Ce baron là n'a rien à voir avec la noblesse. C'est la " farce " du village, autrement dit l'idiot, le fêlé, le toqué, les mots ne manquent pas pour le qualifier. A la suite de son décès, en fouillant sa pauvre masure, Louise, une cousine lointaine du Baron découvre une musette contenant des petits bouts de papier, des phrases incohérentes qui vont prendre tout leurs sens lorsque la fille de Louise tente de percer le mystère de ces écrits. Elle va découvrir que celui que l'on croyait simple d'esprit possédait une intelligence bien au delà de ce que son entourage imaginait Toute une vie contenue dans une besace...On ne peut s'empêcher de s'attacher à ce Baron. Un très beau roman du terroir.
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J'irai pas, je veux pas aller soldat. Je veux pas faire la guerre. Je veux pas voir l'enfer sur la terre comme le père Léon.
- Pas le peine de crier comme çà s'emporta sa mère. D'abord, t'as pas besoin de t'en faire, tu seras réformé.
De ces mots là aussi le Baron connaissait le sens, ainsi que les raisons.
- Pourquoi je serai réformé ? Je suis pas trop petit moi, je suis pas bossu, pas boiteux, je vois bien clair.
- Tu seras réformé et c'est tant mieux parce qu'ils t'en feraient voir de toutes les couleurs.
Il n'avait pas mangé depuis quarante huit heures. Sur la table subsistaient les traces de ses derniers repas. Un moreau de pain, une assiette et un couteau. Il n'avait pas bu de café ni chaud, ni froid. Il savait qu'il allait mourir mais il n'avait plus peur. Il allait se coucher, s'endormir et ne plus se réveiller. Et ce qui resterait de lui deviendrait une étoile qui porterait bien son nom parce qu'elle filerait tout droit pour retrouver là haut ce qui restait d'eux.
"Le bon numéro" d'Henriette Bernier