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Citations sur Perle (16)

Je perdais toute notion de temporalité. Ses longs appendices se déroulaient et s’enroulaient autour de mes reins et de mon cou, visitaient et farfouillaient jusque dans ses tréfonds chaque orifice que mon corps abritait, ses ventouses pompaient mes seins et étiraient mes tétons comme des sexes miniatures, aspiraient ma chatte devenue prodigieusement vultueuse et endolorie ; sous l’obscène boursouflure fourmillait un essaim de mille petits orgasmes qui me faisaient disjoncter, et puis la créature s’abouchait à mon sexe et à mon anus, l’enlacement lent et souple déclenchait en moi une interminable agonie de jouissances, l’octopus m’avalait entière, désarticulée dans le resserrement de tous ses bras, un voile noir m’aveuglait, il siphonnait son foutre d’encre, giclait en cascade sur mon visage défiguré dans le cri muet de ma bouche privée d’oxygène. Jusqu’à la sidération. Comment dire que c’est justement sidérée, dans cet état de disparition de la pensée, que je me sentais paradoxalement vivante, lorsque mon cerveau n’était plus en mode automatique, capable de recevoir ou d’émettre la moindre information, le flux interrompu par le cataclysme, la conscience en lambeaux, du silence plein la bouche, la chair molle et sans densité. Cette mort cérébrale laissait mon être autonome flotter.
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Lorsqu’il m’avait demandé mon nom, bien après avoir exploré mes trois orifices, je lui avais répondu me prénommer X. Ça l’avait perturbé dans un premier temps, il n’aimait pas ne pas comprendre. J’avais dû lui expliquer que je n’étais pas encore informée à ce jour de mon identité. Il avait finalement beaucoup apprécié, voyant en cette consonne obscure une promesse d’incognito et de pornographie qui l’émoustillait.
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N’éprouvant jamais d’émoi amoureux, je me livrais sans histoire aux garçons de mon âge, souvent très frustrée par leur inexpérience et leur timidité mais obnubilée par leur virilité que je n’avais de cesse de vouloir dresser contre leur ventre au garde- à- moi. Leurs histoires sentimentales m’encombraient. Les petits cœurs et les mots doux, les toujours et les jamais. Je visai donc des hommes plus mûrs. Ceux qui ne recherchent que la chair fraîche, des yeux miroirs et quêtent sous nos jupettes cette faille qui nous fait femme. Le mystère du trou. La fente, le trou, l’orifice, l’entonnoir, le vagin, le passage au monde, à qui l’on fait du bien, du mal, le puits où l’on se noie, la grotte sombre, le repaire, le repère, le cloaque, le fourre- tout, le vide, là où l’on saigne, où s’enfonce le pénis, le trou à bite donc, qui conçoit la vie même par hasard, la brise, le trou que l’on défonce, que l’on guette, où l’on enfonce les doigts, les nôtres, ceux des autres, des jouets, des légumes et parfois des flingues, que l’on viole, torture, le trou où l’on cherche, se cherche, confie sa semence, où l’on aime, où l’on hait, un fourre- tout, vous dis- je, où l’on perd, se perd, se vide, se réfugie, se sauve, s’oublie, s’épanche, se répand, de hargne ou d’amour, où l’on jouit, crache, gicle, pisse. Le mystère du trou, l’effroi du trou, la volupté du trou. Le trou angoissant qui assujettit, rend esclaves tous les hommes sans exception qui n’auront de cesse de le remplir et de s’y loger comme on rentre à la niche, jusqu’à l’obsession. Le trou, la promesse, voilà l’origine et la finalité du monde.
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Je faisais enfin bon ménage avec ce corps instable. Émerveillée par le pouvoir de ces mots, ma petite motte bavait comme un chien devant sa gamelle. Je venais de découvrir le conditionnement pavlovien et ma nature vorace. Quand mon corps et ma tête implosaient, un bien- être indicible et immédiat me laissait dans l’indolence, cet état si reposant.
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À peine adolescente je concentrai mon attention sur mon corps en plein chantier. Ces fesses, ces hanches et ces seins le difformaient, je n’étais sûre ni qu’ils m’appartiennent vraiment, ni d’être seule à me terrer dans cette chair, et je profitais de mes nuits sans sommeil pour explorer cette architecture mouvante dont tout m’avait toujours échappé depuis ma petite enfance, du simple fait de respirer, d’exister, de déféquer, de ressentir la faim et le froid, enfin et surtout d’être poreuse, ouverte, fendue entre les jambes.
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Je crois avoir fermé les yeux, les narines palpitantes comme des ouïes de poisson en quête d’eau, sans doute avec un air de béatitude idiote. II n’a pu que me prendre en flagrant délit de shoot. Mon batelier avait des airs de Bernard Lavilliers avec son débardeur, il a repris la pigouille pour diriger la barque dans un recoin difficile d’accès près d’un îlot. On était planqués dans des roseaux gigantesques, il a manœuvré pour immobiliser le bateau et m’a tirée brusquement vers lui par la main, me fourrant le visage sous son bras gauche en le refermant contre son flanc pour me caler la tête dans son aisselle, le nez écrasé clans ses algues noires engluées du jus de son corps alors qu’il relevait ma jupe sur mes fesses et baissait ma culotte pour les exposer à la lumière de la Brière
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