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EAN : 9782752907509
516 pages
Phébus (08/02/2012)
3.94/5   50 notes
Résumé :

Elle ne supportait pas qu'on tienne la plume à sa place. Parvenue au faite de sa carrière (1907), elle a tenu à rédiger - et à rédiger seule - ses Mémoires d'actrice... et d'inspiratrice de toute une époque. Un livre considéré comme un classique du genre, où Sarah révèle à la fois une personnalité incandescente et un rare tempérament d'écrivain: en un temps où le st... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Si un jour on m'avait dit que j'en pincerais pour Sarah Bernhardt...
Comme souvent j'aime farfouiller dans les bouquineries et un samedi matin je tombe sur ce livre, Ma double de vie de Sarah Bernhardt, récit de ses mémoires d'actrice. Double surprise, d'une part j'ignorais que cette grande dame du théâtre avait écrit sa biographie et d'autre part j'ai découvert une écriture qui se tient merveilleusement dans les pages, belle, simple, nue, incisive, rythmée, inventive, drôle, généreuse. C'est l'écriture d'une grande autrice.
Ma double de vie, c'est bien sûr une autobiographie, mais c'est bien autre chose aussi. Sarah Bernhardt nous dévoile et partage ici sa vie publique et son ressenti sur des plans rapprochés de cette existence. Ici, ne venez pas chercher quelques pans intimes de sa vie qui furent j'imagine presque aussi riches que sa vie publique, mais elle n'en parle jamais, ne les évoque même pas, jamais un mot à ce sujet. Tout juste elle évoque parfois l'existence d'un fils, qu'on découvre brusquement au détour d'une page, je me suis surpris, revenant en arrière sur ma lecture, me demandant si j'avais raté un épisode, qui donc est ce fils ? qui donc en est le père ? dans quel endroit secret, dans quelle étreinte éperdue et furibonde fut-il conçu ? Sarah Bernhardt n'évoque jamais ce jardin secret de sa vie et c'est ainsi qu'il faut accepter ce mystère, s'en faire une raison.
Sans doute a-t-elle séduit, fait tourner bien des têtes d'hommes... Mais si elle fait silence sur ses amours, c'est autant par pudeur, que pour mieux se protéger, protéger les siens des griffes d'un univers impitoyable.
Elle a cependant beaucoup de choses à raconter sur sa vie publique. Tant de choses et surtout qui peuvent nous toucher, nous lecteurs insatiables, follement épris de la justesse et de l'émotion des mots qui nous font parfois accéder à l'invisible, à l'inaccessible...
De Sarah Bernhardt, j'ai l'image d'une vieille comédienne à la voix lyrique et chevrotante, presque ampoulée. Ce récit m'oblige à revoir cette image, - j'en suis presque honteux, je découvre la jeunesse fougueuse de Sarah Bernhardt, son esprit facétieux, irrévérencieux, intelligent sans cesse tout au long de son propos.
Ici le récit porte sur les quatre premières décennies de vie...
Dans ce récit échevelé, elle m'a tenu en haleine, me prenant par la main pour m'entraîner à folle allure dans cette période confuse et tumultueuse du Second Empire.
Elle dévoile ainsi son enfance bretonne lorsqu'elle fut élevée par une nourrice de Quimperlé qui ne parlait que le breton, son adolescence au couvent où elle rêvait de devenir nonne, ses débuts au théâtre, la guerre de 1870 et la Commune, son entrée à la Comédie-Française où elle débute à l'âge de dix-huit ans et d'où elle part avec fracas après avoir giflé un sociétaire, - ce qui ne lui fut jamais pardonnée, son départ pour les États-Unis à la faveur d'une tournée triomphale qui dura sept mois, son retour en France où elle pouvait dès lors affronter son destin...
Sans doute elle ment parfois, comme un comédien ment sur une scène de théâtre. Sans doute elle ment à force de jouer la comédie ou la tragédie... Sans doute elle enjolive certains traits, les rendant follement épiques, occultant par ailleurs ses amours, ses amants... Sans doute s'est-elle mise en scène à son tour, façonnant ce personnage à l'esprit indépendant, rebelle et batailleur ?
Ce qui m'importe ce ne sont pas les faits qu'elle raconte, c'est son ressenti, c'est l'imaginaire qu'elle convoque et étreint au royaume de sa vie comme un amant magnifique et infatigable.
Ce qui compte ici c'est le désir d'une femme rêvant de conquérir le monde et elle le réussit avec rage.
