AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782917598283
104 pages
La Cheminante (04/03/2011)
3.77/5   67 notes
Résumé :
Voir sans être vue. Absence de soi aux autres. La burqa. Ce voile épais couvrant le corps de mille et une femmes est-il rempart ou prison ? En une langue lumineuse, à fleur d'âme, Lamia Berrada-Berca sonde les pensées intimes d'une épouse cloîtrée en quête d'elle-même. Dans Kant et la petite robe rouge, le désir féminin affronte la culture d'origine. Inattendus, un vêtement rouge sensuel et un texte fondateur insufflent la liberté à l'héroïne.

Que lire après Kant et la petite robe rougeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 67 notes
5
3 avis
4
7 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
0 avis
Ce tout petit opuscule nous fait pénétrer dans le quotidien d'une femme musulmane voilée, exilée en France avec son mari et sa fille, ne sachant ni lire ni parler le français.
Emprisonnée derrière son voile et le fait établi qu'une femme n'a aucun droit sinon celui de nourrir sa famille, "la jeune femme" (on ne connaitra son nom qu'à la moitié du livre, lorsqu'elle aura son premier geste de femme libre) vit retranchée dans son monde obscur jusqu'au jour où, par hasard, elle tombe en arrêt devant une robe rouge en vitrine : ce jour là, pour la première fois de sa vie, elle sera assaillie par un désir qui provoquera une fissure dans sa vie réglée... Peu de temps après, c'est un livre de Kant qui lui tombe entre les mains et qu'elle demande à sa fille de lui lire, qui va enclencher un lent cheminement vers l'autonomie, l'estime de soi et la liberté.
Un petit livre tout de sensibilité et de finesse.
Commenter  J’apprécie          240
Une découverte magnifique car une histoire pleine d'espoir et de douceur malgré tout.
Une jeune femme, voilée, sous sa longue robe noire qui la rend invisible au monde, découvre le désir à travers la vision dans une vitrine d'une petite robe rouge. le rouge, couleur du cri. Et après cette vision, plus rien ne sera jamais pareil dans sa vie. Elle commence à réfléchir, à saisir qu'elle est finalement un individu et non plus qu'un objet quotidien. Puis elle tombe sur un livre, un livre de Kant. Mais c'est sa petite fille qui va lui en lire des passages car elle ne sait pas lire et ne sait pas écrire. Alors, les voilà les deux, dans la pénombre, à lire des passages de ce livre et là, son esprit s'ouvre encore un peu plus à ce qui est raison, ce qui est soi, ce qui est vivre, ce qui est être.
Franchement, un très beau petit livre, je suis réellement enthousiaste. Je le conseille vivement, comme il m'a été conseillé car il ouvre aussi en soi une réflexion personnelle.
Commenter  J’apprécie          123
Voici un livre qui est un véritable coup de coeur. Une belle écriture pour cette histoire simple mais tellement porteuse d'espoirs.
Berracada nous raconte de l'intérieur la vie d'une jeune femme, qui vit avec son mari dans la banlieue. Elle a suivi son mari en France, elle est voilée et ne peut accompagner sa fille à l'école que voilée de noir. Un jour, elle voit dans une vitrine une robe rouge et elle a très envie de se l'acheter. Ce désir et la découverte d'un livre sur le paillasson de son voisin va lui ouvrir son horizon. Sa petite fille va alors l'aider à découvrir un autre monde, que celui que son mari lui offre.
Ecrit à la première personne, ce livre va nous donner un point de vue différent. Ne nous laissons pas aller au premier regard et ce livre nous permet de comprendre aussi la difficulté de l'intégration. Une belle écriture. Un livre d'espoir.
Commenter  J’apprécie          91
« Kant et la petite robe rouge » est un court roman de Lamia Berrada-Berca, publié tout d'abord (2012, Editions La Cheminante, 104 p.) puis réédité (2021, Editions Do, 104 p.). En fait 103 paragraphes d'une longueur qui n'excède pas une page. Une petite fille et sa mère, deux autres femmes qui entourent la mère, la maitresse de la fille et la vendeuse de robes, et deux hommes, le mari et un voisin. Voilà pour les personnages. Les accessoires : un logement, sans plus avec cuisine et chambre, le magasin de robes, un livre et un dictionnaire.
Une femme donc, mariée, elle dit vendue, à un mari qui gère la famille selon ses principes. « Son but est de veiller à ce qu'elle soit bien propre et bien nourrie. A ce que la maison soit propre et bien tenue. La femme est programmée pour entretenir leur hygiène du bonheur à tous ». Il n'y a pas à revenir sur ces principes. Elle porte la burka sous la pression de son mari. « Elle voit le monde à travers un moucharabieh flottant ». Une chance, la fille, en âge d'être scolarisée, qui apprend à lire, à vivre, avant qu'elle ne soit, elle aussi vendue, c'est-à-dire mariée.
« Elle est passée devant d'abord sans la voir. Sans vouloir voir en fait. / A cause de sa longue tunique noire, sans doute, qui la rend différente ». C'est devant la vitrine avec la petite robe rouge, on s'en serait douté. Dès les premières pages, tout est en place, les personnes, les objets, les affects dont le désir, le silence, et l'ignorance. La robe rouge de la vitrine s'oppose à la longue tunique noire.
Le désir, oublié depuis longtemps, s'installe. Puis l'attente, jusqu'aux soldes. « Elle l'a vue. / Toujours là, toujours rouge, sa robe. / Elle l'a vue d'abord de biais, d'un peu loin, comme pour faire croire qu'elle attendait que le feu passe au rouge, histoire de l'admirer tranquillement ».
Il reste à ajouter les autres protagonistes, la vendeuse qui comprend le désir, a maitresse de la fille qui souhaite aider la femme. Reste un livre, déposé sur le paillasson du voisin « Qu'est-ce que les Lumières ? » de Emanuel Kant. Sans doute pas le plus facile à lire. « Sapere Aude » repris en rabat de couverture. C'est de Horace « Ose savoir » ou comment se servir de son libre arbitre. Encore eut il fallu savoir que l'on en avait un. Mais la maitresse explique tout à la fill.
« Quand le mari rentre, tout a disparu. le livre dans la marmite, la petite fille dans sa chambre, la jeune femme dans sa cuisine ».
On est pratiquement dans le conte de fée pour adultes. On aimerait que la réalité soit aussi généreuse. Hélas.
Commenter  J’apprécie          10
Aminata, dont on découvre le prénom au fil du livre, a été arrachée à son village, mariée et emmenée en France par son époux. Elle y vit avec lui et leur petite fille. Ne sachant ni lire ni écrire, et ne parlant pratiquement pas le français, elle subit un isolement supplémentaire, et non des moindres, avec l'obligation de porter un voile intégral.

