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EAN : 9782070392643
99 pages
Gallimard (03/01/1995)
3.21/5   50 notes
Résumé :
Ils se revirent quelques jours plus tard.Loïc sonna à la porte d'Hélène. Il l'entendit marcher sans hâte. Elle ne courait pas pour venir lui ouvrir. Elle n'avait pas guetté son arrivée, feuilletant un journal sans pouvoir le lire. Elle l'embrassa sur les joues. Elle était légèrement maquillée. Il distingua des particules scintillantes dans sa poudre. Loïc n'avait jamais vu Hélène d'aussi près. Il ne l'avait jamais touchée, jamais effleurée. Il disait bonjour ou bons... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
«Loïc allait s'allonger sur elle. Ils feraient l'Amour sans froisser les draps ni les couvertures, sans rien défaire. Puis ils se laveraient et ils se rhabilleraient. Elle tapoterait le lit. Pas de plis ni de taches, pas de poils et pas d'odeurs. Aucune trace.»

J'ai détesté et adoré ce livre à la fois, je vous assure c'est possible. Un mélange de malaise et de sublime qui m'ont tenu de la première à la dernière page.

Pour les amateurs de Jane Austen, un conseil, n'ouvrez jamais ce récit. Nous sommes à mille lieux des regards sulfureux, des mains qui se frôlent, du coeur qui explose, de la passion qui envenime, très loin de l'extase et de ces clichés qui font rêver.

Je ne ferai pas long pour un récit très court. Emmanuèle Bernheim nous décrit l'autopsie d'un couple, Hélène et Loïc, qui s'observent, se détaillent, vont s'immiscer dans la tête l'un de l'autre, se masturber l'esprit, se torturer, s'imaginer des choses sans le moindre fondement. Pas de corps qui s'enlacent au coin du feu. Un gant sale traîne sur le lavabo, ses cuisses restent poisseuses, des poils collés par le sperme, des dents qui s'entrechoquent et un diaphragme lavé et rangé dans sa boite. Une introspection crue qui peut laisser un goût amer. Ils se cherchent et se rejettent, se font l'amour en silence, se parlent peu, se regardent beaucoup et pourtant, ils brûlent, se consument l'un l'autre et m'ont ravagée tout au long de ce récit.

Autopsie d'un couple qui m'a épuisé et une fin qui m'a laissé… comment dire…bouche bée !

J'ai reconnu la plume acide de cette auteure. Son écriture sans détour va droit au but, à l'essentiel, sans fioriture ni préliminaire. Un rythme effréné qui surprend car tout en retenue. Les défauts sont décrits à la loupe comme pour anéantir la libido. Il s'agit pourtant de ce qu'il y a de plus beau et de plus effroyable : l'Amour.

Un récit qui vous laisse le souffle court comme après une nuit d'amour.

Emmanuèle Bernheim… Oh oui, encore !


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Un homme, une femme, chabadabada. Sors ton kleenex, je vais te raconter une histoire d'amour. L'homme s'appelle Loïc, médecin, épaule large, teint hâlé. Elle, Hélène. Je ne l'imagine pas spécialement belle, je lui reconnais un certain charme. La beauté est avant tout dans le charme qu'elle dégage et pas dans les critères esthétiques de la société (en tout cas, elle n'est pas blonde à forte poitrine). Donc elle a du charme mais elle semble un peu gauche. Bon, ok, lui aussi. Un couple de gauche – et je ne parle pas de politique, jamais, de toute façon je ne parle pas du tout, jamais. Mais revenons à ce couple. Un couple.

Ils se sont rencontrés, échangés des regards, des numéros de téléphone. Elle l'invite, un soir à dîner. Il ne viendra pas. Il l'invitera un autre soir. Ils ne se toucheront pas. Tout juste une bise sur la joue pour se dire au revoir. Amabilité minimum de rigueur. D'autres rencontres, d'autres dîners. Foie gras et champagne. Ou inversement. Ils se parlent à peine, se frôlent parfois. Il pense à son ex copain qui habitait les lieux avant lui, celui avec le peignoir bleu. Avait-il les yeux bleus ? Elle pense à… et bien en fait à pas grand-chose, j'ai du mal à la cerner, à la comprendre. Lui, je vois qu'il ne sait pas trop bien où il en est dans sa vie. Il voit Hélène, il voit Brigitte. Et puis après…