Si Sarah Bernhardt nous parle d'une époque où le théâtre connaissait ses heures de gloire, elle nous fait visiter les coulisses d'un monde qui déborde de loin le domaine des planches et elle nous en apprend de belles sur le pouvoir et l'argent qui gouvernent aussi les milieux artistiques.
Mais c'est son aventure personnelle qui nous touche avant tout, tissant dans ce récit déjà sa légende.
Turbulente, excentrique, cherchant à imposer les caprices de ses désirs, elle est souvent celle des scandales.
Ma double vie, c'est le récit d'une femme qui rêve de conquérir le monde, un vieux monde encore façonné par les hommes, les politiques, les financiers, les écrivains, les journalistes, ceux qui font la pluie et le beau temps, elle réussit par la grâce de son art, par le caprice de ses désirs, par une volonté indestructible, à conquérir ce monde.
Ce qui m'a frappé tout d'abord, c'est la virulence de l'époque, la violence à laquelle elle fut confrontée, celle des jalousies, des rebuffades, des mesquineries, l'hypocrisie des uns, la fatuité des autres, celle des chausse-trappes qu'on lui tendait sans cesse sur son chemin de gloire... Elle démontre un caractère entier et indomptable qui l'a sans doute aidé à tenir debout et triompher avec panache.
Je découvre qu'elle ne fut pas seulement une comédienne - sans doute la plus grande de son temps -, elle fut également une sculptrice talentueuse, une peintre aussi et l'autobiographie dont je vous parle ferait rougir de honte bien des célébrités qui se sont livré avec fadeur à cet exercice.
Plus qu'une artiste, elle fut l'inspiratrice d'une époque ainsi que des auteurs qui la mettaient en scène. George Sand, Victor Hugo, Alexandre Dumas le père et le fils, Théophile Gautier, Gustave Flaubert... Elle a côtoyé les plus grands, mais ne pourrait-on pas inverser la perspective et dire que ces auteurs ont eu la chance de côtoyer et mettre en scène l'éblouissante, la sublime Sarah Bernhardt. Ne se contentant pas de poser sa voix sur des textes entrés dans la légende, - Hernani, Ruy Blas, Lorenzaccio, Hamlet, La Dame aux Camélias, l'Aiglon -, d'habiter avec passion des rôles qu'on croirait taillés pour elle, elle a posé sa voix, ses gestes, son âme comme une lumière drapant la médiocrité du monde...
Le livre que j'ai entre les mains contient aussi des photos de l'artiste, montrant sa beauté éblouissante et farouche, drapée dans des robes amples, dans des costumes parfois exotiques, sur l'une d'elle elle pose nue dévoilant des seins de porcelaine tandis que son regard espiègle perce l'éventail qui tente de cacher son visage. J'ai eu l'impression qu'elle me regardait...
D'une maigreur presque maladive, son physique androgyne récusait les canons de la beauté féminine qui arrondissaient le monde de cette époque et dont les hommes voulaient s'enivrer à souhait, derrière cette silhouette fragile elle impose vite un style qui la rendra célèbre...
Si parfois je l'ai trouvée bien trop complaisante avec un certain Napoléon III qui le lui rendait bien et fort méprisante à l'égard des Communards, cela ne l'a pas empêché de conquérir mon coeur par sa grande humanité, sa présence fidèle près des soldats blessés durant le siège de Paris alors que la capitale était cernée bombardée par les forces prussiennes, sa révolte contre la peine de mort, son attention auprès d'émigrants en détresse qui rejoignaient l'Amérique sur ce navire en partance du Havre, sa compassion pour des condamnés à mort comme cet anarchiste nommé Vaillant dont elle assista fracassée de douleur à l'exécution capitale, son engagement au côté de Zola dans l'affaire Dreyfus...
Ce récit dont je vous parle représente le premier volume de ses souvenirs. Inutile de vous dire que je vais courir très vite vers le second volume, tant la lecture du premier fut un régal. Retourner dans les pas du fantôme de Sarah Bernhardt enchante déjà mon coeur.
« Ma vie, que je croyais d'abord devoir être si courte, me paraissait maintenant devoir être très, très longue ; et cela me donnait une grande joie malicieuse, en pensant à l'infernal déplaisir de mes ennemis.
Je résolus de vivre.
Je résolus d'être la grande artiste que je souhaitais être.
Et, dès ce retour, je me vouai à ma vie. »
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Sarah Bernhardt est sans doute - avec Joséphine Baker - l'artiste de scène française la plus connue et la plus méconnue à la fois.

