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Critique de Woland


Woland
26 décembre 2007
Marie de Médicis a toujours eu mauvaise presse dans notre Histoire - pire encore peut-être que sa lointaine parente, Catherine car, si celle-ci parvint, vaille que vaille, à maintenir la France hors du bourbier des guerres de religion, Marie, elle, privilégia beaucoup trop ses intérêts personnels par rapport à ceux de l'Etat dont elle était pourtant régente.
Et puis, Catherine de Médicis reste le prototype naturel de la reine qui se sait mère et en tire gloire. Elle qui a tant souffert de sa supposée stérilité a voué à ses enfants si longtemps espérés un amour certainement oppressant et excessif mais sincère et prêt à tout.L'essentiel de leur réussite, l'image même qu'a conservée d'eux L Histoire, c'est à leur mère qu'ils les doivent. Face à elle, Marie est la mère castratrice et froide, plus préoccupée de ce que ses enfants peuvent lui rapporter que de ce qu'elle peut, elle, leur apporter : elle ne fait pas le poids.
La minorité de Louis XIII va justement donner à cette femme autoritaire un pouvoir dont elle rêvait depuis longtemps. Elle s'y cramponne avec une telle fureur que, alors que le jeune roi s'apprête à fêter ses 15 ans (âge de la majorité pour les monarques en France), elle se refuse à envisager un seul instant qu'il puisse enfin arriver aux affaires. Au désappointement, succède alors chez l'adolescent influençable une colère qui ne demande qu'à flamber : sur les conseils de son premier favori, Luynes, Louis XIII - qu'il ne fallut pas d'ailleurs beaucoup pousser pour donner un tel ordre car il haïssait Concini - commandita l'assassinat du maréchal d'Ancre.
Dans la foulée, il se débarrasse de cette mère qui l'exaspère et qu'il redoute et l'exile à Blois. Elle y restera quelque temps et puis, il la fera revenir auprès de lui, mais plus pour satisfaire la galerie que par amour filial. (Aux yeux d'un psychothérapeute, les rapports amour-haine - et surtout haine- de cette mère et de ce fils sont un ravissement.)
Liés à la disparition brutale d'Henri IV, assassiné en 1610, cet amour que Marie se refusa toujours à dispenser à son fils aîné aussi libéralement qu'elle le dispensait à son cadet, Gaston d'Orléans, et le vide abyssal que cela engendra a lourdement pesé dans la vie affective et sexuelle de Louis XIII. Ce monarque austère, qu'affligeaient un bégaiement indiscret et des humeurs mélancoliques, n'aimait guère la compagnie féminine. Ce qui n'en fait pas pour autant, ainsi que le prétend cette concierge de Tallemant des Réaux, un homosexuel actif, amoureux fou du trop beau et trop versatile Cinq-Mars.
Louis a-t-il aimé sa jeune épouse, Anne d'Autriche ? Peut-être dans les tout débuts de leur mariage. Hélas ! une imprudence de la reine lui fit perdre l'enfant qu'elle attendait et c'est ainsi que débutèrent dans le couple des dissenssions qui allaient durer, avec des hauts et des bas, jusqu'à la mort du roi.
Toutes deux apparentées aux Habsbourg - Anne était la fille de Philippe III d'Espagne - les deux reines éprouvaient, cela se conçoit, de fortes sympathies pour la cause de la Contre-Réforme. Mais alors que Marie, d'exil en exil et dans son désir exacerbé de reconquérir le pouvoir qui lui avait filé entre les doigts lors du coup d'Etat, se faisait de plus en plus hispanophile avec l'âge, Anne au contraire devient de plus en plus française avant de se hisser au rang de Catherine de Médicis lors de la régence qu'elle assumera pendant près de dix ans après la disparition de Louis XIII et de Richelieu.
Si Louis XIII a détesté sa mère et s'est défié des femmes toute sa vie, Louis XIV a adoré la sienne et collectionné maîtresses et simples aventures. le premier se réfugiait dans le petit pavillon de chasse de Versailles, dans la seule compagnie de ses chiens et de quelques courtisans de sexe masculin ; le second, dans le même lieu qu'il aggrandit et ne cesse d'embellir, ne saura vivre sans les femmes.
Voilà, grosso modo, ce que nous conte Simone Bertière dans ce premier tome de "Les Reines de France sous les Bourbon." Elle le fait avec sa vivacité habituelle et cette passion qui rend ses ouvrages si intéressants à lire et à relire. ;o)
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