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Critique de ASAI


ASAI
28 décembre 2020
Une lecture singulière... ce livre ne connaît aucun paragraphe, aucun chapitre..., comme une longue ligne...
Il s'agit d'une mise en scène (mais ce n'est pas écrit comme une pièce de théâtre).
Un homme (sans doute l'auteur mais peut être pas, peut être l'un de nous), a accepté une invitation à un dîner, pour se retrouver dans une société qu'il excècre.
La première partie du livre (la plus importante) est consacrée aux ruminations de l'auteur (ou du héros), coincé dans un "fauteuil à oreilles", qui devient un personnage.
La deuxième partie est le dîner proprement dit.
Pour aimer ce livre, il faut le voir comme une véritable mise en scène et une mise en langage. Tout est théâtral. dramatisé à souhait, exacerbé, vociféré, joué (surtout).
Dans son fauteuil à oreilles, cela est répété mais je m'en suis amusée, à guetter, à anticiper, la répétition de la formule, il observe les gens, les invités qui entrent peu à peu, sans le voir lui. Cette position, situation est géniale. Mais déjà féroce. Il est en retrait, caché, et alors on comprend d'emblée, que le "héros" est dedans et dehors. Position confortable puisqu'il ne veut pas vraiment aller à ce dîner, mais si intenable puisqu'il y est à ce dîner. Et alors on aura compris que la clé du roman est l 'ambivalence, une ambivalence qui empêche de prendre des décisions tranchées, qui empêche de vivre, tout simplement car qui tue le choix, et la décision et qui encourage la soumission (je me remets à l'autre pour décider).
Thomas se livre à des portraits (de gens qui ont réellement existé et qu'il a réellement connus) d'une férocité, d'un cynisme, mais d'une drôlerie car si bien écrits. Il n'a aucun égard pour cette faune, qu'il côtoie mais qu'il déteste (encore l'ambivalence).
Nonobstant, le bonheur de lire Des arbres à abattre ne réside pas dans l'histoire. le bonheur de cette lecture, c'est l'écriture. Une écriture spiralaire, remarquable, riche et pleine d'humour sarcastique.
Ainsi Thomas B. met en répétition (en spirale) des expressions telles que "comme qui dirait" (c'est ma préférée), ou "comme on dit" ou "comme j'ai pensé"... je m'en suis amusée... je n'ai pas compté, je jouais, c'est quand qu'il va sortir cette formule,... oh ben ca fait une page que je n'ai pas lu une formule bernhardienne, un jeu, Thomas B. emmène le lecteur dans ses ruminations. Soit c'est agaçant, soit c'est jouissif.

Le titre du livre est "l'irritation", c'est tout à fait cela. Thomas, l'auteur, vous colle une grosse poignée de poil à gratter. Mais plus vous vous grattez, plus il faudra vous gratter. Alors, il faut jouer, et renvoyer à l'envoyeur.

Accepter et ne pas accepter, ce qui est toute la problématique de l'auteur et du livre. Pourquoi a-t-il accepté d'assister à ce dïner ? Comment aurait il pu refuser ?
C'est du théâtre (d'ailleurs, j'ai vu cela après avoir fini ma lecture, le livre a été adapté au théâtre, formidablement)
Une théatralisation, implacable, cynique, ironique, décapante, destructrice, d'un microcosme artistique.
A la fin de ma lecture et de cette chronique, j'ai découvert qu'à la parution du livre en Autriche, il y avait eu censure, car des personnages se reconnaissaient. Scandale !!! Mais le livre circulait déjà et la censure a été levée.


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