Hélène et Loïc. Un drôle de couple, donc. Pas de coup de foudre. Pas de passion. La plume d'Emmanuèle Bernheim est incisive, rapide. Je commence à la connaître. Ses phrases sont courtes, aussi banales que concises. Elles jettent ses mots et ses ponctuations, en saccades, comme une giclée de sperme sur ton sexe chaud. Les fantasmes coulent entre les lignes, et mon sperme dégouline de tes cuisses sur le drap blanc et pas froissé. Tiens, prends mon kleenex. Elle me plait bien cette plume, même si là, une froideur presque chirurgicale découpe le couple du scalpel de l'amour. D'ailleurs est-ce de l'amour ? Où est donc l'étincelle de vie entre Hélène et Loïc. Certainement dans ces non-dits, dans cette imagination qui entraîne les corps et esprits dans des « je-te-veux » et des « je-te-veux-plus ». Mais n'est-ce pas aussi une autre forme de passion, que de s'attirer comme des aimants et de se repousser comme des pôles opposés.
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On s'en serait douté : « Un couple », c'est la rencontre d'un homme et d'une femme – dabadabada, dabadabada…– on croirait du Lelouch… ou du Truffaut. Mais la comparaison s'arrête là. A la lecture, ce serait plutôt du Robbe-Grillet (l'écrivain) ou du Claude Simon, ou du Sarraute…

Le problème reste que je ne suis pas un fervent admirateur ce cette littérature « nouveau roman » minimaliste basée sur l'objet et/ou le fait dans son expression la plus triviale. Ainsi l'acte d'amour entre Loïc et Hélène (c'est le couple en question, ou présumé tel) se résume-t-il à « des poils collés dans du sperme…», il y a également des nez qui coulent, des mouchoirs usagés, des lèvres trop grosses…

Bref, un livre court (je l'aime bien celle là…) et c'est tant mieux, parce que plus long aurait frisé l'intolérable. Une expérience à tenter, néanmoins, pour se convaincre si c'était nécessaire, qu'on publie vraiment n'importe quoi, parfois...

Et mille excuses à ceux qui ont aimé, notamment Chrisdu26, qui semble l'avoir, elle, plus ou moins apprécié si j'en crois sa remarquable critique. Mais pour ma part, c'est fini avec Emmanuèle Bernheim, le divorce est prononcé…

« Comme nos voix dabadabada, dabadabada»... ... ...
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Je découvre Emmanuèle Bernheim, auteure que je situerais proche de Françoise Sagan en lisant les premières pages de ce roman sur « Un couple » paru en 1988. C'est en raison du sujet que je fais cette association. Ce texte court d'une centaine de pages décrit une rencontre, celle d'Hélène et Loïc. Cela se passe dans un milieu que l'on nommerait aujourd'hui de bobos parisiens. On connaît leur âge et leur métier mais on n'en sait pas beaucoup plus et notamment on ne sait pas comment ils se sont rencontrés. Ils cherchent tous les deux l'amour sans que cela soit dit. Car ce qui est évoqué c'est l'aspect matériel de leur rencontre : le dîner préparé à la maison où le face à face au restaurant puis l'amour physique.
Dans un style très dépouillé où seuls les détails comptent je n'ai pas bien compris où elle voulait en venir.
Après un très beau commencement, l'histoire s'étiole et pourtant elle est courte. Elle ne se résume plus qu'à une histoire de sexe qui présente de moins en moins d'intérêt. On ne sait pas ce qu'ils veulent, c'est un couple qui ne parle pas et la fin ne m'a pas du tout convaincue.
J'ai lu ce livre complètement par hasard parce que le nom d'Emmanuèle Bernheim me disait quelques choses. Je viens de m'apercevoir que son décès récent est le sujet du livre de Serge Toubiana « Les bouées jaunes », récit remarqué en cette rentrée littéraire de janvier 2018. Il écrit sur la femme qu'il a aimée et perdue et raconte leurs vingt-huit ans de vie commune.
C'est émouvant et cela me donne le sentiment d'avoir raté le coche car je n'ai pas vraiment aimé « Un couple ». Mais je n'abandonne pas l'idée qu'Emmanuèle Bernheim est une grande romancière.

