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EAN : 9782070729142
96 pages
Gallimard (12/01/1993)
3.69/5   13 notes
Résumé :

« Bruit d'un camion qui passe, au loin, sur la route de Dun. Qu'est-ce qu'ils peuvent bien fabriquer, à Paris? Manque une horloge, ici. Atchoum ! Berry Christmas, à tous, à toutes. »

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Philippe Sollers disait de lui qu'il était « le plus doué de sa génération ». Frédéric Berthet aura finalement publié bien peu de textes avant de quitter définitivement la scène à 49 ans, en 2003, rongé par l'alcool et le désespoir. Son roman Daimler s'en va (Prix Roger Nimier 1989) restera son seul véritable succès. Il voulait écrire un livre, « un grand livre », puis s'en aller, comme Salinger.

Dans Paris-Berry, Berthet raconte son installation dans une maison prêtée par une amie au coeur du Berry. C'est là qu'il doit écrire son prochain roman. Mais chaque fois qu'il est devant la machine à écrire, sa pensée s'égare. Il ne fait que raconter de petits événements du quotidien (l'arrivée du facteur, les facéties du chat, une fuite d'eau qui inonde la maison, la visite d'une jeune héritière…), des souvenirs anciens de ses rencontres avec Blondin et Roland Barthes ou encore ses années américaines. Des bribes, des fragments, au mieux de courtes nouvelles. Une sorte de procrastination littéraire qui donne au final un tout que j'ai personnellement dégusté avec grand plaisir. Il faut bien sûr aimer l'épure, l'écriture minuscule des petits riens à la Delerm. Même si contrairement à ce dernier il ne tombe pas dans la célébration systématique de ces petits riens. le style est vif, pétillant, souvent drôle, parfois grave. Succulent.

De jolies chroniques, donc, où Berthet montre, entre autres, un talent rare dans l'utilisation de la virgule : « Dans ce livre, j'aime les virgules. Les brins d'herbe de Walt Whitman. Virgules couchées sous le vent. Minuscules attentes de ce qui va venir. Choses, corps souples. Mes virgules sont mes catins. Qui a jamais prétendu que l'on devait écrire, lire, en apnée ? Pourquoi aucune halte ? Même courte, la randonnée est longue. Comment dit-on : prendre son temps ? »

A découvrir si vous aimez la forme courte et les écrits minimalistes. Pour moi ce fut une bien belle découverte que je vais prolonger avec Felicidad, un recueil de nouvelles également réédité par La table ronde en ce début d'année.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Frédéric Berthet, vous êtes complètement dingue. Vous étiez… Je viens de lire que vous aviez cessé de vouloir vivre il y a 19 ans.

J'ai fait votre connaissance il y a quelques années grâce à Éric Holder en lisant son livre La belle n'a pas sommeil. J'y étais bien dans ce livre qui raconte l'histoire d'Antoine qui ouvre une bouquinerie dans une grange presque introuvable sur la presqu'île du Médoc. J'adore l'idée de cette librairie secrète au bout d'un chemin, nichée sous les arbres, et je me vois bien faire comme lui plus tard. Allez jeter un coup d'oeil à la magnifique couverture du livre, vous comprendrez. Je disgresse mais vous allez comprendre.
Dans sa bouquinerie, Antoine se rend compte que des livres disparaissent. On lui vole un premier roman de Frédéric Berthet, Daimler sans va, puis un deuxième volume toujours de Frédéric Berthet. Il est en colère, Antoine, parce que c'étaient des livres qu'il aimait et qu'il mettait en avant sur une table à l'entrée, les fameux coups de coeur du libraire.

Éric Holder, que j'avais vu à La grande librairie, disait que s'il fallait voler des livres c'était forcément ceux de Frédéric Berthet. Voilà, j'ai bouclé la boucle en lisant les récits du bonhomme. C'est drôle, parfois poétique souvent décalé et c'est ce que j'ai bien aimé, ses fragments de pensées, ses fulgurances littéraires.
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Frédéric Berthet revient sur son installation dans une maison prêtée par une amie dans le Berry. Il a choisi cette résidence pour plancher sur son prochain manuscrit mais, chaque fois qu'il décide de se mettre au travail, ses pensées se diluent. Il ressort de cet ouvrage une série d'anecdotes qui s'additionnent pour montrer le quotidien rythmé par les aléas de l'existence, avec l'arrivée du facteur, les farces du chat, une fuite d'eau qui inonde la demeure, la visite d'une jeune héritière, etc. Naturellement, le flux des souvenirs refait surface, avec un regard dans le kaléidoscope du passé et l'évocation de certaines rencontres, dont celles avec Antoine Blondin et Roland Barthes ou, encore, des bribes ancrées dans les années américaines du narrateur.
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Cet ouvrage est une parenthèse dans nos vies à mille à l'heure, il change notre rythme de lecture. Cent pages c'est sensé être vite lu, si vous voulez vraiment vous laisser bercer par ces histoires du quotidien il faut le savourer, s'en délecter.

