Kailegh ne veut pas participer à l'action collective que d'anciens collègues intentent à la plateforme Hexa, mais elle accepte de raconter à leur avocat les quelques mois qu'elle a passés dans cette entreprise. Elle revient sur son embauche en tant que « modératrice de contenus » et sur comment, après une rapide formation pour apprendre les règles fixant ce qui peut ou non être laissé sur le net, elle s'est retrouvée à passer ses journées à regarder des vidéos violentes et lire des commentaires haineux. Peu à peu, la précarité de son emploi, les cadences éreintantes et les horreurs qui défilent sous ses yeux ont menacé sa santé mentale et physique, malgré le soutien des amis qu'elle s'est faits chez Hexa et de sa collègue Sigrid avec qui elle a eu une relation.
Ce court roman, porté par une tension puissante, nous parle d'un métier certes essentiel pour maintenir un internet relativement sain, mais qui plonge ses employés dans une détresse psychologique importante. Traumatismes, habitude de la violence, difficulté à discerner le réel du virtuel, alcoolisme, anxiété, voire culpabilité de ne pas pouvoir aider les personnes qui se font du mal en direct sur la toile, toutes les dérives de la société contemporaines sont montrées à leur paroxysme par l'autrice et journaliste néerlandaise
Hanna Bervoets.
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