne part de l'ouvrage est ensuite consacrée aux hommes eux-mêmes, ceux qui moururent sur le sable de l'arène comme ceux (lanistes, munéraires, mais également médecins ou prostituées) qui vécurent de la gladiature. Non,
les gladiateurs n'étaient pas tous des esclaves, nombre d'entre eux étaient des engagés volontaires ; oui, certains devinrent des idoles pour la foule, mais tous, vainqueurs ou vaincus, furent pareillement frappés d'opprobre. L'auteur s'emploie à combattre les images d'Épinal fleurissant sur
les gladiateurs (dont le trop fameux "Morituri te salutant !") et les jeux du cirque en général ; de longs développements sont d'ailleurs consacrés aux à-côtés de la gladiature, tels que les courses de char ou les condamnations "ad bestias" impliquant notamment les premiers martyrs chrétiens.
Au rayon des défauts, on notera que le découpage thématique des chapitres engendre des redites : lorsqu'une anecdote ou un événement rapporté par l'auteur peut se rattacher à plusieurs thèmes, il est répété dans chacun des chapitres concernés. Ainsi le lecteur qui déciderait de ne parcourir qu'un chapitre bien particulier à la recherche d'une information précise serait assuré de ne rien manquer... mais pour celui qui lit le livre en entier, de la première à la dernière page, ces redondances sont un peu agaçantes. Autre petit point gênant, les notes de bas de page abondent et, paradoxalement, souffrent du fait d'être souvent porteuses d'informations intéressantes : on ne peut se permettre de les sauter ! Un certain nombre de ces notes auraient sans doute gagné à être intégrées au corps du texte pour un meilleur confort de lecture.
Mais ces menus détails ne remettent pas en cause la qualité générale de cette "
Histoire des Gladiateurs" qui reste hautement recommandable pour tous les lecteurs attirés par la civilisation romaine. Merci à Babelio et aux éditions Tallandier de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage dans le cadre de l'opération "Masse Critique".