De pierre, de bois, de main d'homme

Tout d'abord, je remercie les éditions Cairn (et la jolie couverture) et Masse critique.
J'aime les paysages alpins. Ce livre ne pouvait que m'intéresser, même si je ne connais pas les Pyrénées.
Le sous-titre pourrait être : "Pour ne pas oublier".
Ne pas oublier ce dont l'homme de la montagne était capable à une époque où il n'avait que ses mains, son ingéniosité et son travail acharné pour vivre en terrain difficile, voire hostile et nourrir sa famille.
Marcellin Bérot commence par s'attrister devant les ruines.
"Qui n'a rencontré sans un pincement au coeur une grange au toit crevé, une cabane écroulée "?
Mais les pierres ne seront bientôt qu'un tas qui ne parlera à personne. Les plus jeunes peuvent-ils imaginer comment était ce monde perdu ?
L'auteur insiste avec raison sur la somme de travail quotidien et l'hostilité de la montagne, des conditions climatiques.
S'en suit l'énumération de lieux qui furent habités.
"On a dit à ce sujet que les hommes du passé avaient "faim de terre".En réalité ils avaient faim tout court. La hantise de la faim".

La deuxième partie : "L'enterrement de la montagne" est émouvante. Ce sont les obsèques du père. L'église est comble, tous n'ont pas pu entrer.
Marcellin, le fils, se souvient , évoque des épisodes passés. Que ce soit propre à sa famille ou à celle des amis venus rendre un dernier hommage.

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique. Je l'avais choisi car je suis fan de nature et d'histoires d'homme que l'on conte au coin du feu.

Dans "De pierre, de bois, de main d'homme", Marcellin Bérot plante un décor qui bientôt n'existera plus. Il décrit des ruines, des maisons qui s'effondrent et des granges en bien piteux état....pour ne pas oublier. Ne pas oublier ces hommes qui vécurent dans la montagne et construisirent des villages à bout de bras. N'oublier jamais qu'alors on se contentait de peu mais vivions heureux. Ne jamais oublier que la montagne est belle et féroce à la fois.

Son amour de la région transpire dans chacun des mots choisis. On a l'impression d'être emporté au coeur même des Pyrénées. E si au début j'ai eu du mal à rentrer dans le livre, au fur et à mesure de l'avancement du récit, je me suis mise moi aussi à regretter ce temps où les hommes savaient que c'était le travail de la terre et n'avaient pas peur de devoir construire de leurs mains "des cathédrales". L'énumération des lieux-dits m'a paru quelque peu longuette mais l'accumulation joue sans doute en faveur du propos défendu.

La deuxième patrie relate l'enterrement de son père. L'opportunité pour l'auteur de se souvenir de son enfance et de se remémorer avec nostalgie de ce passé qu'il chérit tant!

Pour les amoureux de la montagne et du début du 20e siècle un brin nostalgique!

Marcellin Bérot est un enfant de la montagne pyrénéenne. Par deux ouvrages assemblés dans ce livre, les éditions Cairn nous offrent l'occasion de découvrir le témoignage et la pensée de cet homme. le thème unique est l'homme et sa vie passée dans l'âpre montagne.
Le premier ouvrage est un riche guide des us, labeurs et lieux. Mr Bérot est un précieux témoin et conteur. Peut-être un peu trop nostalgique ?
Le second texte parle aussi du passé, de l'enfance de Marcellin. Là, lors des obsèques de son père, il se replonge dans les belles tranches de son enfance, dans les hauteurs avec les siens. de beaux personnages...

Merci aux éditions Cairn pour ce beau présent, et à Babélio pour l'opération Masse critique !