Il ne manque qu'une chose à
Bernard Berrou qui fut l'ami de Gracq pour être le premier promeneur d'aujourd'hui… C'est d'aimer la promenade ! Ses aveux montrent au moins ses réserves : « La promenade, la balade ne me conviennent pas, épuisantes à force d'être trop lentes. Elles endorment et inoculent des pensées tristes. » Réticent à se présenter comme promeneur donc, Berrou se revendique marcheur, adepte même de la marche sportive. Gageons quand même que ce n'est pas la marche Audax qui lui a fait percevoir si subtilement les variations de lumière, la délinéation des formes, les glissements de nuances dans la baie qu'il arpente, qu'il explore, qu'il semble redécouvrir sans cesse. Après l'Allemagne, le Portugal, la Grande Bretagne et beaucoup l'Irlande, c'est dans la baie d'Audierne que ce breton a voulu circonscrire ses « errances au pas soutenu ». Il revient ainsi au lieu de son enfance paysanne et marine « entre dunes et paluds » dont la mémoire lointaine, enténébrée, fantastique presque surgit dans les clair-obscur du paysage. Elle se précise, s'anime, se reconstitue, vient même au premier plan de l'écriture pour le « Passager de la baie » qui continue pourtant son errance présente. L'espace contemplé de la baie et le temps de l'enfance ressuscitée se mettent ainsi superbement en correspondance.
(avant-propos d'un extrait dans "Les promenades littéraires" : https://lespromenadeslitteraires.over-blog.com/