Je les connais maintenant, "les chagrins d'amour" : ces peines si étranges, qui veulent vous faire mourir mais ne vous tuent jamais.
Quelquefois, il suffit de regarder les choses en face pour qu'elles commencent à exister,
Quelquefois, ce qui semble impossible est à portée de main.
Alors ton retour, ma grande : je le regarde en face.
Aujourd'hui, j'ai décidé de croire aux miracles.
J'illusionnais qu'à force, l'amour agirait par contagion, tel un virus merveilleux qui phagociterait ses doutes pour laisser place à l'idylle fusionnelle que je me figurais. J'aurais voulu moi aussi l'enfermer dans une cave pour que jamais plus elle ne s'éloigne, revolver sur la tempe; je me pensais incapable de vivre sans elle. Mais j'avais appris à la connaître et Louison ressemblait à ces algues sous-marines qui dodelinent du bulbe au rythme des marées. Elle allait où l'onde la portait et suçait la substantifique moelle de chaque rencontre : qu'il s'agisse de moi, Viktor, François ou n'importe qui d'autre, les êtres humains n'étaient à ses yeux que nourriture - affective, spirituelle, financière, sexuelle - et une fois rongés jusqu'à l'os, nous n'avions plus aucune utilité.
- Mais Bon Dieu Stan, brailla-t-il, excédé de m'avoir entendu parler toute la semaine d'une fille que je ne connaissais même pas, qu'est-ce qui te fait penser qu'elle est si différente des autres?! Ta blonde, elle voudra des sacs à main en cuir de mammouth, que t'achètes un break familial, elle te fera la gueule parce que tu sors dîner avec moi et elle t'enverra chez l'esthéticienne te faire épiler les poils du dos ! Elles sont toutes pareilles, un genre de parasite conçu pour nous bouffer la vie !
L'amour et la haine sont des sentiments qu'il est aisé de confondre : l'un comme l'autre, ils n'ont aucune pitié.
J'étais la jetée sur laquelle Louison prenait un bain de soleil pour se reposer de ses divers périples - et moi, je cuisais dans un jus de passion qu'il me fallait sans cesse dissimuler. Si elle passait son temps à me décevoir, il suffisait qu'elle soit mignone une demi-journée pour que j'oublie tout. Et chaque seconde, j'étais un peu plus amoureux d'elle.
- Tu crois quoi? Que ce matin-là je me suis réveillé en me disant: "Tiens, aujourd'hui, je vais kidnapper une gamine?" Je t'ai choisie, Madison. Toi et pas une autre. Un jour, je t'ai vue dans la rue et j'ai su que c'était toi.
Les livres m'ont tenue en vie, Stanislas.
Mais cet après-midi-là, tandis que je regardais Louison s'éloigner au bout de l'allée, si frêle entre les arbres trop grands, j'ignorais tout de ce qui m'attendait. Le t-shirt démoniaque tomba une dernière fois de son épaule tandis qu'elle franchissait la grille côté Guynemer et moi, je pensais qu'elle était si belle que les aulnes auraient dû se courber à son passage comme dans un livre de contes. Disons : elle m'avait fait son petit effet. (...) L'éclipse avait commencé.
R., donc, m’a raconté qu’il devrait bientôt neiger d’après Météo France, et il a promis que dès qu’il y aurait de quoi faire un bonhomme dans le jardin, j’aurais le droit de sortir (comme qui dirait mon poème l’a turlupiné, ce qui est une bonne chose).
Du coup, mes Converses aux pieds, ma guitare sur les seins, mon jean sur les fesses et mon IPod sur les oreilles, j’ai fait devant le miroir ce que j’ai baptisé La-danse-du-flocon. C’est une sorte de chorégraphie extrêmement moderne, qui fonctionne particulièrement bien sûr un vieux morceau de PJ Harvey que j’ai dans ma playlist, parce qu’Amélie l’avait passé pour ses trente ans et il m’avait rendue complètement cinglée. kamikaze, ça s’appelle. C’est une chanson qui fait terriblement sauter en l’air et qui va de plus en plus vite comme j’adore. En plus ça parle de zone de guerre, d’armées de kamikazes sur des chevaux sauvages et aussi de vaisseaux spatiaux par milliers dans des galaxies ( et peut-être de sexe en fait, mais je ne suis pas très sûrement vu que je n’ai pas encore réussi à récupérer un Harrap’s même si je réclame-réclame-réclame et qu’à part les caresses que je me fais toute seule mais chut, je ne suis pas trop calée sur la question….je n’ose pas te parler de ça, à cause de ce qui est arrivé au Cahier-Bulle. Je ne suis pas « kamikaze », moi ! Enfin bref).
Au moins, la danse-du-flocon, ça défoule. Je ne suis pas si ça va vraiment fonctionner pour faire tomber la neige plus vite, mais en tout cas ça me fait de l’exercice parce qu’à chaque fois, je suis trempée de sueur.