Figure dominante du théâtre dans la seconde moitié du XIXème siècle et ma première moitié du suivant, Sarah Bernhardt fut non seulement une grande actrice, tragédienne et comédienne, mais encore une artiste aussi complète qu'on puisse l'imaginer : sculpteuse, peintre, exploratrice, dramaturge mais aussi écrivain. "Ma double vie" est son autobiographie.

La vie de Sarah Bernhardt, qui fut sans doute la femme la plus populaire de son époque, en France comme à l'étranger, est stupéfiante, captivante, impressionnante d'événements et de talent. Telle une star hollywoodienne avant l'heure, elle fut - contre son gré - la proie des journalistes et des hommes d'affaires. Egérie de la France, elle fut son ambassadrice des arts jusqu'aux Etats-Unis où elle effectua plusieurs tournées aussi aventureuses qu'épuisantes. de constitution fragile, blâmée et raillée pour sa maigreur en un temps pas si lointain où l'embonpoint allié à une taille de guêpe représentait le canon féminin par excellence, Sarah Bernhardt fut une femme de tête au tempérament bien trempé qui affronta l'opinion publique pour imposer ses vues, ses idées et ses projets. Amoureuse du public qui lui rendait son amour au centuple, elle devint rapidement une véritable mascotte médiatique unanimement adulée.

Issue d'un milieu bourgeois nanti, sa vocation lui a été imposée par son entourage afin de suppléer à une impossibilité d'hériter des biens paternels et sa carrière d'actrice eut donc d'abord un objectif pragmatique : celui de subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa parentèle. Mais la jeune Sarah a une voix unique, une spontanéité inégalée, un tempérament de diva ou de reine, un charme enjôleur, une présence sur scène qui émeut. Elle se distingue et le succès est au rendez-vous malgré son indépendance et sa fantaisie affichées et assumées.

Ses mémoires sont un régal à lire de par leur style et leur contenu narratif. Humour, facétie, introspection, opinions politique, économique et sociale, Sarah Bernhardt confie tout par le menu avec un sens aigu de l'analyse, ne passant sous un silence pudique qu'un seul aspect de son existence : sa vie sentimentale et la naissance de son fils naturel.

Je retiendrai de cette découverte littéraire un très grand plaisir de lectrice, doublé du sentiment de fierté qu'une égérie française telle que Sarah Bernhardt témoignât en son temp de la volonté d'indépendance et de l'intelligence féminines, si longtemps niées et bafouées par les hommes.


Challenge MULTI-DEFIS 2023
Challenge PLUMES FEMININES 2023
Challenge PAVES 2023
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Viens de passer un bon moment avec Sarah Bernhardt, j'ai côtoyé ses crises de nerfs qui la caractérisent depuis son enfance, son esprit m'en foutiste qui n'hésite pas à claquer les portes que beaucoup multiplient moult énergie pour ouvrir,, sa belle étoile qui sait, en m^me temps, faire d'elle un sujet de scandale et un sujet de grande gloire...
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J'ai adoré découvrir la vie trépidante de cette grande artiste que je connaissais de nom bien sûr, mais dont le destin m'était quelque peu obscur.

À travers son autobiographie, nous rencontrons une jeune fille et ensuite une femme au caractère bien trempé, qui sait ce qu'elle veut et n'en démord pas. J'ai adoré la lire et ne me suis pas ennuyée un instant. J'ai aimé découvrir ses frasques, son destin atypique, ses rencontres, ses joies et ses peurs. le récit est vivant, la plume enlevée est à l'image je pense du personnage.

Sarah Bernhard était, on peut le dire, une femme hors du commun, extrêmement douée et adorant faire parler d'elle. Elle a déchaîné des passions, toutes extrêmes, que ce soit dans l'adoration ou dans la haine. Il ne semble pas avoir de demie-mesure avec cette artiste.

J'ai particulièrement aimé lire ses frasques, m'attendant toujours à tout. Elle n'hésite pas à claquer la porte de grands théâtres sur un coup de tête, même si elle est encore reliée à eux par un contrat, elle s'imprègne de ses rôles en s'allongeant dans un cercueil, acquérit un guépard, s'évanouit quand elle est trop contrariée, pique des colères mémorables, peut également parfois se montrer égoïste, même si elle peut aussi avoir la main sur le coeur, comme son action durant la guerre de 1870.

Mon seul bémol (comme nombreuses autobiographies bien sûr) est que l'artiste choisit ce qu'elle décide de nous narrer ou de nous cacher. Je ne me suis toujours pas remise que son enfant apparaisse du jour au lendemain alors qu'auucne mention de grossesse ou de naissance n'ait été faite auparavant.