Deux évènements vont asseoir sa volonté d'indépendance et de liberté. Tout d'abord une robe dont le rouge éclatant accroche son regard dans une vitrine devant laquelle elle passe comme un fantôme. Puis un livre déposé sur le palier du voisin, et qu'elle vole.
Elle tournera autour de ces deux objets, longtemps, au rythme des questions qui lui viennent, sur ce qu'elle est, ce qu'elle peut être, ce qu'elle souhaite pour sa fille, et comment...

L'écriture est d'une poésie sobre, les mots vont droit au but. le questionnement d'Aminata se heurte aux murs de l'appartement, ou aux limites de la cage de tissu qui l'entrave.
J'ai suivi l'éclosion de cette femme pas à pas avec passion, la gorge serrée.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Le désir d'une robe rouge est un affreux péché quand on est une femme; car le premier des péchés est d'abord de réaliser qu'elle est - c'est la vérité somme toute - une femme; car le second des péchés est de croire naïvement qu'elle est une femme comme toutes les autres qui pourraient comme toutes les autres s'exprimer; car le troisième des péchés est de se dire après tout qu'elle peut en effet avoir un désir et l'exprimer; car le quatrième des péchés est d'avoir un désir à soi qui fait prendre conscience qu'on peut alors exister pour soi; car le cinquième des péchés est de vouloir exister à part entière et le sixième péché lui fait dire naïvement qu'elle a envie d'y croire, alors le septième péché arrive, le septième péché fait naître en elle l'idée qu'elle est un individu.
Commenter  J’apprécie          70
Quand le voile noir est tombé sur sa tête la première fois elle n'a rien dit. C'est cette fois-là qu'il aurait fallu crier pourtant. Pleurer. Hurler. Mais ne rien dire... Comment est-ce possible d'accepter de n'être qu'une chose qui agite les bras, qui avance les pieds, qui garde tous les automatismes d'un être vivant, qui sait même rire d'elle avec ses comparses, et qui demeure cependant sans voix, hors de la vue et de la vie d'autrui ?
Commenter  J’apprécie          40
Une façon d'exprimer sa liberté à même le corps : voilà ce que cette robe au tissu si différend du gros drap grossier de tergal qui l'enveloppe habituellement incarne aux yeux de la jeune femme.
Commenter  J’apprécie          70
Apercevoir le point de vue d'une femme portant la burka est important pour ne pas craindre cet habillement. Ce petit roman met aussi en avant Kant et sa critique de la raison pure.
Commenter  J’apprécie          70
La jeune femme pense en effet qu'elle a beaucoup de chance.
Son mari ne la bat pas.
Il se contente juste de faire comme si elle n'existait pas.
Commenter  J’apprécie          61

Videos de Lamia Berrada-Berca (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lamia Berrada-Berca
Interview de Lamia Berrada-Berca lors de sa venue en 2013 à LITTERATURES EUROPEENNES COGNAC. Auteur de Kant et la petite robe rouge - La Cheminante. Vidéo : Espace 45
autres livres classés : burqaVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (132) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..