Lu en janvier 2018
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On retrouve ici encore le style de l'auteur : histoire très brève, phrases très courtes et sèches (parfois juste sujet verbe), chute pas banale. J'ai beaucoup apprécié Sa femme et Vendredi soir, mais là, j'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser.
J'ai du mal à situer Hélène et Loïc. On ne sait pas grand-chose d'eux car l'auteur va à l'essentiel, encore plus que dans les autres romans que j'ai lus. J'ai surtout du mal à comprendre ce qu'ils recherchent exactement. Elle qui semble plus gênée par le gâchis de nourriture que par les lapins que Loïc lui pose. Lui qui accepte une invitation à dîner alors qu'il sait très bien qu'il n'ira pas et qu'il fera exprès de la faire attendre toute la soirée pour rien; qui volontairement ne lui parle pas et ne la regarde pas, ou qui attend qu'elle ne le regarde pas pour la regarder; qui couche aussi avec Brigitte alors que des parties de son corps semblent le dégoûter.
Est-ce que Loïc teste Hélène ? C'est quoi cette histoire ? de l'amour (un peu tordu alors) ? Une envie de ne pas être seul(e) ? de la perversité ? Je crois que la subtilité de l'histoire m'a échappé. En fait, je crois que je n'ai rien compris. Et ce n'est pas la fin qui m'a éclairée.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il se rendit chez Hélène en sortant de l’hôpital.

Dès qu’il arriva, il s’enferma dans la salle de bains. Un gant de toilette s’égouttait sur le rebord du lavabo. Hélène venait de se laver. La brosse à dents était mouillée. Hélène voulait avoir l’haleine fraîche au cas où Loïc l’embrasserait. Il vit, sur un coin de la baignoire, une boîte bleue. Une boîte plate, presque ovale, qui ressemblait à un grand poudrier. C’était la boîte d’un diaphragme. Loïc l’ouvrit. Elle était vide. Il sourit. Ainsi, Hélène s’était préparée pour lui. Elle s’était soigneusement lavée et, jambes fléchies, un pied en appui sur le bord de la baignoire, elle avait mis son diaphragme. Puis elle avait enfilé un slip propre, neuf peut-être, avec le soutien-gorge assorti. Elle avait sûrement quitté son bureau plus tôt que d’habitude et elle était allée au magasin de lingerie. Elle avait essayé plusieurs modèles. Nue dans la cabine, elle avait sans doute eu froid. Elle s’était rapidement décidée. La vendeuse lui avait souri, complice. Et maintenant, elle était assise à côté de lui, propre, dans ses beaux dessous, avec, dans la bouche, le goût du dentifrice. Il lui parlait, elle ne l’écoutait pas. Elle pensait au moment où il se déciderait à poser la main sur elle, à la toucher, à la caresser. Elle y penserait au restaurant et dans la voiture, au retour. Jusqu’à ce qu’il s’arrête devant chez elle, sans se garer, sans couper le contact. Là, elle comprendrait. Les sous-vêtements neufs et le diaphragme n’auraient servi à rien. Elle rentrerait seule. Dans la salle de bains, elle verrait le gant de toilette avec lequel elle s’était lavée et la boite bleue et elle se jetterait sur son lit en pleurant. Lui, il irait chez Brigitte.
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Le lendemain soir, chez des amis, Loïc rencontra Brigitte. Elle était médecin. Elle avait une grosse bouche et de gros seins. Elle fumait beaucoup. La fumée s’échappait de ses lèvres sans qu’elle parût la souffler. Lorsqu’elle se leva pour partir, Loïc vit, à travers sa robe noire, les marques de son slip un peu trop serré. Il décide de la raccompagner.

Chez elle, ils se déshabillèrent. Elle fut nue devant lui. Etendue sur son lit, elle l’attendait. Son slip et ses collants avaient tracé deux lignes roses et parallèles sur sa peau, l’une à la hauteur de ses hanches, l’autre autour de sa taille.

Loïc lui fit l’amour trois fois.
Elle posa sa tête sur son épaule. Ses cheveux ébouriffés lui rentrèrent dans les narines. Il éternua. La tête de Brigitte sauta et retomba.

