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EAN : 9782213709710
160 pages
Fayard (02/05/2018)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Le règne de la liberté commence avec la réduction de la journée de travail.Karl Marx avait nettement désigné, au Livre III du Capital, la finalité du communisme, le point où il se réaliserait  : il serait la liberté rendue à chacun une fois effectué collectivement le travail nécessaire pour répondre aux besoins de tous. Cet aspect de sa pensée, négligé, oublié, garde une acuité et une pertinence renouvelées dans le contexte actuel.À l'aube du XXIè siècle, le royaume... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'opinion diffuse auprès de ceux qui s'intéressent à la philosophie politique anticapitaliste, moi y compris, associe la théorisation du « droit à la paresse » et en général la critique du travail à l'anarchisme et non pas au marxisme. Après tout, une partie importante du Capital est consacrée à pronostiquer que le prolétariat ayant accédé au pouvoir est en mesure de se réapproprier la plus-value confisquée par le capitaliste ; la plupart des combats pour la réduction du temps de travail tout au long du XIXe et d'une grande partie du XXe siècles ont été menés d'abord et surtout par des mouvements anarcho-syndicalistes plutôt que par les partis marxistes ; le stalinisme a prôné le stakhanovisme, l'industrialisation forcenée, le productivisme à outrance ; et enfin, de nos jours, les mouvements de la décroissance et corrélativement du revenu universel ne se réclament pas exclusivement ni même prioritairement du marxisme..., Besancenot et Löwy s'avérant eux-mêmes opposés à celui-ci et assez discrets au sujet de celle-là.
Pourtant, cet ouvrage nous rappelle d'emblée que Marx a posé à plusieurs reprises l'idée que : « Le règne de la liberté ["Das Reich der Freiheit"] commence avec la réduction de la journée de travail », ou plus exactement : « [… il] commence là où finit la travail déterminé par le besoin et les fins extérieures : par la nature même des choses, il est en dehors de la sphère de la production matérielle. » (cit. p. 14).
Cet essai court et très lisible fait remonter la paternité du combat pour la réduction du travail aliéné, et dans une certaine mesure contre le productivisme, à Marx lui-même ; il s'articule comme suit. le chap. Ier, « Le règne de la liberté » s'attelle à baliser ce concept, en faisant appel à quelques cit. marxiennes tirées de différents ouvrages et mises en relation avec les élaborations successives de penseurs se réclamant de près ou de loin du marxisme, tels Dionys Mascolo, Walter Benjamin, Erich Fromm et Ernst Bloch. le chap. 2, « Marx et la lutte pour la réduction de la journée de travail », après avoir expliqué les raisons des lectures partiales du Capital, retrace les multiples prises de position de Marx sur cette question. le chap. 3, « Un siècle et demi de luttes pour la réduction de la journée de travail », évoque historiquement les étapes de ces conflits, en partant de la conférence syndicale de Chicago en 1884 jusqu'à la loi Aubry des 35 heures. le chap. 4, « La bataille autour du temps de travail au XXIe siècle », dénonce l'offensive généralisée contre la baisse du temps de travail : remise en cause de la notion même de durée légale du travail et autres éléments de langage du genre « travailler plus pour gagner plus », banalisation du travail dominical, report de l'âge légal de la retraite, métamorphoses du rythme et modalités d'activité produites par les nouveaux moyens technologiques, délocalisations des ateliers de production dans des pays où les conditions de travail sont esclavagistes, etc. Ce même chap. effleure également la question de l'épanouissement que la réduction du temps de travail provoquerait en termes de planification écosocialiste et donc de rupture avec le modèle productiviste et consumériste ainsi que de rééquilibrage des inégalités professionnelles de genre, résumé par la question rhétorique : « Que vaut l'émancipation des prolétaires si les "prolétaires des prolétaires", les femmes, restent prises au piège d'un ordre patriarcal ? » (p. 123). L'ouvrage se clôt par une fable d'anticipation intitulée « Isêgoria », campée à Paris en juin 2058, dans laquelle serait réalisée l'utopie d'une société entièrement autogérée et caractérisée par un travail facultatif et de durée dérisoire, par la quasi suppression des inégalités, par le principe de gratuité généralisé et la prolifération des arts et des loisirs de toutes sortes : une société pacifiée, conviviale et exerçant continuellement la démocratie participative...