Je vous conseille chaudement la lecture de cette autobiographie qui nous narre un autre monde et un pan du destin de cette femme incroyable, adulée dans le monde entier.
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Ces mémoires auraient pu avoir pour titre :
« La vie vaut la peine qu'on y entre sérieusement, mais gaiement. » Mais Sarah Bernhardt, actrice française (1844-1923), qui aimait cette maxime de M. Auber, son directeur au Conservatoire, en a décidé autrement… parce que c'est justement ce qui la caractérisait : décider autrement, suivre sa voie ; non pour aller contre les autres, non pour écraser les autres, mais seulement pour vivre sa vie pleinement et à sa manière. Peut-être parce que sa santé fragile lui faisait penser que sa vie serait courte, ce que finalement elle ne fut pas, certainement parce qu'elle avait une forte personnalité, trop forte pour certains.
La devise de Sarah était : « Quand même » « Ce n'était pas un fait du hasard, mais bien la suite d'un vouloir réfléchi. À l'âge de neuf ans, j'avais choisi cette devise, après un saut formidable au-dessus d'un fossé que personne ne pouvait sauter et auquel mon jeune cousin m'avait défiée ; je m'étais abîmé la figure, cassé un poignet, endolori le corps. Et pendant qu'on me transportait je m'écriais, rageuse : « Si, si, je recommencerai, quand même, si on me défie encore ! Et je ferai toute ma vie ce que je veux faire ! »
Sarah est travailleuse mais ne laisse personne la déranger si elle a décidé de dormir une heure ; elle est volontaire jusqu'à l'obstination, têtue mais sachant écouter les personnes sensées ou intelligentes ; elle est égoïste et généreuse ; elle vit pour elle-même, mais elle est aussi très concernée par le monde dans lequel elle vit ; elle aime une vie riche de plaisirs, et s'entoure de belles choses, mais est capable de voyager dans un wagon à bestiaux pour aller retrouver son fils ; elle aime être adulée par le public, mais organise un hôpital dans son théâtre pendant la guerre Franco-prussienne du terrible hiver de 1870 ou elle soigne et nourrit des centaines de blessés. Sarah devient une actrice célèbre par son talent et sa voix d'or, et quand elle fait de sa vie une aventure, les trente-deux personnes (femme de chambre, majordome, impresario, actrices et acteurs) qu'elle emmène avec elle dans sa tournée américaine, profitent comme elle d'une expérience inoubliable en péripéties, déconvenues et émerveillements.
Sarah est une femme complexe, intelligente, inspirante, forte, admirable selon moi.
Ce que Sarah n'aime pas :
La guerre : elle trouve que c'est une grande et macabre bêtise des hommes.
La peine de mort : bien qu'elle soit elle-même forte, qu'elle ait bataillé contre sa famille et son entourage pour se faire la place qu'elle s'est choisie, elle est indulgente envers ceux qui se sont trompés de route et finissent à l'échafaud : qui sait s'ils ne valaient pas la peine d'être sauvés ?
La viande : elle fera pourtant, à Chicago, une visite surprenante… !
L'immobilité : elle ne visite ni les églises ni les musées. Elle monte à cheval, conduit son propre attelage, vogue en bateau vers l'Angleterre ou l'Amérique, sillonne l'Europe en train, et même… surprise !
Qu'on coiffe sans ménagement ses cheveux frisés et aussi indomptables qu'elle.
La soumission et la bien-pensance : dans un monde dirigé par des hommes, une femme libre d'esprit et de corps doit être d'une force mentale incroyable pour garder ce qu'elle aime par-dessus tout :
Son indépendance.
On en apprend beaucoup sur cette femme à part. Mais ce texte ne se résume pas à cela… si on peut appeler ma critique un résumé ! Il y a nombre de pensées intéressantes et de jolies phrases :
« L'hospitalité est faite de saveur primitive et de grandeur antique. »
« La vie est courte, même pour ceux qui vivent longtemps. Il faut vivre pour quelques-uns qui vous connaissent, vous apprécient, vous jugent et vous absolvent, et pour lesquels on a même tendresse et indulgence. le reste est la « fouletitude », joyeuse ou triste, loyale ou perverse, de laquelle on n'a rien à attendre que des émotions passagères, bonnes ou mauvaises, mais qui ne laissent aucune trace. Il faut haïr très peu, car c'est très fatigant. Il faut mépriser beaucoup, pardonner souvent et ne jamais oublier. le pardon ne peut entraîner l'oubli ; pour moi, du moins. »