Il la revit deux soirs de suite. Il passait la nuit chez elle. Il dormait bien. Il ne l’embrassait jamais. Ses lèvres étaient trop grosses. A son réveil, il l’observait. Sa peau était si fine et son corps si tendre que les plis des draps y imprimaient chaque nuit des dessins différents. Il la quittait après avoir posé un baiser sur sa joue, là où l’oreiller l’avait marquée.
Il rentrait chez lui pour se laver.
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Loïc passa les trois nuits suivantes chez Brigitte. Il lui faisait l’amour longtemps. Il l’observait. Elle fermait les yeux. Sa grosse bouche s’ouvrait. Toutes les sept ou huit secondes, il en sortait de petits gémissements, ni forts ni faibles. Ses gros seins tressautaient. Elle appelait Loïc. Elle lui parlait. Il essayait de ne pas l’entendre. Peu à peu, les lèvres de Brigitte s’écartaient davantage, ses gémissements devenaient plus longs, plus rapprochés. Brusquement, elle fermait la bouche, elle ouvrait les yeux. Loïc cessait alors de la regarder. Il éjaculait silencieusement.
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Il l'appela à son bureau. Elle n'était pas libre à déjeuner avant le milieu de la semaine suivante mais, s'il le voulait, elle pourrait dîner avec lui le lendemain soir. Il hésita. Pendu contre le mur, le manteau formait une longue tache grise. Loïc se décida. Il lui fallait son blouson. Il accepta. Hélène l'attendrait chez elle vers huit heures et demie. Sous la paume et les doigts de Loïc, le récepteur était trempé. Il le reposa et essuya sa main contre son pantalon.
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Elle, elle dormait. Sa position, joue appuyée sur l’oreiller, lèvres entrouvertes, yeux fermés, lui déformait le visage. Il distingua une tache humide sur la taie, sous la bouche. L’intérieur de ses cuisses devait être poisseux, les poils de son sexe collés par le sperme.

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Vidéo de Emmanuèle Bernheim
Découvrez l'émission intégrale :https://www.web-tv-culture.com/emission/serge-toubiana-le-fils-de-la-maitresse-53358.html Quand il raconte sa vie, Serge Toubiana redevient très vite le gamin de Sousse, cette petite ville de Tunisie en bord de mer où il a grandi, dans une famille heureuse. Très vite aussi reviennent les premiers souvenirs de cinéma, comme « La Strada « , le film de Fellini, qui l'effraya au plus haut point. La famille et le 7ème art, voilà peut-être les deux piliers qui ont façonné Serge Toubiana. Arrivé en France à l'adolescence, il découvre le cinéma de la Nouvelle Vague, les réalisateurs et les acteurs en vogue et se fait un nom dans le métier. 50 ans plus tard, Serge Toubiana affiche sur son CV ses années dans les pages des Cahiers du Cinéma, son rôle et tant que directeur de la Cinémathèque française et aujourd'hui sa place à la présidence d'Unifrance, en charge du rayonnement du cinéma français à l'étranger. Serge Toubiana a consacré de nombreux ouvrages à sa passion. Que ce soit sur François Truffault, le réalisateur japonais Yasujiro Ozu ou Jean Renoir, des livres sur des acteurs et actrices célèbres, des films mythiques, des histoires du cinéma… Il aime faire partager sa passion. Mais Serge Toubiana aime aussi partager ses souvenirs. Et là vient se glisser une mélancolie qu'il revendique pleinement. « Les fantômes du souvenir » par exemple, en 2016, dans lequel il évoque les grandes rencontres qui ont marqué sa vie, et plus personnel encore, « Les bouées jaunes » en 2018, hommage à sa compagne décédée, la romancière et scénariste Emmanuelle Bernheim. Voici aujourd'hui « le fils de la maitresse » aux éditions Arléa. Un avion entre Toronto et Paris, à l'automne 2019. Confortablement installé en classe affaire, Serge Toubiana laisse vagabonder son âme. Et la solitude arrive. Personne ne l'attend plus à l'arrivée. Quelques mots griffonnés en plein ciel puis la plume qui court dans les semaines qui suivent. Serge Toubiana va raconter son enfance, sa famille et plus précisément sa mère, Georgette. Au fil de ce livre très personnel, touchant, pudique, c'est une vie simple qui s'offre à nous, une enfance heureuse, choyée entre cette mère institutrice, ce père horloger, tous deux militants communistes convaincus. Il y a le soleil de Tunisie puis l'exil vers Grenoble, de nouveaux repères avec le cinéma en toile de fond, le temps qui court, l'affection qu'on ne sait pas toujours montrer. La plume de Serge Toubiana est belle, émouvante, poétique et littéraire, sans être jamais dans le pathos. A travers ces gens sans artifice mais authentique, chacun pourra plaquer ses propres souvenirs, sa propre nostalgie. Récompensé par le Prix Marcel Pagnol, le livre de Serge Toubiana est un coup de coeur. « La fils de la maîtresse » est publié chez Arléa
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