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Petit ouvrage d'un peu plus de 150 pages ayant pour thème une pensée précise de l'ouvrage Capital de Karl Marx : « Le royaume de la liberté commence avec la réduction de la journée de travail. »
La réduction du temps de travail est très souvent discuté par les politiques et revendiqués par les salariés, beaucoup de changement se sont opérés depuis les années 50 mais aujourd'hui le moulin tourne à vide. Il est évident pour tous que de part l'allongement de l'âge de départ à la retraite puis les heures supplémentaires que dans certains domaine d'activité on ne compte plus tant cela devient un fait normal, la réduction du temps de travail pour gagner en liberté n'est plus d'actualité mais surtout n'est plus possible.
Cet ouvrage s'adresse à ceux qui veulent en savoir plus sur ce mouvement débuté avec Marx et son livre Capital et dont l'idée s'est développé au fil du temps avec les revendications que l'on connaît et les acquis d'aujourd'hui; un peu d'histoire en somme avec ce soupçon de réac en comparant bien évidement les avantages du capital sur le travail...
Ouvrage enrichissant si ce n'est ce point fallacieux qui terni l'image que je me suis faite de ces quelques pages: l'idée de réduction de travail n'est pas seulement une amélioration de la condition de vie et de la liberté du salarié mais également un temps que le salarié doit dédier à la revendication salariale autrement dit au combat anticapitaliste. Mis à part ce point l'ouvrage ouvre sur l'histoire des acquis salariaux.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
2. « L'abrutissement quotidien par une maîtrise du temps qui nous échappe est une stratégie qui fait partie intégrante de l'acte de domination. Privés de cette emprise, nous avançons à l'aveugle, tels ces "hommes morcelés, déchus et asservis" dont parle Marx en évoquant le statut du travail salarié. L'individu constamment happé par son travail devient prisonnier de sa tâche. Le travail le possède et le dessaisit des moyens de production auxquels il donne pourtant le jour. Le salarié devient "étranger" à sa réalisation. La division sociale du travail ou la séparation des tâches manuelles et intellectuelles supposent que les travailleurs soient cloués par les aiguilles du temps salarié. À ce stade, la réduction du temps de travail désaliène en ce sens qu'elle offre la possibilité matérielle aux travailleurs de maîtriser leur travail et de décider les enjeux du processus de production et de fabrication auxquels ils participent. » (pp. 119-120)
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1. « Il est intéressant de comparer les deux conceptions de la liberté chez Marx avec les deux conceptions de la liberté dans le libéralisme bourgeois. […] Partant des idées de Thomas Hobbes, John Locke et de John Stuart Mill, Berlin distingue deux conceptions de la liberté : la liberté "négative" est l'absence d'entraves ou de coercition sur l'individu ; la liberté "positive" est la possibilité de réalisation de soi, de mener à bien une action désirée. Il existe une certaine analogie formelle entre ces deux conceptions et celles de Marx ; mais, contrairement à Berlin, l'auteur du Capital a une approche matérialiste : dans sa première conception de la liberté, il perçoit non seulement les contraintes politiques, légales et institutionnelles, mais aussi et surtout celles imposées par la réalité matérielle du capitalisme, invisibles dans le discours libéral. Et sa vision de la liberté en tant que réalisation de soi part elle aussi de l'émancipation par rapport aux contraintes matérielles, le "travail nécessaire". En outre, la démarche de Marx est, comme nous l'avons vu, dialectique : il n'oppose pas, de forme métaphysique, deux essences de la liberté, mais montre comment la première – la planification démocratique – est la condition même de le deuxième – le temps libre – et vice-versa. » (pp. 23-24)
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