« … nous logeons en nous notre plus terrible ennemi : « la pensée », laquelle est sans cesse en contradiction avec nos actes ; laquelle se dresse parfois, terrible, perfide, méchante, et que nous essayons de chasser sans y réussir. Nous ne lui obéissons pas toujours, grâce à Dieu ! Mais elle nous poursuit, nous lancine, nous fait souffrir. Que de fois les plus mauvaises pensées nous assaillent ! Et quel combat il faut livrer contre ces filles de notre cerveau !
La colère, l'ambition, la vengeance, font naître les plus détestables pensées, dont on rougit comme d'une tare, qui ne sont pas nôtres, car nous ne les avons pas appelées, mais qui souillent quand même, et qui nous laissent désespérés de n'être pas seuls maîtres de notre âme, de notre coeur, de notre corps et de notre cerveau. »
L'écriture est surprenante : on a plutôt l'impression d'écouter Sarah Bernhardt : elle écrit peut-être comme elle parlait, librement, avec un langage à elle et des mots de son invention parfois, ce qui est très attachant.
Sarah est réaliste sur elle-même; elle connaît ses qualités; elle connaît aussi ses défauts, ne s'en cache pas, mais ne tente pas toujours de les corriger parce qu'ils ont fait d'elle ce qu'elle était: une femme forte et inoubliable.
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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Ah ! le beau voyage que nous fimes alors ! La Bretagne, il y a trente-cinq ans, était sauvage, inhospitalière, mais aussi belle, peut-être plus belle que maintenant, car elle n'était pas sillonnée de routes carrossables ; ses flancs verts n'étaient pas tachés de petites villas blanches ; ses habitants, les hommes, n'étaient pas affublés de l'abominable pantalon moderne, les femmes, du miséreux petit chapeau à plumes. Non, les Bretons promenaient fièrement leurs jambes nerveuses vêtues de la guêtre ou du bas à côtes, le pied pris dans le soulier de cuir à boucles ; les longs cheveux collés aux tempes cachaient les oreilles maladroites et donnaient au visage une noblesse que ne laisse pas la coupe moderne. Les femmes, avec leurs jupes courtes laissant voir leurs chevilles menues sous le bas noir, avec leur petite tête sous les ailes de la cornette, ressemblaient à des mouettes.
Je ne parle pas, bien entendu, des habitants de Pont-l'Abbé ou du bourg de Batz, qui ont des aspects tout différents.
Je visitai presque toute la Bretagne et séjournai surtout dans le Finistère. La pointe du Raz m'avait conquise. Je restai douze jours à Audierne, chez le père Batifoullé, si gros, si gras, qu'il avait fait faire une entaille dans la table pour y loger son ventripotent abdomen.
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Ma nourrice était bretonne et habitait près de Quimperlé une petite maison blanche, au toit de chaume très bas, sur lequel poussaient des giroflées sauvages.
C'est la première fleur qui ait charmé mes yeux d'enfant. Et je l'ai toujours adorée, cette fleur au pétales faits de soleil couchant, aux feuilles drues et tristes. C'est loin, la Bretagne, même à notre époque de vélocité. C'était alors le bout du monde.
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Moi, j'adore la mer et la plaine, mais je n'aime pas les montagnes, ni les forêts. La montagne m'écrase. La forêt m'étouffe. II me faut à tout prix de l'horizon à perte de vue, et du ciel à perte de rêve.
Je voulais monter sur les montagnes pour ne plus qu'elles m'écrasent. Et nous montions toujours ! toujours plus haut !
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Je me sentais, sans le définir, un léger mépris pour ce tribunal impitoyable. - J'ai bien souvent, depuis, pensé à cette épreuve, et je me suis rendu compte que des êtres bons, intelligents. pitoyables, deviennent inférieurs lorsqu'ils sont groupés. Le sentiment de l'irresponsabilité personnelle éveille les mauvais instincts. La crainte du ridicule chasse les bons.
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Ah ! l'injustice de la guerre ! l'infamie de la guerre ! Il ne viendra donc pas, le moment rêvé où il n'y aura plus de guerres possibles ! Où un monarque qui voudrait la guerre serait détrôné et emprisonné comme un malfaiteur ? Il ne viendra donc pas le moment où il y aura un cénacle cosmopolite où le sage de chaque pays représentera sa nation et où les droits de l'humanité seront discutés et respectés ?
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