Ce n'est pas un journal, ce ne sont pas des nouvelles, c'est un entre deux ou tout autre chose. Cela m'a fait penser à des micro-nouvelles qui se dérouleraient dans un temps précis et un lieu précis dans la vie de Frédéric Berthet. On est parfois dans l'anecdotique, dans la réflexion et puis se dessine le portrait d'un homme avec toutes ses facettes. On aussi de belles description de personnes/personnages en quelques traits. il y a un côté croquis de paysage, d'instantanés de scènes de la vie quotidienne…
Des textes assez brefs qui peuvent parfois vous laissez songeur, vous amuser…. L'aspect nostalgique renvoie à vos propres souvenirs, ou sensations de déjà vu/ressenti mais dit avec des mots qui donnent un charme supplémentaire.
Certaines évocations sont plus touchantes comme le rêve de Michel Déon.
Le rêve tient une place importante. Et on a parfois l'impression que le narrateur-auteur est dans un état de rêve éveillé.[blog]
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La nuit des papillons

Avant de me retrouver ici, j'allais, l'année dernière, en Sologne.
Drôle d'endroit. Comme une réserve sans Indiens.
Je déconseille.
Une nuit, cependant, sur un pont au-dessus de la Loire (ce qui n'est déjà plus du tout la même chose), en voiture et en mai, dans la lumière de mes phares, je ne vis plus rien qu'une pluie blanche, tourbillonnante, vraiment une neige, une tempête de neige -- en mai ?
Des millions d'éphémères couvraient le pont. Une éclosion. Un tapis. Des milliards. Dix centimètres sur la chaussée.
Ce qu'on appelle dans l'Indre : la nuit des papillons, et n'arrive qu'une fois l'an.

p34-35 Edition La petite Vermillon
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Mes virgules sont mes catins. Qui a jamais prétendu que l’on devait écrire, lire, en apnée ? Pourquoi aucune halte ? Même courte, la randonnée est longue. Comment dit-on : prendre son temps ? Jolies, vertes virgules, ondoyantes, dans ce champ.
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Dans ce livre, j’aime les virgules. Les brins d’herbe de Walt Whitman. Virgules couchées sous le vent. Minuscules attentes de ce qui va venir. Choses, corps souples. Mes virgules sont mes catins. Qui a jamais prétendu que l’on devait écrire, lire, en apnée ? Pourquoi aucune halte ? Même courte, la randonnée est longue. Comment dit-on : prendre son temps ?
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Si les gens s’imaginent que, dans le Berry, les jours noirs n’existent pas, ils se mettent le doigt dans l’œil. C’est bien simple : un jour noir commence à la nuit, et s’y termine de même. L’obscurité : sur vous elle tombe, à n’y plus rien voir.
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Il enseigne la littérature française dans un lycée, d’ailleurs enseignerait-il les mathématiques, ou les sciences naturelles, ou la gymnastique, qu’à la fin du mois ce serait toujours la même fiche de paye.
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Video de Frédéric Berthet (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frédéric Berthet
« Il va falloir s'y habituer, mais quand même ça fait bizarre. […] Dix ans déjà que Frédéric Berthet est mort. On l'avait retrouvé chez lui, entre Noël et le jour de l'an. […] Ce normalien n'avait pas le profil de la rue d'Ulm. Il aimait Salinger et le champagne, la pêche à la mouche, le tennis et Kafka. Il avait été conseiller culturel à New York, le seul travail qu'il ait jamais eu. Son métier était écrivain, mais comme écrivain n'est pas un métier, il ne pouvait pas s'en tirer. […] Il avait cru que l'alcool serait son compagnon de route. Il fut son ennemi. « Écrire : se sortir de l'eau soi-même en se tirant par les cheveux. » Il se noya dans le whisky et le vin blanc. Il était pourri de talent. Ses incertitudes l'asphyxiaient. […] Ses livres continuent à clignoter, comme ces étoiles dont la lumière nous parvient encore après qu'elles sont éteintes. […] […] Ceux qui restent ont toujours tort. « Yep ! », aurait fait Frédéric, avec ce petit rire qui n'était qu'à lui. » (Éric Neuhoff, Deux ou trois leçons de snobisme, Éditions Écriture, 2016)
« […] Comment il avait écrit son deuxième livre, il l'ignorait encore. Il avait eu le choix entre terminer le troisième et se tirer une balle dans la tête. Quant au quatrième, on avait commencé à considérer qu'il en écrirait même un cinquième : s'il était toujours là, c'est qu'il tenait le coup. […]  […] Il savait bien que tout ce que la littérature lui prenait, elle était forcée de le lui rendre de temps en temps. […] » (Un point de vue divin)
« […] Distraction ? Fatigue ? Devait-il tenter de se justifier ? Écrire un éloge de la distraction ? Une apologie de la fatigue ? Ha ha ! Il ne pouvait plus écrire, justement ! Depuis trois mois ! L'écrivain s'était taillé, l'avait abandonné ! Oh, je sais, ajoutait Trimbert sentencieux, ces périodes sont imprévisibles, comme des accès de malaria, et il le pensait avec conviction, c'était une loi de l'existence, encore que chaque accès le laissât pantelant. « Dans la maladie, la santé se repose » c'était le plus joli, le plus sympathique, le plus profond dicton qu'il eût à sa disposition. Peut-être fallait-il ficher la paix à l'écrivain, de temps en temps. Soit. Peut-être l'écrivain pouvait-il partir en permission. Se faire porter pâle. Demander un mot d'absence à ses parents. Oui, exactement : à ses parents. Pauvre type. […] » (Hors-piste)
de Frédéric Berthet (1954-2003), « cinq libres ont été publiés de son vivant, en l'espace de dix années. […] En 1993 paraissent simultanément Felicidad, second recueil de nouvelles (le bandeau de la collection L'Infini précise : « Nouvelles du front » […], qui suscite dans la presse une vague d'interrogations […].
0:04 - Felicidad
Pas là: 0:37 - 1er extrait 1:53 - 2e extrait
3:29 - Beaucoup d'autres endroits 4:30 - Générique
Référence bibliographique : Frédéric Berthet, Felicidad, Éditions Gallimard, 1993
Image d'illustration : https://www.telerama.fr/livre/l-ami-berthet-retrouve,65450.php
Bande sonore originale : Carlos Viola - Letter From A Friend
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/letter-from-a-friend
#FrédéricBerthet #Felicidad #LittératureFrançaise
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