Profondément intense. Ce n'est pas un livre qui accompagnera vos nuits pendant des mois (100 pages seulement) mais vous êtes certain(e) de passer une soirée mémorable.
Premier roman de
Jean-Claude Berutti, la narratrice ne donnera que très peu son nom, Jeanne, au point qu'il s'éclipse quasiment. Ce n'est pas elle le centre de l'histoire, ce n'est pas elle au devant de la scène. Dans ses pensées, un prénom revient, lui, encore et toujours : Naja, nom d'une contrée lointaine et porteur d'une grande histoire personnelle. Naja est rencontrée à Paris alors qu'elle enchaîne les petits boulots sous-payés et qu'elle n'a pas de papiers français. Tous les passages du livre montrant les deux femmes ensemble sont d'une folle intensité, apaisée par des morceaux de chapitres se passant dans la vie de la narratrice, lors de sa longue reconstruction après sa fulgurante rencontre avec Naja. Ensuite c'est le voyage sur ces terres que la migrante avait fui, ce voyage onirique mais austère et, c'est le cas de le dire, froid. Les belles gravures d'Émilie Weiss ajoutent beaucoup de charme au livre et de la sensibilité au récit.
Je savais à peine le nom de ton pays un livre merveilleux sur la rencontre, la puissance soudaine de l'amour, sur le souvenir, sur ce mot lâché sur la fin, la « résilience » de l'âme face à ses profondes fêlures. L'Autre a encore beaucoup à nous apprendre et
Jean-Claude Berutti nous apprend beaucoup.
Nathan (Livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique, merci au Réalgar et à Babelio !)