La dimension, à notre avis, la plus intéressante de l'ouvrage de Sophie Bessis, réside dans sa tentative, néanmoins pas suffisamment approfondie à notre goût, de pointer la compatibilité entre les fondamentalismes religieux et l'économie marchande. Il y aurait pu y avoir des éléments pour une lecture matérialiste, dans la lignée de Marx, des phénomènes religieux.
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Tout se passe comme si, dans les mémoires collectives et officielles, les entreprises de domination occidentales lavaient l'histoire arabe de ses propres turpitudes, comme si les misères subies permettaient d'occulter les exactions commises. La posture arabe rappelle à cet égard la conviction dominante en Israël selon laquelle l'oppression historique subie par les juifs les immuniserait contre toute possibilité de devenir à leur tour des oppresseurs.
Dominé par la contrainte démographique ou par les diktats du marché, souvent par les deux en même temps, le monde d'aujourd'hui semble s'être privé des outils et du langage permettant de fabriquer de la société. L'anomie générale qui en résulte laisse comme seule alternative à des individus atomisés la possibilité d'en produire des caricatures, le non-sens dans lequel ils sont abandonnés leur servant de code de conduite. La communauté de type identitaire en est une, substituant à l'ouverture l'enfermement devant le danger du trop grand nombre.
Le règne de la mondialisation marchande ne s'accommode pas de pensées susceptibles de faire croire à l'humanité qu'elle pourrait se réunir sous une autre bannière que la sienne. Pour uniformiser le monde selon sa logique et ses besoins, il lui faut séparer les humains, les convaincre du caractère insurmontable de leurs différences, tout en standardisant leurs aspirations grâce aux outils d'une communication devenue planétaire.
à l'uniformisation du monde répondent, de toutes les façons possibles, des tentatives de créer ou de retrouver du particulier. La mondialisation, porteuse pour les plus fragiles d'insécurité sociale, crée partout de l'affolement identitaire.
Personne, dans ces mouvances, ne s'est interrogé sur les ravages collatéraux de la réislamisation des populations européennes et nord-américaines d'origine musulmane, ni sur le fait que les femmes, dans ce processus largement imposé par la pression de leaders communautaires, se voient une fois de plus sommées de porter à elles seules les marques de l'identité du groupe.
Alors que la Tunisie connaît une grave crise financière, de nombreuses manifestations ont éclaté dans le pays pour contester la dérive autoritaire du chef de l'État et demander des mesures économiques rapides. Comment ce pays, qui a vu naître en 2011 une démocratie inédite dans la région, peut-il aujourd'hui se relever ? Que reste-t-il des espoirs du Printemps arabe ?
Guillaume Erner reçoit :
- Sophie Bessis, historienne, spécialiste de l'Afrique subsaharienne et du Maghreb
- Guy Sitbon, journaliste, écrivain et homme d'affaires, conseiller de la rédaction du magazine Marianne
- Ezzedine Saidane, économiste, expert financier pour DirectWay, ancien vice-président de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) et ancien directeur général de la filiale de l'Arab Banking Corp
#tunisie #politique #printempsarabe
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