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Critique de Antyryia



Parfois, il y a des livres qui peuvent faire peur par leur volume et dans lesquels on est totalement aspiré dès les premières pages.
Impossible de décrocher un seul instant des pavés qu'étaient Bazaar de Stephen King, le vide de Patrick Senécal ou, plus récemment, Toute blessent, la dernière tue de Karine Giébel.
Trois titres parmi tant d'autres.
A l'inverse, il existe parfois de courts romans interminables.
L'assassin de ma soeur a pour moi fait partie de ceux-là.
266 pages, 68 courts chapitres, une présentation aérée, de nombreux dialogues ... et pourtant un polar qui m'a paru interminable.
Inintéressant au possible, lu dans la douleur petit chapitre par petit chapitre, j'ai cependant refuser d'abandonner en cours de route.
Pas par curiosité de connaître le nom du coupable, encore moins par masochisme.
J'ai simplement accepté ce roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée et, même si j'ai fait une mauvaise pioche, je m'étais engagé à aller au bout avant de rendre mon avis.
Merci malgré tout aux Presses de la cité pour leur envoi en avant-première.

Tout d'abord, rassurez-vous, ma soeur va bien.
Celle qui va beaucoup moins bien, c'est la soeur de Nora, dans le roman. Assassinée à trente-deux ans.
"Elle a reçu onze coups de couteau au ventre, à la poitrine et au cou, avec des lésions défensives aux mains et aux bras."
Cette infirmière, qui songeait à déménager, qui se sentait surveillée, qui avait préparé ses bagages avait même acheté un berger allemand pour se protéger.
La pauvre bête n'a pas non plus connu un sort très enviable puisqu'elle a été retrouvée pendue à proximité de la scène de crime.

Et ce n'est pas la police incompétente qui risque de résoudre cette tragique affaire de meurtre.
Elle n'était déjà pas parvenue à résoudre l'agression de Rachel, alors qu'elle était encore adolescente.
"Votre soeur a été victime de deux crimes presque identiques."
C'étaient les deux soeurs qui avaient alors épluché les journaux, à la recherche d'agressions similaires dans le voisinage, espérant retrouver le criminel.
En vain.
Cette fois, Nora est seule pour résoudre cette nouvelle énigme.
"Je dois sans doute chercher trois individus. Celui qui l'a attaqué à Snaith, celui qui l'épiait depuis la crête, et celui qui l'a assassiné."
Mais toutes ces personnes n'en forment elles pas qu'une seule ?

Vous vous souvenez de Jarod, dans la série "Le caméléon" ?
Nora est elle aussi un être capable de prendre n'importe quelle apparence.
Tour à tour détective, policière, juge ou bourreau, elle incarne également les rôles de soeur éplorée, de confidente. Elle enfile le costume de contrôleuse judiciaire ou de journaliste afin d'arracher des confidences aux habitants de la petite ville de Marlow et de reconstituer elle même les évènements, se plongeant également dans le passé, se faisant une idée très précise de l'identité du meurtrier.
Même la police la tient régulièrement des rares avancées de l'enquête.
Autant dire qu'on n'y croit pas un instant.

Nora est à peu près aussi attachante qu'une porte de prison. La mort brutale de sa soeur provoque donc autant d'empathie chez le lecteur que si elle s'était fait piquer par un moustique. Elle est impertinente, agaçante, inintéressante.
Les autres personnages ne sont pas en reste. Ils ont tellement de personnalité et de traits caractéristiques qu'ils sont presque tous interchangeables et que même s'ils ne sont pas nombreux, on ne sait très vite plus qui est qui.
Mon rythme de lecture ne m'a certes pas non plus facilité la tâche.

Si l'écriture est assez belle, le style m'a quant à lui paru beaucoup trop haché. On passe régulièrement et sans transition du présent au passé, on est parfois noyé dans des descriptions sans intérêt, ce qui contribue également à rendre cette lecture très laborieuse.

Le livre a une ambiance. Ca je ne peux pas le lui retirer. le genre de climat inquiétant et glacial, typiquement anglais, qu'on peut retrouver dans les petits villes en bord de mer. Où chacun peut être suspecté.
Sans compter les secrets de la famille de Rachel, l'ombre d'un père alcoolique, la jalousie des deux soeurs.
"Rachel avait dit qu'il y avait quelque chose qui clochait dans cette ville."
"Le reste de la ville gardant sa sérénité tandis que quelque chose se déchaîne contre elle."

Ajoutez à ce tout indigeste une fin relativement prévisible, et vous comprendrez pourquoi ce roman m'a autant déçu.
Et même déplu.
"Impossible de le lâcher." vante Claire Messud en quatrième de couverture.
"Tendu de bout en bout et riche en retournements de situation." promet l'éditeur.
Je pense exactement l'inverse, pour vous donner une idée précise de mon ressenti à l'issue de cette pénible lecture.
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